𝐒𝐇𝐎𝐍𝐆𝐈 - T1

02. Shongi

Meladya

Assise sur le fauteuil de mes parents, mon père nous faisait la morale. Dur pour une femme de mon âge d'être traité encore comme une enfant. Faisant trembler ma jambe en rongeant l'ongle de mon ongle, monsieur Hayes nous rappelait encore les hommes qui disparaissaient sous mes yeux sans qu'on ne les remarque. 

Quelqu'un posa sa main sur ma jambe tremblante, je relevais mon visage et vis mon cousin Caleb impatient de couper ma jambe si je n'arrêtais pas tout de suite avec celle-ci. Avec le stress, on est prêt à faire n'importe quoi. 

Et je sentais bien qu'il n'hésiterait pas à me la couper.

- Nous avions la cargaison d'arme à gérer entre temps, on ne peut pas s'occuper de tout, dit mon cousin d'un ton agacé.

Mon père arrêta de tourner en rond et se mit sur le fauteuil face à nous. 

Son regard faisait peur et le sourire qu'il nous fit après la phrase de Caleb nous glaça le sang, nos intestins, et même nos os. Comment une vieille personne pouvait nous faire réagir pareil à mon cousin et moi. 

Nous avions vécu ensemble, élevés par les mêmes personnes, pourtant l'homme en face de nous, n'était plus le même que d'habitude. 

Dès qu'il faut parler d'argent, mon père est le premier à montrer son vrai visage. Un homme affamé d'argent et de pouvoir. Je pense finalement, comme tous les hommes de cette famille.

Je pris la main de mon cousin pour me rassurer, nous n'allions pas mourir sur le moment. Mon père releva son doigt sur sa bouche en guise de réflexion. Quand il faisait ça, je savais qu'on pouvait se rincer sur notre jour de repos. 

Dimanche. 

J'avais pourtant dit à Caleb de bien cacher les meurtres, pour que monsieur Hayes n'en sache rien. C'était son boulot, et au lieu de le faire, il préférait se coucher dans son lit, à téléphoner une femme, qu'il ne voyait qu'une fois par mois. 

Et encore...

Mon père s'inclina, ses bras sur ses genoux. Il nous regarda chacun notre tour, comme pour nous attitrer une mission spéciale à mon cousin et moi.

- Que pensez-vous qu'il se passe à l'extérieur du réseau ? Demanda papa, d'un ton calme

- C'est seulement un nouveau groupe qui veut se montrer imposant, il faut juste leur remettre les idées en place. On tue le boss et c'est terminé, répondit mon cousin agacé de la situation

Je regardais la scène des deux hommes, réfléchissant à la prochaine chose que je vais devoir dire pour calmer la tension de cette histoire.

Mon père évitait les meurtres, ironique n'est-ce pas ? Nous étions le plus grand réseau d'arme de l'Amérique, mais il évitait la mort, tandis que mon cousin Caleb lui ne se souciait que de sa propre peine.

Il se tourna vers moi comme je l'attendais, voulant mon avis comme à chaque fois et je devais me soumettre au sien pour ne pas me faire passer comme inhumain auprès de lui comme Caleb. 

Pourtant, ça semblait bien évident que je voulais tout autant que mon cousin, faire saigner des gens. Surtout ceux qui le méritent.

Caleb ne souciait que très peu du karma. C'est d'ailleurs pour cette raison que le titre de chef de Shongi ne lui sera jamais attitré. Et malgré moi, je dois me charger de cette place. Personne pour me demander mon avis. 

Simplement parce que j'étais la première, légitime à ce « trône » à cause de mon nom. 

Meladya Hayes.