Langage Floral ᵗᵃᵉᵏᵒᵒᵏ

15 | Pommier

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La musique est toujours aussi forte au sein de cette maison dérangée.

Les enceintes projettent une chanson classique de Saez, Jeune et Con qui fait tourner les têtes et s'égosiller les voix encore plus fort. Les notes sont familières pour les deux adolescents encore adossés sur le coin de mur. Jungkook tapote du pied par terre, dans un rythme plutôt désordonné mais qui a l'air de lui plaire.

Taehyung, lui, est encore un peu dans la Lune, encore un peu ailleurs, autre part que sur terre. Il se demande pourquoi le garçon reste avec lui, à côté de lui, alors que c'est sa soirée, sa maison, ses amis. Et surtout c'est son salon qui est complètement retourné.

Il se tourne en direction de ce dernier pour lui poser la question mais, soudain s'arrête.

Il est profondément subjugué.

Avec la musique qui l'assourdit, et la lumière qui l'aveugle, il n'avait pas encore remarqué ce détail qui le laisse sans voix. Qui le laisse béat. D'admiration et de fascination.

Jungkook a changé la couleur de ses cheveux. Et ça lui va magnifiquement bien.

Ses cheveux, autrefois d'un noir corbeau profond, uni et majestueux, laissent dorénavant place à des mèches d'un rouge flamboyant aussi vif que les pommettes rougies de Taehyung.

― Dis Taehyung, ça te dit d'aller prendre l'air ? Il fait chaud ici, je t'avoue que j'étouffe un peu.

Ledit Taehyung secoue la tête pour reprendre contenance. Il était toujours en pleine admiration.

― Mais... et tes amis ?

― On s'en fiche, ils savent se gérer. Et puis... j'aime bien discuter et passer du temps avec toi.

Et Taehyung aurait juré voir quelques légers rougissement prendre place sur les joues de Jungkook. Tentative de dissimulation ratée.

Décidément, il fait vraiment chaud ici.

Puis, pendant qu'en arrière plan les autres s'amusent et que la musique continue de se diffuser fortement, ils se suivent des yeux et commencent à entamer le pas vers l'extérieur, silencieusement.

Le plus jeune attrape inconsciemment la main de son invité pour le guider à travers la maison et les corps agglutinés. Certains dorment déjà enlacés sur le canapé. Jeunesse insouciante. Ils arrivent devant la baie vitrée que Jungkook ouvre à la volée, et se retrouvent vite fait bien fait dans le jardin. Ils se lâchent enfin la main, tous les deux un peu gênés. Et pourtant, ils ne cachent pas le léger sourire qui habitent leurs fossettes cachées.

Jungkook entame une nouvelle marche et se dirige vers le fond de son jardin, qu'il connait par coeur et amène Taehyung à son endroit favori de tous les temps.

Il y a là-bas, un vieux pommier avec en son sein une petite cabane en bois, perchée à quelques mètres du sol. Brise d'air fraîche et craquement. La lune, sous leurs yeux, se déploie doucement. Ils empruntent la petite échelle composée de trois marches, et se retrouvent en haut. Sous les branches dépourvues de feuilles. Sous le ciel dépourvu de nuages. Sous le cosmos remplis d'étoiles. Ils s'assoient sur les vieilles planches de bois côte à côte, les épaules qui se touchent et les mains qui se frôlent. Courant électrique grisant. Palpitations anarchiques. Jungkook ancrent ses yeux dans ceux de Taehyung. Ils se regardent sans rien dire. Parce qu'il n'y a pas besoin de mots. Ils sont captivés par l'un et par l'autre. Ils se sentent bien.

Taehyung pense encore, il pense trop au lieu d'agir. Jungkook, lui, souhaite des choses impensables qui ne se réalisent pas. Et comme elles ne se réalisent pas, ils restent tous les deux assis là.

Et le monde, derrière eux, continuent de danser. Sous les fragments de lumières des néons colorés.

Peut-être qu'un jour, quand le monde cessera de s'amuser, et que les adolescents arrêteront de se noyer dans des questions insensées, ils succomberont enfin à ce baiser désiré.

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