Langage Floral ᵗᵃᵉᵏᵒᵒᵏ

16 | Trèfle

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Le temps file à toute vitesse. C'est déjà le premier décembre et le froid automnal - bientôt hivernal - est omniprésent. Taehyung marche pour se rendre à son arrêt de bus. Il n'est pas motivé pour aller en cours, et pour cause, hier il s'est fait aborder par ce qu'on appelle des grosses brutes avec une cervelle de moineau puis bousculer contre des casiers. Son dos meurtri et ses côtes violacées témoignent de cette violence gratuite. Accrochages sempiternels.

La raison de cette altercation ?

Il ne sait pas trop. Sûrement parce qu'il est différent. Stupide harcèlement. Et même si Jimin est arrivé à temps, le mal était déjà fait. Parce que même si la couleur et la douleur des coups partiront un jour, les paroles elles, resteront profondément ancrées.

Un soupire s'échappe de ses lèvres, il est presque arrivé au lycée. Et au fur à mesure, l'angoisse apparaît. Elle monte doucement et prend possession de sa gorge sous la forme d'une boule qui se coince. Son estomac se resserre et des bouffées de chaleurs apparaissent. Il ne se sent pas bien, il est patraque et à l'impression de suffoquer. L'air devient lourd autour de lui, c'est insupportable. Les bruits s'éloignent puis reviennent en masse, comme une danse qui ne s'arrête jamais. La tête pleine de pensées qui se répercutent dans tous les sens comme de longs échos qui de loin se confondent et qui embrouillent son esprit. Il s'écrase un peu plus au fond de son siège en se sentant ridicule et petit. Il a déjà du mal avec l'espèce humaine et la socialisation en général. Alors, les événements d'hier lui ont davantage cassés le moral.

Même les quelques petits trèfles à tête blanche coincés entre le trottoir et la route, à la descente du bus, ne lui apporte aucune joie. Aucun réconfort. Même si d'ordinaire, il aime prendre le temps de les observer, à la recherche d'un trèfle à quatre feuilles pour l'aider à affronter la journée.

Taehyung marche vite, avec la tête baissée en direction du sol, la capuche de son sweat gris rabattu sur ses cheveux devenus un peu longs. Le stress est toujours présent et ses membres tremblent de plus en plus au fur et à mesure qu'il arrive dans la cour du lycée. Il n'ose pas regarder autour de lui, se contentant seulement de slalomer entre les diverses ombres des silhouettes. Puis, il arrive enfin à son casier, le souffle erratique et désordonné. Des gouttes de sueurs froides s'écoulent le long de son échine dorsale, lui provoquant au passage de désagréables frissons. La peur arrivée à son paroxysme, il ne sent pas bien. Vraiment pas bien. Ses jambes ne le soutiennent pratiquement plus, il se tient maladroitement à la porte de son casier, la tête heurtant celle-ci dans un bruit sourd. Ça y est, il va s'effondrer.

― Tae, tu te sens bien ? surgit une voix familière et inquiète juste derrière lui, tapotant gentiment son dos.

― Kook... j'a-j'arrive p-pas à respi...rer...

Le noiraud se sent soudainement soulevé à moitié du sol, un bras le soutenant par la taille tandis qu'il tentait de s'accrocher comme il le pouvait aux épaules de l'ébène aux mèches rouges s'estompant déjà un peu. Une soudaine odeur de javel lui agressa le nez, ils étaient arrivés aux toilettes du lycée. Par chance, ou pas, sur le chemin la sonnerie du premier cours avait retentit et tous les élèves s'étaient donc empressés de rejoindre leurs classes, laissant seuls les deux adolescents.

― Va en cours Jungkook, laisse-moi...

― Non.

― Jungkook ! Arrête, tu vas- 

― Pardonne-moi, Tae.

Taehyung, désormais accroupi sur le sol qui vient d'être lavé, adossé contre le mur remplis de graffitis colorés et de numéros de téléphones masqués - ou presque - lève son regard en direction de son camarade. Il pose un regard d'incompréhension sur lui, ne comprenant pas très bien ce qu'il a voulu dire. Il lui pose silencieusement la question par le biais d'un mouvement de tête mais Jungkook ne lui répond pas. À la place, il vient s'assoir à côté de lui, pensif. Le dos voûté, les épaules qui flanchent un peu, les sourcils froncés et le visage baissé, il pense. Il pense beaucoup et il s'en veut. Une certaine amertume lui reste en travers de la gorge. Saloperie de rancune qui ne veut pas le lâcher.

― Laisse-moi te faire une promesse Taehyung.

― Laquelle ?

― Celle où je promets de te protéger, quoi qu'il arrive.

Et dans une autre réalité, Taehyung y croit dur comme fer à cette belle promesse. Mais dans celle-ci, ce sont que de simples mots soufflés sur le moment, dans les toilettes du lycée.

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