XXXV - Il vous déteste, lui aussi.

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Léna

J'ai arrêté de compter les jours, après la deuxième semaine avec eux. A quoi bon continuer puisque ma captivité sera sans fin. Les premiers temps, nous avons changé de planque tous les deux jours. Il s'agissait à chaque fois de petites cabanes perdues au milieu de nulle part dans l'immense forêt du pays. Il n'y a que Dimitri qui s'aventure quelques fois dans les villes, pour faire les courses. Moi, je restais sous la surveillance de Sasha, pendant qu'Anatoli passait beaucoup de temps au téléphone. Il ne m'a toujours pas expliqué la raison pour laquelle il me garde avec lui. Pourquoi me garder, alors que, même s'il se décidait à me relâcher, je serais incapable de dire où ils se trouvent ?

Cela fait désormais trois jours que nous sommes dans cette maison perdue au milieu de nulle part. Nous ne sommes plus au milieu de la forêt, mais celle-ci reste proche. Nous avons tellement tourné ces derniers jours, que je n'ai aucune idée de la distance qui nous sépare de Moscou, ni même de la direction vers laquelle nous sommes. Nous pourrions être proches de la Finlande comme du Kazakhstan sans que je le sache. Alors comment pourront-ils me retrouver ?

Assise sur le matelas de la chambre que j'occupe, je lis le bouquin qu'ils ont bien voulu m'acheter. J'essaye de penser le moins souvent possible à Irina, nos amis... et surtout à Alex. Les souvenirs de nos moments ensemble me permettent de tenir, de ne pas sombrer complètement dans la folie, mais je ne sais pas combien de temps ça va durer. Il me manque cruellement. J'observe pas la fenêtre les trois hommes qui partagent désormais mon existence. Il semblerait qu'Anatoli doit aller quelque part, puisqu'il monte dans la voiture en compagnie de Sasha, après avoir été assez directif avec Dimitri. Y-aurait-il un problème ? La voiture part sur le chemin de terre dans un nuage de poussière. Monsieur porte de prison attend quelques instants avant de se tourner vers la maison, un sourire démoniaque aux lèvres.

Mon dieu ! Je n'ai jamais été seule avec lui depuis le début de ma captivité. Il y a toujours eu dans la pièce un des deux autres hommes en notre présence. Mais cette fois, nous ne sommes que tous les deux, loin de toute civilisation. Je me recroqueville contre le mur espérant disparaître. Je repense aux paroles d'Anatoli, au début de ma séquestration. Cet homme sort de taule et n'a pas vu de femme depuis cinq ans. A l'exception d'Irina, pour qui je n'ai pas réussi à savoir si le pire lui avait été infligé. J'entends la porte de la maison s'ouvrir, puis les pas s'approcher de la chambre. Je tremble et commence à pleurer. Parce que j'ai déjà vu son regard plus d'une fois sur moi. Je sais ce qu'il espère depuis le premier jour. Je crois même que c'est pour cette raison qu'Anatoli dort dans la même chambre que moi. Il fait office de protection contre ce type. Mais alors pourquoi me laisser seule avec lui ?

La poignée tourne et la porte s'ouvre doucement sur lui. Je secoue la tête pour l'implorer de ne rien faire. Mais ça ne l'arrête pas. Au contraire, son sourire s'élargit en me voyant apeurée. Il referme doucement le battant et avance lentement vers le lit tout en retirant son t-shirt. Sur son torse, de nombreux tatouages ornent sa peau et tentent de camoufler les nombreuses cicatrices qui la recouvrent. Les dessins sont sombres et tortueux. Têtes de mort, serpents, corbeaux, et même la faucheuse décorent son épiderme.

— Nous voici enfin seule, marmonne-t-il. On va enfin pouvoir s'amuser un peu.

Il défait sa ceinture, qu'il garde entre les mains, alors qu'il arrive près du lit.

— Non... pitié... vous ne pouvez pas...

— En effet, je n'en ai pas le droit.

Il pose un genou sur le lit et tire sur mes jambes pour me forcer à m'allonger, attrape ensuite mes mains. Je tente de me débattre, mais contre cette masse de muscles, je ne peux rien faire. Il réussit à attacher mes mains à la tête de lit métallique, puis commence à descendre ses mains sur mon buste. Je pleure, le supplie de ne rien faire, mais la lueur dans ses yeux ne laisse aucun doute sur la suite des évènements. Il déboutonne ma chemise et extirpe ma poitrine de mon soutien-gorge. Je continue de l'implorer, mais il ne veut rien entendre.

Killer's eyesWhere stories live. Discover now