III - On ne va pas être le traiteur de cet homme

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Léna

Bon sang, pourquoi le réveil sonne si fort ce matin ? La nuit a une nouvelle fois été trop courte. Mes cauchemars reviennent trop souvent ces derniers temps. Ils m'avaient laissé tranquille durant de nombreuses années, mais depuis quelques mois, ils s'immiscent à nouveau dans ma tête. Du coup, mes nuits sont loin d'être reposantes, et ce matin le réveil me le rappelle lâchement. Je finis par arrêter cet appareil qui me vrille les oreilles. Je repose ma tête sur l'oreiller et me dis que quelques minutes supplémentaires me feraient le plus grand bien.

— Léna, lève-toi ! On a du boulot ce matin.

Mais ça, c'était sans compter sur Irina, ma colocataire, et accessoirement cousine également, qui est toujours debout à peine son réveil allumé. Mais comment fait-elle ?

— Léna ! Debout ou je viens te réveiller avec un seau d'eau !

— J'ARRIVE !

Bon, plus le choix, il faut que je me lève, puisque je sais qu'elle est capable de me balancer le seau d'eau, et ce ne sera pas de l'eau chaude la connaissant. Je finis par m'extraire de mon lit et me préparer avant de la retrouver dans la cuisine.

— Eh bien, voilà, tu es prête pour une nouvelle journée ! me dit-elle avec un grand sourire.

— Comment fais-tu pour être de si bonne humeur dès le matin ?

— C'est naturel chez moi, tu devrais le savoir depuis le temps.

C'est vrai, cela fait maintenant vingt ans que je partage sa vie et elle a toujours eu le sourire dès qu'elle ouvrait les yeux. Moi, il me faut au moins une cafetière entière pour commencer à avoir les yeux bien ouverts, et pour la bonne humeur il faut attendre la fin de matinée, et encore.

— Bon alors, quel est le programme aujourd'hui ? lui demandé-je en attrapant la tasse de nectar noir qu'elle me tend.

— Nous devons faire le point avant d'aller faire les courses pour la soirée chez les Marinov. Ensuite, nous avons l'après-midi pour préparer le repas.

— Ok, mais c'était vraiment obligé de nous réveiller si tôt ? J'ai vraiment eu une nuit pourrie.

— Tes cauchemars reviennent ? me demande-t-elle doucement.

— Oui, soufflé-je en posant ma tasse sur le comptoir. Ils sont réapparus depuis quelques mois déjà. Mais cette nuit, c'était vraiment dur.

— Tu devrais peut-être retourner voir le psy qui t'avait suivi ?

— Non, je suis certaine que c'est juste l'histoire de quelques jours encore et qu'ils disparaîtront comme ils sont venus. Allez, dis-je en me levant, puisque nous sommes debout, autant aller bosser !

Nous débarrassons le comptoir et descendons dans notre boutique de traiteur qui se trouve en bas de notre logement. Voilà un point positif, cette proximité me permet de gagner du temps sur mon temps de sommeil, en n'ayant pas de temps de transport.

Nous passons la matinée à faire la liste de tout ce dont nous avons besoin pour la soirée, puis à faire les courses au marché. De retour à la boutique, nous nous installons derrière le comptoir afin de manger un morceau. A peine commençons-nous à savourer notre plat, que nous entendons quelqu'un frapper à la porte.

— Nous sommes fermés aujourd'hui. Nous rouvrirons demain, crie Irina.

— Les filles, c'est moi Marina, j'ai besoin de vous parler.

Irina se lève avant moi, pour aller ouvrir à notre amie.

— Marina, quel plaisir de te revoir ! Allez, entre on va déjeuner ensemble, dit Irina en montrant un tabouret de libre.

Killer's eyesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant