XXXII - Je ne lui ai même pas dit...

1.4K 118 66
                                    

Alexander

Assis dans le canapé de mon salon, je relis une nouvelle fois la lettre de Léna. J'en connais chaque mot, pour l'avoir lu sans cesse depuis que j'ai appelé Niko. Il m'a dit qu'il arrivait dès qu'il le pouvait, mais attendre m'est devenu insupportable. Je prends mon verre de vodka, que j'avale d'une traite, avant de m'en resservir un nouveau. Au moment de l'amener à mes lèvres, la sonnette de la maison retentit. Je pose mon verre et me lève pour aller ouvrir à mon ami.

— Salut Alex, je suis venu dès que j'ai pu. Bon sang ! Que se passe-t-il ?

Aux yeux effarés qu'il fait, ma tête ne doit pas être belle à voir. Il faut dire que mes larmes ont cessé il y a peu et que je les ai remplacées par la vodka.

— Tu m'expliques ?

— Entrons à l'intérieur, on sera mieux pour parler.

Il me suit et vient s'installer en face de moi quand je m'installe dans le canapé. Je lui tends un verre qu'il refuse. Moi, je vide à nouveau le mien.

— Alex ! Où est Léna ?

Dans le vif du sujet, on ne le change pas. Alors je lui donne la lettre ainsi que le téléphone de ma belle. Je m'installe contre le dossier du canapé, le laissant lire les dernières nouvelles. Et à voir son visage s'assombrir, elles ne lui plaisent pas plus qu'à moi.

— Bordel ! Il est presque dix-neuf heures ! Cela fait donc quatre heures qu'elle est partie se mettre dans la gueule du loup !

— Tu es plutôt doué en maths, ironisé-je.

Niko se lève et attrape mon verre, qu'il place, avec la bouteille, loin de moi. Il semble un peu énervé. Moi, j'ai passé ce stade.

— Que veux-tu que je te dise de plus ? Elle est partie sauver sa cousine parce qu'on est incapable de le faire depuis sa disparition. Et tu veux savoir ? Je ne lui en veux même pas.

— Putain Alex, tu sais qu'il ne relâchera peut-être pas Irina, même si Léna a la clé sur elle.

— Je le sais bien, mais pour le moment je respecte ce qu'elle m'a demandé. Je lui laisse une chance de sauver Irina. Mais si demain matin nous n'avons pas de nouvelles, tu fais le nécessaire avec la clé.

— Et en attendant, tu te bourres la gueule à la vodka ? C'est comme ça que tu comptes passer la nuit ?

— Que veux-tu que je fasse d'autre ? Je ne pourrais pas fermer l'œil de la nuit de toute façon.

— Et tu crois que je vais te laisser passer la nuit à picoler ? Il va falloir que nous cherchions des lieux où il pourrait garder Irina et Léna. Il ne doit pas l'avoir emmenée à l'autre bout du pays. Alors tu stoppe la vodka, et tu vas chercher avec moi.

— Je ne lui ai même pas dit, soufflé-je en passant mes mains sur mon visage.

— Dis quoi ?

— Que je l'aimais...

Niko se lève et vient s'asseoir à mes côtés afin de me prendre dans ses bras. Putain, j'ai tellement mal de me dire que je ne la reverrais peut-être jamais ! Moi qui pensais avoir pleuré pour des mois, les larmes reviennent une nouvelle fois, humidifier mes joues.

— On va les retrouver toutes les deux, Alex, je te le promets. Même si ça doit nous prendre des semaines, elle reviendra auprès de toi.

— J'aimerais te croire, mais on parle de mon père. La clémence ne fait pas partie de son vocabulaire.

Il reprend la lettre entre ses mains et la relit une nouvelle fois.

— Elle a toujours eu les documents avec elle, mais ne s'en est jamais servi. Elle n'a semble-t-il jamais cherché à savoir de quoi il s'agissait.

Killer's eyesWhere stories live. Discover now