XX - C'est un kit de secours ?

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Léna

Nager me permet de ne plus penser. Je ne ressens plus que mon corps glissant dans l'eau à chaque mouvement. Ça m'apaise. La natation a été pour moi un moyen de chasser mes cauchemars durant mon enfance. J'ai ensuite arrêté pendant mon adolescence, préférant me réfugier dans la nourriture. Mes traumatismes s'éloignaient et je commençais à vivre comme toutes les filles de mon âge, en totale insouciance. Je me souciais peu de mon apparence et préférais des vêtements larges qui cachaient mes formes.

Puis j'ai croisé Alexander, lors d'un après-midi chez Marina. Nous étions en train de travailler sur une dissertation de philo, quand son frère et son meilleur ami, Anton, sont arrivés dans la cuisine. C'était la première fois que je le voyais, et je me suis senti mal à la seconde où j'ai croisé son regard. Ainsi qu'à chaque moment où nous nous rencontrions. C'est à cette période que je me suis remise à la natation. Et dans la foulée je me suis inscrite à des cours d'aïkido. J'ai essayé d'oublier les souvenirs qui remontaient, en me plongeant à corps perdu dans le sport.

Après plusieurs longueurs, je m'arrête au bout du bassin et sors de l'eau en prenant appui sur mes bras. Je m'approche du transat sur lequel repose une serviette que j'attrape pour m'essuyer le visage. Et si nager m'a permis d'oublier ce qu'il s'est passé un peu plus tôt, la perspective de devoir bientôt aller dîner avec lui ramène le souvenir de mon étreinte. Bon sang, qu'est-ce qu'il m'a pris ? Je relève le visage et aperçois une silhouette derrière la vitre donnant dans le couloir. J'ai à peine le temps de voir Alex partir rapidement. Est-ce qu'il était en train de me... mater ? Non, j'ai dû rêver. Je récupère le peignoir que j'ai abandonné sur un autre transat et l'enfile rapidement, avant de sortir de l'espace aquatique.

A peine remontée dans ma chambre, je file sous la douche pour détendre mes muscles après cette séance de nage. Dès que je suis lavée et habillée, je réponds aux messages que m'a envoyé Irina, comme tous les jours. Deux semaines sans se voir, et j'ai la sensation d'avoir perdu tous mes repères. Elle me manque énormément. Elle me raconte ses journées à la boutique et les contrats qu'elle arrive à assurer avec l'aide de Marina. Et elle m'a rappelé qu'il ne restait que peu de jours pour qu'elle puisse gagner son pari.

Je m'amuse à lui envoyer un message pour lui dire qu'elle a perdu et que rien ne se passera entre Alex et moi. Oui, j'essaye d'y croire et de m'en convaincre. Je descends les escaliers pour me rendre dans le salon en attendant mon hôte, tout en lisant les messages sur notre groupe de filles. Autant dire que Marina et Irina se lâchent bien, sur ce qu'il peut se passer dans cette maison. Le nez dans mon téléphone, je m'assois sur le fauteuil club, où j'aime passer du temps pour lire dans la journée. Mais à peine ai-je posé les fesses dessus, que je me relève aussitôt. Je tourne la tête et découvre Alex, assis dans ce même fauteuil, un magazine dans les mains, aussi surpris que moi.

— Oh merde ! Excuse-moi, je ne regardais pas ce que je faisais.

— Je t'avoue que je ne t'ai pas vu arriver, sinon je t'aurais prévenu. Mais il n'y a pas de mal, ne t'inquiète pas.

Bordel, je ne sais vraiment plus où me mettre. Je dois être aussi rouge qu'une tomate laissée trop longtemps au soleil. Entre le moment d'égarement dans le bureau et maintenant ça, il va se demander ce que je fais.

— Tu veux qu'on aille manger ? me demande Alex.

— Euh... oui, je meurs de faim.

Ce qui est la stricte vérité. Ma séance de natation m'a creusé l'appétit. Alex se lève et se dirige vers la cuisine, où je le suis.

— Tu es allée nager ?

— Oui, j'avais besoin... de me vider la tête. C'est toi que j'ai aperçu ?

Killer's eyesWhere stories live. Discover now