IX - Séduire une femme sans pouvoir la charmer

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Alexander

Merde ! Que s'est-il passé ? A peine avais-je commencé à parler, qu'elle s'est figée. Elle semblait déjà effrayée de me voir arriver vers elles. Mais lorsque les premiers mots sont sortis, j'ai bien vu son corps se tendre. Elle n'a même pas dit un mot. Sa cousine s'est excusée et a essayé de la rattraper, mais en vain.

— Alex, que s'est-il passé ? me demande Nikolaï qui vient de me rejoindre.

— Je ne sais pas, Niko.

— Je t'avais dit d'y aller doucement.

— Je lui ai juste dit que j'étais enchanté de la revoir et que c'était une belle femme. Je ne pensais pas la faire fuir juste en disant cela. D'habitude, les femmes tombent plutôt dans mes bras pour moins que ça, dis-je en me passant la main sur la nuque.

— Mais elle est une victime qui a subi un traumatisme lorsqu'elle était enfant. Si ça se trouve, quelque chose l'a ramené vingt ans en arrière et l'a replongée dans l'horreur de ce qu'elle a vécu.

— Je t'assure que ce n'était pas mon souhait.

— J'imagine, mais en attendant, il faudrait la retrouver.

— Oui, allons voir dehors, il me semble l'avoir vu partir par-là.

Nikolaï me suit vers les jardins, après avoir attrapé nos manteaux. La neige tombe à nouveau. On file dans les allées sans la trouver. Putain, elle n'a pu partir si loin ! On s'enfonce de plus en plus dans les jardins, jusqu'à se rapprocher près d'un bosquet. Niko m'arrête et me demande de me taire. D'un signe, il me montre le banc sur lequel elle est installée en position de yoga. Elle n'a pas de manteau. Les yeux fermés, elle semble ne plus voir, n'y ressentir ce qu'il se passe autour d'elle. La neige se dépose sur elle, comme si elle faisait partie de la nature, dont une fine couche de poudreuse la recouvre.

— Donne-moi ton manteau et ne bouge pas, Alex, dit doucement Anton en tendant sa main vers moi.

— Mais...

— S'il te plaît, m'interrompt-il, fais ce que je te dis pour une fois. Reste en retrait, elle ne doit pas te voir.

J'enlève mon manteau et le lui donne. Je m'écarte un peu, afin qu'elle ne puisse pas me voir si elle rouvrait les yeux.

***

Léna

Je me sens bien, sereine. Je retrouve la paix intérieure, et le calme des jardins m'apaise. Le silence est tellement agréable. Tout à coup, j'entends des pas s'approcher doucement de moi. J'ouvre les yeux et vois un homme avec un manteau dans les mains venir vers moi.

— Bonjour mademoiselle. Je m'appelle Nikolaï, je suis un ami d'Anton. Tenez, prenez ce manteau sinon vous allez avoir froid, me dit-il en tendant ledit manteau.

Je tends la main pour le prendre et le passer sur moi. Je ne sais pas à qui il est, mais ce qui est sûr, c'est que c'est celui d'un homme. Le parfum est tellement agréable, un parfum viril, musqué.

— Merci. Pourquoi êtes-vous ici ?

— Je vous ai vu partir rapidement et je me suis inquiété, dit-il en s'asseyant sur le banc.

— Vous vous inquiétez de toutes les personnes qui partent rapidement d'une fête ?

— Non, mais en voyant votre visage, j'ai eu l'impression que vous étiez effrayé.

— Pas du tout, j'avais juste besoin de prendre l'air.

— Sans même penser à prendre un manteau alors qu'il neige ? Je travaille dans la police, dit-il doucement, je suis donc habitué à voir la peur dans le regard des gens. Et c'est ce que j'ai vu dans vos yeux.

Killer's eyesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant