XXIX - Pouvez-vous me décliner votre identité ?

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Léna

Je me réveille brusquement en voulant hurler, mais aucun son ne sort. Car dans ce cauchemar, je suis à nouveau dans le placard de la chambre de mes parents. Mais si jusqu'à présent, je revivais leur meurtre, aujourd'hui, j'assistais à celui d'Irina, sous le regard noir d'Anatoli Aslanov. Parce qu'il me voyait et savait qui j'étais, il prenait plaisir à la tuer sous mes yeux. Assise dans le lit, je tente de reprendre ma respiration après cette vision. J'observe la pièce et découvre que je ne suis plus dans la chambre dans laquelle je me suis couchée. Alex a dû me ramener ici en rentrant cette nuit. La place à mes côtés est vide, mais les draps sont encore tièdes. Il vient donc de se lever. Je regarde l'heure et vois qu'il est bientôt huit heures. Il doit être en train de se préparer avant de partir au boulot.

J'attrape un pull de mon hôte que j'enfile pour me tenir chaud puis je rejoins la cuisine. Alex se tient contre le comptoir, à côté de la cafetière, un mug fumant dans ses mains. Les yeux fermés, son visage crispé, il semble ne pas avoir beaucoup dormi cette nuit. Je m'approche doucement pour ne pas le surprendre, mais il ouvre les yeux. Ces iris n'ont rien de lumineux. Un voile sombre s'est abattu sur eux. Il m'ouvre son bras de libre et je viens me blottir contre lui. Je m'accroche à lui comme s'il était ma bouée me permettant de me ramener vers la rive.

— Comment vas-tu ?

— Je te mentirais, si je te disais que je vais bien. Je me suis réveillée en faisant un cauchemar horrible, balbutié-je.

— On va la retrouver, me réconforte-il en serrant plus son étreinte. On ne le laissera pas gagner cette fois.

— C'est donc bien lui... qui l'a enlevée ?

— C'est ce que nous pensons.

Il desserre son bras et me tend sa tasse.

— Tiens prend ça et va t'installer dans le canapé. J'arrive pour discuter avec toi.

Je m'exécute et m'installe en tailleur avec un plaid sur mes jambes. Je sirote une gorgée de café en attendant Alex, qui revient rapidement et s'assoit à mes côtés.

— Hier soir, commencé-je difficilement, tu m'as dit que l'appartement avait été saccagé. Tu peux m'en dire plus ?

— C'était un vrai carnage, je suis désolé, souffle-t-il. Toutes les pièces ont été vandalisées. Mais... ils se sont déchaînés dans la tienne. Je suis navré, Léna.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Rien n'est récupérable.

L'effroi me submerge. Ma chambre, mes souvenirs, mes livres auxquels je tenais, les vêtements que j'avais laissé, je n'ai plus rien. Il m'aura définitivement tout pris. Rien que pour ça, je veux qu'il paye de la pire des manières. La prison est trop facile pour un homme tel que cette ordure.

— Léna... il n'y a pas que l'appartement qui a été ravagé...

— Quoi ? Ils s'en sont pris à notre boutique ? crié-je, effarée.

— Malheureusement. Je suis vraiment désolé. Je m'en veux tellement de vous avoir entraîné là-dedans.

— Non, Alex. C'est moi qui ai choisi de faire ressortir l'affaire, affirmé-je. C'est moi qui ai sollicitée Nikolaï. Je connaissais les risques. Toi, tu as voulu me protéger. Et c'est ce que tu fais depuis bientôt un mois.

— Mais Irina était en danger, sans que nous en ayons conscience. On aurait dû également la protéger.

— Elle n'aurait jamais voulu, soupiré-je.

Killer's eyesDonde viven las historias. Descúbrelo ahora