XVI - Il faut que je réfléchisse

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Alexander

Léna et moi avons crié en même temps.

— Non, mais ça va pas ! s'exclame Léna. Je ne vais pas aller vivre chez lui !

— Je suis d'accord avec Léna, grogné-je. Je ne peux pas l'accueillir chez moi.

— C'est pourtant la meilleure solution, reprend Anton. Ta maison est la mieux sécurisée. Comme tu l'as fait remarquer, si elle veut agir, elle ne pourra plus vivre chez elle. Tu ne voudras pas qu'elle vienne vivre ici, pour ne pas mettre en danger Marina. Ni chez Niko, pour les mêmes raisons envers Nicky et Pietro. Il ne reste donc que chez toi... Alex.

— Je peux aussi aller me planquer dans un hôtel, s'il le faut, le temps de le capturer.

— Tu veux vivre les dix prochaines années à l'hôtel ? ironisé-je.

— Anton a raison, Léna, tu dois aller vivre chez Alex, le temps que la police arrête... notre père.

— Le souci, c'est que le meurtre a eu lieu il y a vingt ans, continue Niko. Et même si l'enquête n'a jamais été clôturée, cela ne signifie pas que nous pourrons inculper le meurtrier. Le délai de prescription est passé.

— Ce qui veut dire qu'il ne pourra jamais être accusé ? proteste Léna. Alors, il sort vainqueur de tout ça...

Elle se laisse tomber sur un fauteuil. Tous ses espoirs de voir le meurtrier derrière les barreaux viennent de s'envoler.

— Pas si nous arrivons à le faire tomber pour ces autres crimes, glissé-je.

Je viens m'accroupir devant elle et poser mes mains sur les siennes. Elle relève la tête pour plonger dans mes yeux. Je me perds dans ses billes grises qui semblent me sonder. J'aimerais tellement la rassurer sur l'avenir, lui dire que tout ira bien, mais malheureusement, je ne peux que rester à ses côtés pour essayer de la protéger. Finalement, Anton a peut-être vu juste.

— Mais je n'ai rien qui puisse le faire plonger, je n'ai pas les livres de comptes que mon père avait récupéré.

— Mais ça, il ne le sait pas. On peut lui faire croire que tu les détiens...

— Alex ! Tu ne peux pas te servir de Léna comme appât ! s'insurge Niko. Tu la mettrais encore plus en danger.

— Sauf si elle vient vivre chez moi, dis-je en me relevant. Anton l'a dit, ma maison est ultra sécurisée, avec des mecs qui sont sur place pour la surveiller à chaque seconde. C'est la meilleure option.

Ils sont tous surpris que je revienne sur ce choix, que je rejetais il y a encore quelques instants. Mais je dois me rendre à l'évidence. Si je veux protéger Léna, mais également ma sœur, il doit tomber, une bonne fois pour toute. Depuis que nous avons quitté notre père, je n'ai jamais montré mes faiblesses à Marina. Elle devait pouvoir compter sur moi, ainsi que notre mère. Mais ce soir ma carapace s'est ébréchée. Et quand Léna nous a raconté ce qu'elle a vécu j'ai cru que mon cœur allait se déchirer.

Comment une petite fille de cinq ans a-t-elle pu survivre à cette horreur ? La force de caractère qu'elle a, est depuis toujours en elle. Elle a vu ses parents se faire tuer et a réussi à ne pas crier ni pleurer pour ne pas faire de bruit, tout ça pendant que mon père faisait son sale boulot. Elle l'a vu de si près qu'elle a pu distinguer une partie de son tatouage. Mais malgré tout elle a réussi à se construire et à devenir la femme qu'elle est aujourd'hui. Alors elle doit pouvoir compter aussi sur moi pour enfin vivre sa vie de femme. Celle qu'elle mérite peut-être plus que nous tous ici réunis.

— Est-ce que quelqu'un ici, se soucie de ce que j'en pense ? demande Léna qui s'est également levée. Il est hors de question que je vienne vivre chez toi ! C'est à peine si on se connait.

Killer's eyesWhere stories live. Discover now