Chapitre 20 - Partie 2

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Toc, toc, toc.

Je fus interrompu par quelqu'un à la porte. Cette dernière s'ouvrit sur la principale adjointe visiblement tombée du lit. Elle écarquilla les yeux face au désordre que j'avais mis dans ma partie de chambre mais s'abstenu de tout commentaire. Elle nous jaugea, Dan et moi, sans doute pour essayer de savoir si c'était dû à une bagarre, ou à ma propre folie. Ses yeux reflétaient ce dont j'avais du faire face quand j'étais plus jeune : du dégoût. Mais celui s'accompagnait d'une lueur piteuse. De quoi me faire bouillir de rage.

— Soan Berett, le doyen vous demande. C'est urgent.

J'échangeai une œillade avec Dan. Il attrapa mon portable, et l'air de rien, retourna sur son lit pour faire comme s'il s'agissait du sien, l'ouvrant pour pianoter dessus. La principale adjointe l'ignora, et avec une poussée plus suicidaire qu'autre chose, je lui emboitai le pas.

Le trajet se fit silencieux. Je savais très bien pourquoi on était venu me chercher, peu de temps après l'incident. Ils souhaitaient apparemment traiter ça à chaud. Ce n'était pas une bonne idée. Pas pour eux en tout cas. Ou peut-être ne l'était-ce pas pour moi non plus.

Arrivé devant le bureau du doyen, l'adjointe toqua et sa voix éraillée nous répondit. Nous entrâmes et je vis, plus loin, monsieur Mitchell qui me regarda droit dans les yeux. Je ne détournai pas le regard, l'affrontant sans faillir. Cela lui fit plisser les yeux et j'en profitai pour observer la pièce.

Pas la moindre trace d'Owen.

Sans doute était-il passé avant, ou alors, serait-ce son tour après moi. Il était inévitable, dans la situation actuelle, que nous échappions à un tête à tête avec le doyen.

Je pris place sur la chaise qu'on m'indiqua et la principale adjointe quitta la pièce. Mitchell lui, resta.

— Monsieur Soan Berett. Vous vous doutez pourquoi vous êtes ici ?

Je ne bronchai pas et me forçai à la patience. Ses traits étaient tirés. Il semblait fatigué. Je ne doutais pas qu'il avait été tiré d'une soirée qu'il avait pensé tranquille, d'un début de week-end calme et banal.

— Ce soir, répondis-je seulement.

— Oui, ce soir. Il semblerait qu'un de vos enseignants ait été déviant à votre encontre.

— Il n'a pas été déviant.

Ma voix, forte et ferme, le fit ciller. J'ignorai Mitchell, et le doyen reprit d'une voix mi agacée, mi contenue. Comme s'il avait déjà évacué une partie du trop plein de cette nouvelle.

— Monsieur Mitchell, ici présent, l'a bien vu se conduire de manière déviante.

Ce vautour... Je m'abstenais bien de dire ce que j'en pensais. J'avais le bout des doigts qui me dérangeait, une envie fulgurante de lui faire comprendre la rage qui m'animait et que je gardais, difficilement, en moi. Si j'étais un livre ouvert aux yeux de mes hommes, ces deux là semblaient aveugles.

Je persistai à ne pas regarder Mitchell. Fixe sur le doyen, je gardai le dos droit, la voix sans tremblement et ajoutai :

— Il a vu ce qu'il a voulu voir.

— Comment ça ?

— Sans manquer de respect envers mon enseignant, il a interprété à tord le peu de choses qu'il a pu voir.

— J'en ai bien assez vu pour dire qu'il n'y a rien de normal à ce que Monsieur Earl embrasse un de ses élèves.

Cette fois, je le fusillai du regard. Ce n'était pas lui que le doyen interrogeait. Qu'il se taise donc. Le vieil homme ne sembla pas s'en formaliser et continua :

Miracles In December (Le Droit de Nous Aimer)Where stories live. Discover now