Langage Floral ᵗᵃᵉᵏᵒᵒᵏ

09 | Framboisier

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L'automne dépose doucement sa brume sur la ville, c'est déjà Octobre. Il y a plus de nuages qu'à l'accoutumée. Ils passent dans le ciel, un peu plus rapidement que d'habitude. Énergiquement grâce à la force du vent puis on les oublies vite. Triste vie. Les trottoirs gris sont couverts de feuilles qui virevoltent. C'est un spectacle puissant. Insaisissable.

Le vert passe à l'orange, puis au rouge. Et Taehyung continue sa marche jusqu'au lycée. Il n'a pas prit le bus ce matin, voulant souffler un peu sur le chemin. Il passe devant des maisons qui sont le miroir d'autres maisons. Il y a les mêmes voitures familiales, les mêmes balançoires, les mêmes jardins. Parfois, les mêmes chiens. Et quelques fois, ils lui aboient dessus. Le pâté de maison se ressemble, comme tous les quartiers résidentiels de la ville. Taehyung, lui, n'habite pas ici. Sa maison n'est pas aussi belle. Pas aussi grande. Pas aussi riche. Mais au moins elle est unique. Et possède même un splendide framboisier dans son petit jardin de cinquante mètre carré. Cette année encore, l'arbrisseau a résisté aux fortes chaleurs et à la sécheresse. Sa souche drageonnante est toujours aussi vivace, et à même commencé à refaire des petites tiges cylindriques. Taehyung adore ce petit arbrisseau, surtout l'été quand il peut ramasser les framboises mûres. Peut-être que l'été prochain, il pourra les partager avec Jungkook. Qui sait ? Après tout, ils sont amis désormais.

Plus tard, c'est toujours la même journée. La même heure. Le même cours de botanique. Et le même camarade de classe. Ils sont tous les deux assis à la même table. Le prof discute avec des élèves qui font semblant d'être intéressés. Il ne fait pas attention à eux. Plus que quelques minutes et il sera déjà l'heure de partir. Alors, juste avant la fin, entre deux souffles d'une profonde ennuie mortelle, Jungkook se trouve vers son voisin.

― Dis, tu fais quoi Mercredi après-midi ?

― Non.

― Mais tu sais même pas ce que j'allais te dire !

― Très bien, je t'écoute.

― Il y a un match, ça te dit de venir admirer le plus grand champion de tous les temps ?

― Tu te surestime un peu trop tu crois pas ? Et c'est quand même non.

Le garçon plus jeune laisse une fausse mine outrée prendre place sur son visage. Taehyung sourit légèrement. C'est la première fois qu'il le fait en la présence de l'autre. Et Jungkook le trouve beau. Il aime son sourire et le trouve beau également. Tout comme ses longs cils et ses cheveux foncés. La façon qu'il a de dessiner la nature morte. Les nombreuses mimiques qu'il adopte. Et tant d'autres choses encore. C'est bizarre, c'est simplement son ami pourtant.

Leurs orbes se croisent l'espace d'une seconde. Tout vrai regard est un désir. C'est comme si deux rayons de soleils brillaient simultanément. Sous le même ciel, bleu azur. Ils sont comme les personnages d'une romance à l'eau de rose. Désireux l'un de l'autre, sans jamais se l'avouer.

Jungkook savait que Taehyung allait refuser son invitation, comme à son habitude. Il a apprit à le connaître durant ce dernier mois, et donc, il sait ainsi que le noiraud ne se sent pas bien avec la foule. La peur du regard des autres. Foutue Anxiété sociale. Il le comprend, un peu mieux, maintenant. Il ne veux surtout pas le pousser dans ses retranchements. Peut être qu'un jour il y arrivera. Peut être qu'un jour, il lui dira : « on s'en fout du regard des autres ». Et les mœurs et stéréotypes auront changés. Le monde sera moins con. Et Taehyung, se sentira à sa place, dans cette société.

Tout vient avec le temps, sois patient.

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