Chapitre 6 - Partie 2

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Assis à ma place, Jessica à ma gauche, j'écoutai distraitement le cours. Je me forçai à ne pas trop fixer Rivereau, mais la chose était compliquée. Je le voyais, parfois, poser un œil sur moi avant de reporter son attention sur son bouquin.

Comme à son habitude, son cours était soutenu et Jessica suivait mal. Je soupirai en jetant un coup d'œil à ce qu'elle écrivait. J'avais tout intérêt à écouter correctement et mettre le nez dans les notes de Lily plus tard. Comment pouvait-elle être aide à la prise de notes en étant si nulle pour ça ? La secrétaire du bureau du handicap m'avait dit que c'était quelque chose de bénévole et que Jessica venait du département de physique. Elle n'avait sans doute pas l'habitude d'écrire autant de choses sans formule, et surtout, elle ne devait rien capter au cours, ce qui était gênant car elle ne pouvait pas comprendre l'essence même de ce qui nous était demandé ici. Rivereau était une difficulté supplémentaire qui n'était pas la raison principale de sa prise de notes médiocre.

Je croisai les bras et soupirai en silence. Mon regard dévia sur la fenêtre de laquelle je pouvais voir le temps maussade. Au moins, la météo était en diapason avec mon humeur. C'était presque réjouissant.

Le cours fut particulièrement long, et comme à son habitude, Rivereau dépassa de plusieurs minutes. Lorsqu'il annonça qu'il avait fini, tous furent soulagés et un bourdonnement s'éleva dans la pièce. La plupart des étudiants se dépêchèrent de partir, alors qu'à côté de moi, Jessica tenta une approche qui m'exaspéra encore plus qu'hier.

— Tu veux que je t'aide à porter tes...

— Regarde ça bien, l'interrompis-je en lui collant mes deux mains devant les yeux. Qu'est-ce que c'est ?

Elle sembla décontenancée, comme si elle craignait une question piège. Ce n'en était pas une loin de là. Ce n'était pas la réponse qu'elle devait crainte, mais bien mon humeur atroce.

— Euh... Tes mains ?

— Oui, exactement. Ce sont mes mains et j'en ai deux. Je n'ai pas besoin que tu portes quoi que ce soit pour moi. J'ai deux mains, et c'est suffisant.

— Mais tu es...

Mon regard noir la fit taire. Elle était sans doute une fille très gentille et intelligente dans son domaine, mais là, actuellement, elle m'exécrait.

J'attrapai mon sac de ma main valide, le jetai sur mon épaule et commençai à partir quand on m'arrêta. Tout mon corps se raidit à cette voix si reconnaissable.

Je ne me retournai pas, mais regardai tout de même par-dessus mon épaule.

— Vous voulez ?

— Vous parler, Monsieur Berett, répondit Rivereau en ignorant totalement mon ton sec et agacé.

— Vous m'excuserez, j'ai d'autres choses à faire qui ne peuvent pas attendre, Professeur.

Sans attendre de réponse, je partis. Parler avec Rivereau en tête à tête était la dernière chose que je voulais. La dernière chose à faire aussi.

Je traçai, n'attendant ni Lily, ni Dan. Ce dernier entra dans notre chambre quelques minutes après moi. J'étais prêt à partir à la douche quand il me bloqua le passage. Je plantai mes yeux sombres dans les siens de couleur chocolat, beaucoup plus chauds, beaucoup plus humains que les miens actuellement.

— Faut qu'on discute tous les deux.

— J'ai rien à te dire.

Je voulu le contourner mais il m'en empêcha.

— Oh si, justement. Je crois que tu as beaucoup à me dire.

— J'ai pas envie de causer, alors fous moi la paix.

Miracles In December (Le Droit de Nous Aimer)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant