XVIII - Un pari qu'elle a fait avec ta sœur

1.6K 126 70
                                    

Léna

La fin de semaine est passée assez rapidement et nous voici dimanche, jour de mon exil loin de ma cousine. Assise sur mon lit, je regarde les vêtements que j'ai choisi de prendre pour aller chez Alexander. A mes pieds, les deux valises que je vais emmener, plus ou moins remplies de fringues et de chaussures. Je ne sais même pas combien de temps je vais m'absenter. Quelques jours ? Quelques semaines ? J'espère pas plus, je ne le supporterais pas.

Demain, j'ai rendez-vous avec Nikolaï dans un poste de police dont il connaît le commandant. Je vais déposer plainte contre X même si le meurtre a eu lieu il y a vingt ans. Nikolaï m'a suggéré de dire que des souvenirs me sont revenus récemment. Alex doit aussi nous accompagner pour confirmer que je vis bien chez lui. Je n'arrive toujours pas à m'y faire, d'ailleurs.

Je reprends mon tri de vêtements, me disant que si j'ai besoin de quelque chose, je pourrais toujours venir le chercher, ou encore demander à Irina de m'amener ce qui me manque. Je me lève pour prendre quelques bouquins et mon ordinateur portable, que je glisse dans une des valises. Je termine de les boucler en mettant ma trousse de toilette quand deux petits coups frappent à ma porte.

— Entre, Irina.

— Je ne te dérange pas ? ose-t-elle demander en passant la tête dans l'entrebâillement.

— Viens-là au lieu de dire des conneries.

Elle avance, les mains derrière son dos.

— Qu'est-ce que tu caches dans ton dos ?

— Juste un petit cadeau, pour que tu penses à moi, quand tu seras chez le beau gosse.

— Irina, je ne pars pas au fond d'une grotte sans réseau, ni moyen de communication ! On pourra s'appeler aussi souvent qu'on le souhaite et tu pourras aussi venir me voir.

— Ce que je note, c'est que tu n'as pas démenti que tu allais chez un beau gosse.

— Je préfère éviter le sujet si tu veux bien. Alors que caches-tu derrière toi ?

Elle s'assoit à mes côtés et me tend une boîte dans laquelle je pourrais glisser une paire de bottes.

— C'est pour les jours où tu n'auras pas le moral. J'y ai mis tout ce que tu aimes : chocolat, bonbons, biscuits et des petits mots de réconfort. Comme ça tu penseras un peu à moi.

— Oh ! Irina ! Tu es la meilleure cousine au monde !

Je pose la boîte sur le lit et la prends dans mes bras. Nous n'avons jamais été séparées depuis que je suis arrivée chez eux. Savoir que je vais passer les prochains jours sans pouvoir la voir, me fait mal. Mais j'ai besoin d'avancer et pour cela, je dois faire tomber cet homme qui a brisé ma vie. Et tant d'autres.

— J'espère qu'ils pourront le coincer rapidement, murmure Irina contre moi. Je n'ai pas envie d'être loin de toi trop longtemps.

— Je suis certaine qu'Alexander accepterait que tu viennes me voir de temps en temps.

Irina desserre son étreinte et me regarde droit dans les yeux.

— Le but est de te cacher de son père. Je doute qu'avoir trop de visite chez lui soit une bonne chose.

— Je m'en veux de te laisser ici toute seule. Devoir gérer la boutique, alors qu'on commence à avoir plus de clients. Je peux encore revenir sur ma décision...

— Non ! Léna, je vis avec toi depuis vingt ans. Je vois tes nuits perturbées depuis tout ce temps. Tu as le droit de vivre enfin une vie calme et sereine. Il faut qu'il paye et que tu sois enfin libérée de toute cette histoire.

Killer's eyesWhere stories live. Discover now