Chapitre 26 - Partie 2

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J'oubliai les autres, ces vieilles personnes qui avaient l'air de complètement s'en foutre qu'Owen me tienne par la taille, que nos jambes se frôlent, que nos mains se joignent. J'oubliai même la vision ridicule d'Ach' qui tenait la position de meneur avec maladresse mais bien plus d'élégance que moi au bras de la professeure de danse. J'oubliai même les pas, et Owen me les rappela en approchant un peu trop son visage du mien.

— Ta main sur mon épaule. Tu ouvres ton pied droit et tu recules quand je le chasse.

— Quoi ?

Je n'avais rien de mieux à dire. J'entendis vaguement madame Clark compter à voix haute. J'aperçu les ombres de ces gens essayaient de bouger, de danser, comme on leur avait appris, avec plus ou moins d'adresse, plus ou moins d'exactitude.

— Rapproche-toi de moi et laisse-toi guider.

J'aurais pu mourir heureux en respirant son odeur, en sentant sa chaleur, en profitant de son toucher. J'aurais pu tuer pour ça, pour retrouver cette proximité qu'il me refusait, que je ne nous avais refusé. Mais là n'était pas le moment.

Je reculai lorsque son pied chassa le mien, tournai lorsque je sentis son bassin renverser le mien, et m'agrippai si fort à lui quand je pensais tomber qu'il en aurait sans doute des marques. J'étais raide, maladroit et désaccordé. Mais je le suivis. Je le laissai me guider dans cette valse que je ne pouvais dire de française ou d'anglaise, nous tourner, reculer, avancer, et nous serrer l'un contre l'autre.

Jusqu'à ce que je lui marche dessus.

Nous perdîmes l'équilibre et Owen nous rattrapa avant la chute. De quoi me faire rire. Un vrai fou rire que je ne pus arrêter.

— Soan, ça continue.

— Je suis désolé... Je n'arrive pas à m'arrêter.

Je continuai de rire en essayant de ne pas être trop bruyant et cessai d'un coup en sentant des bras se resserrer autour de moi. J'inspirai profondément, reprenant mon souffle que j'avais perdu, et abandonnai. Ma tête reposa contre son épaule et mon poing se referma sur sa chemise, dans son dos. Sa main passa dans mes cheveux et l'espace d'un instant, plus rien ne compta. La musique s'arrêta, et madame Clark frappa dans ses mains pour attirer notre attention et présenter son petit discours de fin de session.

À contre cœur, nous nous décollâmes pour reprendre des distances raisonnables. De quoi fouetter mon cœur qui battait si fort que j'en devins sourd et étourdis. Tant et si bien que je pouvais à peine dire combien de temps nous pris le trajet du retour, ni comment je me retrouvai plaquer contre la porte de l'appartement, un Ach' suspendu à mes lèvres, ses mains déjà en train de s'attaquer à ma chemise.

Je ne pus pas plus dire comment je terminai sur le canapé, sous le regard brûlant d'Ach' qui décida de prendre les commandes, pour le plus grand amusement d'Owen qui nous fixait. Et il nous fixa du début à la fin. Il ne nous lâcha pas un seul instant. Ni lorsque je suppliai Ach' de continuer, ni lorsque je l'implorai de venir nous retrouver. Chose qu'il fit, mais seulement avec Ach'. J'aurais pu en pleurer de désespoir, surtout lorsque nous le fîmes à trois. Je l'appelai, encore et encore, mais il ne me répondait pas. Ach' essayait de compenser, il m'embrassait, me cajolait, m'aimait autant qu'il le pouvait. Mais rien ne pouvait remplacer Owen.

*

La lumière du jour frappa mon visage et me réveilla. J'avais chaud et je me sentais moite. Je baissai la tête et compris pourquoi : Ach' dormait littéralement sur moi. Je laissai retomber ma tête contre l'accoudoir et glissai mes mains sur son dos nu. Ce dernier grommela dans son sommeil, m'arrachant un sourire amusé. Sauf que j'avais vraiment chaud en plus d'avoir besoin de me vider la vessie. Je me tortillai le plus doucement possible pour échapper aux griffes d'Ach' qui faillit se réveiller. Je l'installai mieux une fois sortie du canapé, remontai un plaid sur ses épaules, et le laissai se reposer. Si je n'avais pas autant envie d'aller uriner, je l'aurais regardé dormir plus longtemps. Je filai aux toilettes et une fois mon affaire faite, retournai vers le salon. La lumière dans la cuisine attira mon attention. J'y penchai la tête et découvris Owen adossé au plan de travail, une tasse fumante dans la main. Il sentit ma présence et nos regards se croisèrent.

Miracles In December (Le Droit de Nous Aimer)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant