Chapitre 21 - Partie 1

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Je soupirai en raccrochant, en partie soulagé.

Ma mère était une femme qui réfléchissait. Elle n'avait pas sauté aux conclusions, ni ne s'était emportée lorsque le doyen l'avait personnellement appelé. Pas besoin de préciser pour quoi. Elle l'avait religieusement écouté, un peu secouée par la rudesse de l'annonce et les mots forts du doyen. Evidemment, elle avait tout de suite compris de qui il parlait mais elle s'était bien abstenue d'en faire un commentaire. Pour mon plus grand soulagement.

Cependant, moi, elle ne m'avait pas loupé.

Elle m'avait appelé un peu avant les cours optionnels, alors que je n'avais dormi que quelques heures, pour me passer un savon dont seules les mères avaient le secret. Ça avait duré, et si au début j'avais voulu raccrocher, elle m'en avait dissuadé.

Je l'avais donc laissé faire, l'écoutant autant que possible, assis sur mon matelas à fixer le bordel que j'avais foutu. J'étais toujours en colère, à ne pas croire, mais la fatigue, dont je n'étais habituée, rongeait mes pensées et ma lucidité. Au final, ma mère n'était pas fâchée à proprement parlé par cette affaire, mais plutôt que je lui ai caché qu'Owen était mon professeur. Elle était très inquiète pour lui aussi, elle l'appréciait beaucoup.

Puis, inévitablement, elle m'avait interrogé sur Ach'.

J'avais éludé sa question quant à savoir s'il était étudiant comme moi ou non, mais je lui avais précisé qu'il n'avait rien avoir dans tout ça. Elle ne m'avait qu'à moitié cru mais n'avait pas insisté. Elle m'avait rapporté ce que le doyen lui avait dit, notamment les sanctions me concernant. Je fus presque dégoûté d'entendre que je n'allais pas être puni. Seulement une journée d'exclusion et une interdiction ferme d'avoir le moindre contact avec Owen.

En revanche, pour mon homme c'était différent. Il allait prendre bien plus que moi, tout ça parce qu'il était la personne « responsable » de cette situation. Je compris alors que mon discours, aussi appuyé qu'il l'avait été, était tombé dans l'oreille d'un sourd. Le doyen n'en avait rien eu à faire et c'était comme si je n'avais jamais exprimé ma version des faits devant lui.

J'avais perdu mon temps et mon énergie.

Ce constat me vida un peu plus et je laissai tomber mon téléphone à côté de moi. Comment allions-nous faire ? J'avais l'impression qu'il était impossible de réparer cette erreur, de colmater cette situation qui avait débordée. Je voyais mon monde s'effriter lentement sans parvenir à retenir l'eau qui entrait. Je me sentais désemparé et confus. Je n'avais aucune idée de ce que je pouvais faire, de ce qu'il y avait à faire – si tant est que quelque chose puisse être fait.

Je soupirai une énième fois quand on toqua à la porte. Je ne bougeai pas. Seul dans la chambre, Dan sortit, surement pour aller petit-déjeuner, j'ignorai la personne qui frappa une deuxième fois. C'était faible, presque timide.

La troisième fois, la porte s'ouvrit et je ne fis aucun geste pour m'enquérir de l'identité de mon visiteur. Dans le fond, j'avais une idée de qui il s'agissait. Et son petit bruit de stupeur, face à mon côté de chambre dévasté, me le confirma.

Lily ne fit pas de remarque. Elle s'approcha, évitant de marcher sur mes affaires, jusqu'à mon lit. Une main sur mon genou me fit sursauter. Mécaniquement, je posai mon regard sur mon amie et sa mine triste et inquiète me mit une claque.

C'était aussi pour ça que je n'avais pas envie de discuter maintenant avec elle. Parce que je savais qu'elle avait de l'empathie. Sans doute bien trop.

Je détournai le regard mais c'était mal connaître Lily.

Elle cessa de me toucher, et plutôt que de repartir, elle vint s'asseoir sur mon lit, juste à côté de moi. Elle était calme mais je pouvais, d'ici, entendre les rouages dans sa tête. Elle était pleine de questions et cela pouvait se comprendre. Je n'avais juste pas envie de parler maintenant de tout ça. Vraiment pas.

Miracles In December (Le Droit de Nous Aimer)Onde histórias criam vida. Descubra agora