Chapitre 6 - Partie 1

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Je soupirai lorsqu'il se leva pour aller au comptoir commander à boire. Je me laissai tomber dans mon siège, à la fois soulagé et éreinté.

Je n'y arriverais jamais. Je ne pourrais pas tenir ma langue encore bien longtemps. Pas après ce que cette rumeur disait. C'était impossible. Surtout quand Owen me souriait si naturellement. Encore plus lorsqu'il m'embrassait à pleine bouche.

Cela ne faisait qu'une semaine. Une petite semaine. Une longue semaine. Tout dépendait des points de vue. Pour certain, tout allait trop vite. Pour d'autres, ce n'était pas trop. Je ne leur demandais pas leur avis. Je m'en fichais. J'avais Owen pour moi et c'était ce qui comptait. Du moins je le croyais.

Lorsqu'il revint avec une pinte et une demie pinte, je me forçai à sourire. Je le remerciai en prenant la mienne que je portai à mes lèvres. Je bus quelques gorgées et la reposai en gardant ce masque si difficile à tenir. Je le sentais se fissurer contre mon gré, s'effriter à chaque seconde qui me parurent aussi lourde qu'une tonne chacune. Je n'avais pas envie que tout s'effondre. Je n'avais pas envie de le voir m'échapper. Je n'avais pas envie que tout cela se finisse aussi rapidement que ça avait commencé. Je ne voulais pas que ce soit comme dans un rêve. Je refusais que ce le soit. Doux mais éphémère.

Y penser était insupportable.

Mais faire semblant n'était pas moins douloureux.

Comme si de rien n'était, je me mis à parler de tout et de rien. Owen m'écoutait avec un léger sourire aux lèvres, aux anges. Le voir ainsi était encore plus difficile. Avait-il eu vent de cette rumeur ? Qu'en pensait-il ? Était-ce vrai ? Certainement pas, sinon il ne sortirait pas ainsi avec moi. Jamais il ne m'aurait embrassé comme ça si la rumeur était vraie. C'était inconcevable.

— Quelque chose ne va pas ?

— Quoi ? Non. Pourquoi ça n'irait pas ?

Je m'accoudai à la table le plus naturellement du monde, observant ses yeux qui ne cessaient de me fasciner. Il me fixa en retour et je me fis violence pour ne pas détourner mon regard. Pouvait-il lire dans mes yeux tous les doutes, les craintes, qui naissaient petit à petit ? Pouvait-il comprendre la peur et la déception qui ne demandaient qu'à me dévorer de l'intérieur ? Pouvait-il entendre le cri muet de ma rage, de cette colère, contre moi-même de porter crédit à ces « on dit », mais aussi contre lui d'avoir laissé sous-entendre une telle chose ? Pouvait-il sonder jusqu'au plus profond de moi pour y découvrir mes démons, mais aussi, tous mes espoirs et désespoirs ?

— Quelque chose te tracasse.

— Je ne vois pas de quoi tu parles, niai-je sans réfléchir.

— Tu n'as pas râlé pour la demie pinte.

— Tu me l'offre, je ne vais pas cracher dessus.

— Peut-être, mais je suis pourtant convaincu que si tout allait bien, comme tu l'affirmes, tu aurais réclamé la pinte entière.

Ce n'était pas faux. Il marquait un point.

— Et puis tu es distrait. Tu regardes souvent autour de toi alors que je t'ai déjà emmené ici deux fois. Et le pire, c'est le soulagement dont tu fais preuve lorsque je m'éloigne de toi.

Je me raidis d'un coup.

— Si j'ai fait quelque chose qui te déplait, dis le moi. Je ne m'en vexerais pas. Je suis peut-être plus âgé que toi, mais je reste humain, je fais des erreurs.

Des erreurs aussi grosses que de sortir avec moi alors que tu as déjà Rivereau ? Ces mots faillirent sortir de ma bouche, mais je me mordis la langue avant de faire cette bêtise.

Miracles In December (Le Droit de Nous Aimer)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora