Chapitre 27 - Partie 2

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Nous prîmes un taxi et Ach' poussa le chauffeur plus que les limitations de vitesse ne le permettait. Il se rongeait les sangs malgré son masque neutre qu'il savait si bien revêtir. Pour ma part, je n'avais aucune autre information sur le pourquoi Owen était chez les flics. Lorsque nous arrivâmes, Ach' paya la course et bondit hors du véhicule, aussi raide que la justice. Je lui emboitai le pas, les cheveux en vrac, mon manteau à peine boutonné.

— Bonsoir. Est-ce qu'un Owen Earl est bien là ?

En un rien de temps, Ach' était penché sur le comptoir d'accueil à questionner la policière assise là. Patiente, elle nous indiqua un de ses collègues plus loin et nous la remerciâmes avant de nous remettre en route. Le flic que nous abordâmes ensuite fut moins aimable. Surtout en nous voyant arriver à deux.

— Vous êtes là pour le type à la cigarette.

Pas besoin de répondre, à son ton, il ne devait pas se tromper. Ach' acquiesça tout de même et l'homme soupira avec tant de lassitude que j'avais envie de lui demander si on l'emmerdait. Mais je tins ma langue et suivis Ach' qui n'avait pas desserré les poings. J'aurais aimé faire quelque chose pour lui, mais un geste, même caché, de tendresse dans un lieu public me paralysait. Je fus choqué lorsque je vis la cellule dans laquelle ils avaient enfermé Owen. Comme un criminel...

Ach' suivit l'officier jusqu'à la porte. Je n'entendis rien de ce qui se dit et restai planté là. Owen était assis sur le banc de la cellule, tout vêtu de noir, fatigué, et surtout un beau cocard sous son œil gauche. Je le vis dire quelque chose, comme je vis Ach' parler. Mais aucun son ne me vint. Il était là, dans cette cellule de dégrisement, des flics de partout, comme un criminel. Comme un criminel... Je ne le vis pas passer la porte. Comme je ne vis pas Ach' allé régler la caution. Comme je ne vis pas le regard surpris d'Owen, une seconde, puis s'éteindre de nouveau pour laisser place à une colère sourde et enfouit. Je ne vis rien de tout ça. Juste cette porte ouverte et ces accusations criminelles.

— Jeune homme.

Je sursautai à la voix de la petite femme qui se tint devant moi. Elle pencha la tête, comme si le col trop serré de son uniforme n'était pas dérangeant.

— Ça va ? Vous voulez vous asseoir ou boire quelque chose ?

— Euh non. C'est bon.

— Vous êtes sûr ?

— Oui.

Ach' apparut à côté d'elle, Owen dans son dos.

— Il est avec nous. Merci.

— D'accord. Bonne soirée.

— Vous de même.

Je ne fis pas attention au chemin du retour, pas plus qu'à la façon dont on arriva à l'appartement. Je restai dans l'entrée, à fixer le dos d'Owen qui n'avait pas desserré les dents. Pas une explication. Et ce n'était pas faute d'Ach' d'essayer.

— J'aimerai savoir pourquoi ils t'avaient mis en cellule de dégrisement.

— Parce qu'ils ne savaient pas où me mettre.

— Ce n'est pas ma question.

Il délaissa son manteau tout en suivant Owen partit dans le couloir. Je ne les voyais plus, mais je les entendis.

— Qui t'a fait ça ?

Je crois qu'ils étaient dans la salle de bains.

Miracles In December (Le Droit de Nous Aimer)Where stories live. Discover now