Chapitre 5 - Partie 2

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— J'ai besoin d'une nouvelle robe.

— Encore ?

— Oui. Mais cette fois-ci, pour le bal de Noël.

Le bal se déroulait juste avant les vacances de Noël, pour que ceux qui retournaient dans leur famille puisse aussi en profiter. C'était une vieille tradition de l'université. Les bâtiments se transformaient, les pièces utilisées devenaient méconnaissables et tout le monde se mettait sur son trente et un, les profs y compris. De tous niveaux, des étudiants étaient réquisitionnés pour préparer les salles, les tables, les décorations. Le bal allait se tenir dans moins de trois semaines. Il était plus que temps de s'inquiéter de tout organiser.

Avec Lily et Dan, nous avions décidé ce week-end d'aider un peu. Une quinzaine de petites mains avaient été rassemblées pour tisser, tresser, attacher ou nouer les décorations qui serviront aux tables et aux sapins.

— Bon sang... J'y arrive pas. Comment tu fais toi ? T'es un mec et tu sais faire ce genre de truc ?

Ce « genre de truc » comme disait Dan n'était rien autre que recoudre proprement les nappes des bals passés.

— Oui. J'ai dû apprendre à coudre quand Amber a commencé à avoir des poupées. Ma mère n'avait pas le temps de s'occuper des vêtements de ses jouets, alors je le faisais.

— Sérieusement... C'est presque du gâchis que tu sois gay. Les filles doivent être dégoûtées.

— Pourquoi ?

— T'es intelligent, beau mec, et en plus tu sais coudre. Tu ne veux pas faire perpétuer tes gènes en ayant un ou deux gamins plus tard ?

J'haussai les épaules sans lâcher mon aiguille des yeux.

— Si je veux des enfants, je n'aurais qu'à adopter.

— Mais ils n'auront pas ton sang.

— Et alors ? Ils resteront mes enfants. S'il fallait absolument avoir le même sang pour être de la même famille, alors beaucoup d'enfants n'auraient jamais de famille. Tout comme, en partageant les mêmes gènes, certaines « familles » ne sont rien d'autres que des pourritures ou des prisons.

J'adorais Dan mais parfois je ne comprenais pas ses raisonnements. À ma droite, Lily déposa la décoration de noël, un ourson à accrocher, qu'elle venait de réparer et intervint :

— Je suis d'accord avec Soan. Ce n'est pas du gâchis qu'il ne soit pas hétéro. Il aime les hommes et un autre homme sera le plus heureux du monde à ses côtés. C'est bien mieux ça qu'une femme qu'il n'aimera jamais sincèrement et qui en souffrira peut-être. Tout comme lui.

— Merci.

Je lui souris et posai ma tête sur son épaule sans cesser la broderie que j'essayais de réparer. Dan soupira avant de s'étaler sur la table de travail.

— Ouais... Je comprends ce que vous dites. Mais ça n'empêche pas que pas mal de filles doivent être déçu.

— C'est mieux qu'elles soient déçues que blessées, ajouta mon amie.

J'étais d'accord avec elle. Et puis ce n'était pas si extraordinaire que ça que je sache coudre. Je savais faire les choses de bases. Ce n'était pas du haut vol mais c'était suffisant.

— Tiens, dis-je à l'attention de mon meilleur ami.

— Hein ? Tu veux que je couse ? Je sais pas faire ça moi.

— Je vais te montrer. T'inquiète, c'est pas dur.

— Mais c'est un truc de fille !

Je lui fis les gros yeux. Il soupira et attrapa le morceau de nappe et l'aiguille que je lui tendais. Je quittai Lily, fis le tour de la table, et me plaçai à côté de lui pour lui expliquer comment faire. Les débuts furent laborieux. Il avait deux mains gauches et manquait de confiance en lui. Ses gros doigts avaient du mal à tenir l'aiguille et il serrait trop fort le fil qu'il cassait trop souvent.

Miracles In December (Le Droit de Nous Aimer)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant