Chapitre 20 - Partie 1

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— Par tous les saints ?! Mais que faites-vous ?

Je me détachai d'Owen dans un réflexe désespéré. Aucun mot ne parvint à sortir de ma bouche tant j'étais sidéré.

L'information, celle comme quoi Mitchell nous avez vu, arriva lentement dans mon cerveau. Ou peut-être, bien trop rapidement.

Il nous avez vu.

Il nous avait vu nous embrasser !

Lui, et pas quelqu'un d'autre !

Il avait tout vu.

— Monsieur Earl, reprit-il d'une voix montante et outrée, comment osez-vous ?

Mon cœur tambourinait furieusement dans ma poitrine. L'adrénaline brûla dans mes veines avec tant de violence que j'eue du mal à retrouver mon souffle. Mes jambes devinrent des appuis fébriles sur lesquels je sentais le sol vaciller. Comment cela était-il possible ? De toutes les personnes qui fréquentaient l'établissement, pourquoi était-ce Mitchell ? Pourquoi ?! N'y avait-il pas assez de portes et de salles pour qu'il en ouvre une autre ? N'était-ce pas assez grand pour qu'un homme tel que lui, et nous deux – nous trois – pussions « cohabiter » sans se heurter ? En ignorant l'existence de chacun ?

J'avais l'horrible impression de tomber. Que tout ce que je tenais venait de m'échapper. L'écho du choc, de ce monde qui se brise, vibra dans mes tempes. L'équilibre fragile de tout ça venait d'être rompu.

Je n'en revenais pas. J'y avais cru. J'avais cru que cela durerait, qu'il n'y avait de fin possible que le happy end. A l'instar des menteurs qui espéraient concrétiser leur mensonge avant qu'on ne le découvre, j'avais cru, avec toute la force de mon être, que je serais diplômé sans que jamais personne ne sache notre secret.

Ce secret qui n'avait tenu qu'à un baiser.

Un timing.

Une porte.

Une putain de porte.

Que je n'avais pas verrouillé.

— C'est un véritable scandale !

Je repris pied avec la réalité, agressé par sa voix qui s'époumonait devant nous alors qu'un froid glacial envahit mon corps.

— C'est une honte !!! Toucher à un élève ! A votre élève ! N'avez-vous aucune morale ?! Abuser de votre pouvoir sur lui ! Un élève ! Un garçon qui plus est !

De froid, mon sang passa à bouillant. Une lave incoercible qui s'épanchait sans que je ne puisse l'arrêter. Je n'en avais aucune envie. Ces mots me donnèrent une folle envie de répondre.

J'ouvris la bouche mais Owen, d'un signe de main, m'intima le silence.

— Détourner un élève par des agissements homosexuels ! Je savais que vous n'étiez pas quelqu'un de fiable, mais de là à impliquer un de vos élèves ! C'est honteux et révoltant ! Révoltant !!!

Il ne cachait en rien tout son dégoût, son méprit envers Owen, envers notre acte. Notre acte d'amour. Quelque chose qu'il ne pouvait comprendre, qu'il ne cherchait pas à comprendre. En fait, il ne voulait simplement pas le comprendre. Nous venions non seulement de blasphémer devant lui, mais nous venions surtout de lui donner une raison pour s'en prendre à Owen.

Derrière ses mots, derrière son expression de profond dégoût, il y avait cette lueur dans son regard. Ce quelque chose de satisfaisant qui me m'était hors de moi.

— Soyez assuré que le doyen sera mis au courant de votre déviance scandaleuse !!!

— Non ! m'exclamai-je brusquement.

Miracles In December (Le Droit de Nous Aimer)Where stories live. Discover now