VI - Stop ! Je veux juste dormir

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Léna

Je vois Irina courir partout et elle commence à m'énerver. Elle est dans cet état lorsqu'elle stresse. Il faut qu'elle fasse plein de trucs en même temps sans se rendre compte qu'elle ne fait que faire et défaire ce qu'elle fait. Mais là, il va falloir que je l'arrête sinon elle va nous mettre l'appartement sens dessus dessous.

— Irina ! Stop ! Cesse de courir dans tous les sens ! dis-je en me mettant face à elle.

— Mais tu te rends compte que demain se joue notre carrière ? me questionne-t-elle en ébouriffant ses cheveux.

— Tout se passera bien. Anton nous fait confiance.

— Mais moi, je n'ai pas confiance en moi. Comment veux-tu que tout se passe bien ? Une centaine d'invités, tous faisant partie des plus grosses fortunes du pays, vont manger ce que nous avons préparé. Et s'ils n'aiment pas ? S'ils trouvent cela complètement nul ?

— Tu as écouté quand je t'ai dit qu'Anton nous faisait confiance ? Il a goûté ce que nous faisons et a aimé. Alors maintenant, je vais te faire couler un bain et tu te détends. Demain matin, on doit être de bonne heure sur place pour installer.

— Je sens qu'il va se passer quelque chose. J'ai un pressentiment, dit-elle en se rongeant un ongle.

— Eh bien, on verra demain après un bon bain pour toi et un bon repas. Allez, ranges le désordre que tu viens de mettre et ensuite dans la baignoire.

Je file dans la salle de bain pour lui préparer son bain. Je repense à ce qu'elle vient de dire concernant son pressentiment. Si je dois être honnête avec moi-même, je pense comme elle. Mais contrairement à Irina, j'ai appris très jeune à enfouir mes peurs et ne rien laisser paraître. Perdu dans mes pensées, je file vers la cuisine pour nous préparer un repas rapide, car je sais que nos estomacs sont trop noués pour faire manger plus, laissant Irina se détendre dans la baignoire.

— Tu avais raison, le bain m'a fait beaucoup de bien. Merci, dit-elle en venant s'installer à table.

— Je te connais par cœur. Allez, mangeons un peu et ensuite, on file au lit, car demain, une grosse journée nous attend.

Après le dîner, je m'allonge dans mon lit, espérant que le sommeil vienne rapidement, mais celui-ci a décidé de me jouer un mauvais tour. Quand je ferme les yeux, je ne peux pas m'empêcher de repenser au regard sombre du frère de Marina. Il me terrifie toujours autant. Je n'ai jamais compris pourquoi. Je sais qu'il me rappelle le tueur de mes parents, mais ce dernier avait les yeux aussi noirs que la nuit. Aucune âme ne semblait les habiter. Contrairement à ceux d'Alexander, qui sont aussi bleus que les eaux d'un lac. Je vais devoir essayer d'éviter le frère de Marina demain, mais la connaissant, elle se fera un plaisir de nous le présenter. Je referme les yeux, essayant de ne plus y penser, mais mon cerveau à décider de continuer à me torturer. 

Me voilà replongée dans mes souvenirs de dernière année de lycée. Lorsque le frère de Marina nous taquinait, je ne pouvais m'empêcher de le trouver beau et attirant, malgré son regard froid. Je me souviens qu'il m'arrivait de rêver de lui. Je dirai même que mes premiers rêves érotiques faisaient de lui mon personnage principal. Oui, j'avais le béguin pour ce mec, même s'il ne l'a jamais su. Et le revoir, il y a quinze jours, fait remonter tous ces souvenirs. Il faut dire qu'il est encore plus beau aujourd'hui. Tout en musculature, son menton carré, ses yeux bleus hypnotiques, sa barbe de trois jours, ses cheveux foncés coupés assez court, mais semblant toujours décoiffés. Bon sang, j'ai l'impression de redevenir une adolescente qui fantasme sur le beau gosse du lycée. Stop ! Je veux juste dormir !

***

Alexander

Devant la baie vitrée de mon bureau, au dernier étage de la tour de mon entreprise, j'admire la ville qui se couche. Les lumières de la ville s'allument doucement donnant un côté féerique à Moscou. Quelques flocons virevoltent encore dans le ciel, nous prouvant que l'hiver n'est pas encore terminé. Je profite de cette vue en sirotant mon verre de bourbon. Le calme commence à se faire dans les bureaux, les gens partent plus tôt le vendredi soir. Je suis surpris de ne toujours pas avoir de nouvelles de Nikolaï concernant les deux jeunes femmes. Demain, à lieu l'anniversaire d'Anton et je n'ai pas découvert tout ce qu'il me cache, même si je commence à en avoir une idée et celle-ci ne me plaît pas trop. La sonnerie de mon téléphone me sort de mes pensées.

Killer's eyesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant