𝐒𝐇𝐎𝐍𝐆𝐈 - T1

18. Temps pluvieux

Meladya

Avez-vous déjà vu un enfant coincé dans le corps d'un adulte ? Parce qu'Ezra, était pour moi, encore qu'un enfant à qui on a obligé de grandir trop vite. 

Sa réaction était d'une innocence que je n'avais jamais encore vu chez lui. 

Ni chez un adulte de notre âge. 

Il atteignait la trentaine et il agissait comme un gamin de cinq ans qu'on ramène pour la première fois à Disneyland. 

Je ne pus m'empêcher de pincer mes lèvres pour éviter de sourire. 

Certes, il agissait de manière mignonne, mais si je le lui disais... 

Il allait pleuvoir. 

Hors de question. 

La météo d'aujourd'hui était particulièrement bonne. 

Une brise de vent soufflait dans nos cheveux, avec un soleil plutôt brillant pour nos yeux. Malgré le ciel gris, tout était parfait à l'instant. 

Je tournais mon regard vers lui. Ses yeux brillaient. Il faudrait peut-être que je lui referme sa bouche. J'y voyais un peu de salive y sortir...

- Ça change de la Kawasaki Z650 que tu as, dis-je.

Il hocha simplement la tête surprise de ce qu'il a devant lui. 

Il suffirait que la mission se termine bien, pour que je lui en fasse un cadeau de remerciement.

Ezra prit les casques en me tendant le mien puis il monta sur la moto. Je pris place derrière lui, mes bras autour de sa taille. 

Je me raclais la gorge, pour montrer que je n'étais pas gêné de cette situation. 

Bien sûr que si, je l'étais. Qui ne le serait pas. 

Depuis son retour à Los Angeles, nos corps n'avaient pas arrêté de se confronter. 

Et pourtant, ça ne faisait même pas quelques jours qu'ils étaient parmi nous, lui et Ruby. 

Même à travers son t-shirt, la chaleur de sa peau brûlait mes mains. 

Et bien que j'essayasse de me tenir autant à l'écart que lui, quand il démarra faussement la moto, je ne pu avoir le seul réflexe que de me coller à lui. 

Je l'entendis glousser doucement. Comme si c'était son plan, depuis que nous étions montés sur celle-ci. 

Je devrais peut-être conduire finalement... 

Mais je ne pourrais jamais me concentrer, si c'était lui qui me tenait de la même façon.

- Je ne veux pas mourir ce soir, fis-je en soufflant nerveusement.

- Ne t'inquiète pas mon trésor, ce n'est pas encore ton moment.

À travers le rétroviseur de la moto, bien caché par sa corpulence, je vis tout de même un sourire sur le coin de ses lèvres.

Il démarra, cette fois, pour de vrai. 

Me forçant à le tenir de toutes mes forces. 

Je crois que certaines personnes roulent sans connaître le code de la route. Non, parce qu'Ezra n'en avait clairement rien à faire qu'on soit limité à soixante-dix. Ou peut-être que j'étais trop coincé sur le moment pour me laisser aller, de défaire mes mains de son torse, profitant de la vitesse, du vent, de l'air qui se projette sur mon visage. 

Non. Si je le faisais, il pourrait accélérer davantage, et je finirais par tomber.

 Accident.