08 | Oxalis

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Assis au bord de sa fenêtre, les jambes qui pendent dans le vide, il pense. Il se tord le cou sous le noir du firmament pour tenter d'apercevoir un p'tit bout d'univers.

Il y a encore une légère trace d'humides brouillards qui nagent au coin de ses yeux. Une caresse de nuit sur son visage. Il y a comme le parfum d'un soir orageux dans l'air. Et c'est aussi fascinant que fatiguant. C'est vendredi soir, vendredi noir. Père absent. Une mère qui pleure. Il a menti. Il y avait assez de pain sur la table, il n'est jamais revenu. Et même dix ans après, sa mère pleure encore. Et même dix ans après, il en souffre encore. Pourtant il le sait, tout au fond de lui qu'il ne reviendra pas. Jamais. Souvenir immortel dans un temps bien trop mortel. Les choses sont telles qu'elles sont devenues trop réelles.

Son regard se perd dans le cosmos remplit de nébuleuses. Mystique. Ils aiment ces étoiles et leurs poussières. Elles s'effritent et posent pied à terre. Yeux brillants de corps blancs. Parcelle céleste majestueuse. Et dans ses oreilles résonnent encore le Clair De Lune, apocalypse de notes qui jaillissent et fusent à tout va. Lumière reçue chaque nuit sur terre, déposée par la lune. Il sifflote le rythme, parfois. C'est un son si doux aux oreilles. Si mélodieux, un peu charismatique. Il se plonge, entièrement, dans la musique. Tapote de sa dextre sa cuisse protégée par son jogging gris. Récite par dessus le mouvement musical, quelques vers, quelques strophes qui lui plaisent. Murmure à qui veut l'entendre. Chuchote des choses qui n'ont pas forcément de sens. Et puis ferme les yeux si profondément, si fort, pour mieux ressentir cette réalité, qu'il a arrêté de chuchoter quelques instants. Silence dans la musique des mots. De nouvelles pensées jaillissent entre les murmures précédents.

Et il pense encore et toujours. Il pense encore à des trucs nouveaux. À tellement de choses à la fois. Comme à ce grain de beauté sous une lèvre inférieur. À ces cheveux brun souvent désordonnés. À ces converses blanches mal lacées. À ces conversations à peine entamées. À cette voix ponctuée de familiarités. À toutes ces choses qui le catégorisent lui. Lui, son voisin de classe collant. Un brin curieux, un peu trop rêveur. Lui, qui n'écoute jamais le cours parce qu'il trouve ça chiant à mourir. Lui, qui charme les filles juste pour s'amuser. Et surtout, lui, qui parle et parle. Beaucoup. Encore et encore. De tout et de rien. À cette lumière qui le compose et qui irradie sur les gens autour de lui. Il éblouit. Il illumine. Et en sa présence, le monde n'a jamais été aussi clair. Aussi beau. Aussi rempli de couleurs. Peut être qu'il utilisera certaines d'entre elles pour ajouter de la vie à ses dessins. Se débarrasser du noir pour ajouter du gris.

Puis soudainement le jour se lève, et il pense toujours à lui. Le rose de l'aube chevauche le bleu de la nuit. C'est magnifique. Tout comme lui.

Lui, ce garçon un peu trop envahissant. Comparable aux oxalis. À la fois sauvage et indomptable. Douce et acide. Capricieuse et colorée. Frivole le jour, secrète la nuit. Oui, Jungkook est un mélange de tout ça. Il est, à présent, partout et nul part à la fois.

C'est ce que ressent Taehyung au plus profond de lui.

Peut-être qu'un jour, il lui fera part de toutes ces pensées à son sujet sans avoir peur d'être jugé. Et sûrement que Jungkook l'écoutera parler.




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Langage Floral ᵗᵃᵉᵏᵒᵒᵏWhere stories live. Discover now