XXXVI - Dis-moi qu'elle est vivante ?

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Alexander

J'ouvre les yeux et regarde l'heure sur mon téléphone. A peine cinq heures. Encore une nuit trop courte, mais sans elle, je n'arrive plus à dormir. Ce lit est trop grand et trop froid sans Léna. Arriverais-je un jour à me dire qu'elle ne viendra plus jamais s'y allonger ? Non, je n'ai pas envie d'envisager cette option. Elle doit revenir. Mais plus le temps passe et plus je commence à perdre espoir. Les premiers jours ont été difficiles. Il m'a fallu presque une semaine avant d'avoir le courage de retourner au bureau. Mark a assuré, pendant que je faisais ce que je pouvais depuis chez moi.

Irina, elle, a été plus forte que moi. Le lendemain de la proposition d' Anton, elle était avec lui dans sa cuisine. Je crois qu'elle avait surtout besoin de penser à autre chose. Mais pour ma part, même en essayant de travailler, Léna hante mon esprit. Je ne peux pas m'empêcher d'imaginer ce qu'elle peut vivre. Et il n'y a rien de joyeux dans les images qui me viennent en tête. Surtout quand je vois ce qu'a vécu Irina en seulement quatre jours. Alors dans quel état doit être Léna, après presque trois mois entre leurs mains ?

Je sors de mon lit, enfile une tenue de sport, avant de descendre dans ma salle. J'y passe deux heures chaque matin avant d'aller au boulot et encore deux heures le soir, pour tenter de me fatiguer. Mais ça ne marche pas. J'attrape mon téléphone et mes écouteurs, enclenche une playlist que j'ai trouvée dans le téléphone de Léna, et rejoint mon tapis de course.

— Tu as encore passé deux heures à courir ? m'interroge Irina.

— Oui, j'en ai besoin pour ne pas penser.

— Et ça marche ? me nargue-t-elle.

Trois mois qu'elle vit ici, autant dire qu'elle commence à me connaître. Une semaine après son retour, nous sommes allées ensemble à son appartement pour récupérer ce dont elle avait besoin. J'ai ensuite fait intervenir une société de ménage pour remettre en état leur logement et la boutique. Je ne sais pas si un jour elle se sentira prête à rouvrir, mais je crois que sans sa cousine elle ne l'imagine même pas.

— Non, mais c'est toujours mieux que d'essayer d'oublier avec la boisson. De ton côté, tu passes combien de temps à nager ?

— Ok, tu as gagné, abdique-t-elle en souriant.

— Tu veux que je te dépose au restaurant, ce matin ?

— Non, je vais passer voir Marina avant d'y aller.

Je ferme les yeux quelques secondes pour me reprendre. Marina reste un sujet sensible pour moi. Le kidnapping d'Irina, suivi par celui de Léna, l'a anéanti. Elle replonge lentement dans la dépression. Même l'amour d'Anton n'arrive pas à la ramener vers nous. Ma mère passe ses journées auprès d'elle, et Irina essaye d'y aller dès qu'elle peut aussi. Moi... j'y vais le week-end. Je sais que c'est égoïste, mais si j'y vais plus souvent, je risque aussi de déprimer.

— Comment va-t-elle ?

— Pas mieux, malheureusement. Elle ne veut même plus entendre parler de son mariage.

— Anton ne m'en a pas parlé.

— Il garde beaucoup de choses pour lui, mais il comprend Marina. Elle n'envisage pas de se marier sans nous deux.

— Normal, vous êtes ses meilleures amies.

— Niko n'a toujours rien, j'imagine.

— Non. Les équipes fouillent partout, mais le pays est grand. Ils reçoivent beaucoup de coups de fil, mais faire le tri est long.

— Alex ?

Je lève les yeux pour l'observer et l'encourager à continuer du regard.

— Crois-tu vraiment qu'il y a encore une chance de la retrouver ?

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