Chapitre 2

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C'était un coup d'État, Zora le savait. Elle savait aussi que c'était le désir de son peuple. Elle avait le soutien entier du royaume d'Orris derrière elle. Elle sortit de la salle du trône, encore chamboulée de ce qui s'y était passé. Elle avait tué sa mère pour le trône. Pourquoi cela lui procurait-il un si grand bien ? Elle allait enfin pouvoir mener la guerre que son peuple attendait impatiemment, pour venger le roi. Son père avait été cruellement assassiné il y a deux mois de cela par le royaume adverse. Ils allaient enfin obtenir vengeance. 

Sa mère ne voulait pas d'une guerre, mais comment pouvait-elle vouloir une chose pareille ? Venger son mari n'avait jamais été son souhait. Son peuple était très attaché à leur roi, ils lui devaient tout. Dès que le royaume d'Irya avait tué son père, ils avaient déclaré la guerre, et ils allaient riposter. C'était leur devoir. Mais avant cela, elle devait penser à un plan de bataille pour s'assurer de gagner. Elle n'avait aucunes intentions de se jeter tout droit dans la gueule du loup sans un minimum de préparation préalable.

La jeune femme marchait dans les couloirs fleuris du palais. Le royaume d'Orris, représentant le printemps, était toujours ensoleillé mis à part aujourd'hui. Le château était rempli de glycines qui tombaient du plafond, laissant une légère odeur parfumée qui venait lui chatouiller les narines. Elle était accompagnée du garde qu'elle s'était attitrée, Rufus. Son visage demeurait couvert du sang de sa mère, elle songea un instant à se rincer, mais elle n'en fit rien. Elle aimait pouvoir sentir son sang près d'elle, cela lui rappelait le bruit que son épée avait émis quand la lame avait pénétré la chair de la reine. Soudain, Zora entendit des bruits de voix qui la firent s'arrêter.

— Je veux la voir, je m'en fous du nouveau protocole !

Nex. Encore et toujours lui. S'il était ici, c'est qu'il avait quelque chose d'important à lui dire. Son meilleur ami n'avait jamais aimé venir au palais. Sa présence amenait toujours de mauvaises nouvelles ou un énième conflit. Zora soupira en croisant les bras sous sa poitrine. Il était en train d'argumenter avec un des gardes.

— Laissez-le passer ! cria-t-elle.

Le garde lui lança un regard puis hocha la tête en signe de capitulation. Nex arriva en trombe devant Zora. Il s'arrêta net devant elle, subjugué par ce qu'il avait devant les yeux. Sa meilleure amie armée jusqu'aux dents, couverte du sang de sa propre mère. Il avait assisté à la scène en bas du château, là où elle avait exhibé la tête de sa mère.

— Rufus, attends-moi dans la salle de plan de guerre, dit-elle, ses yeux verts rivés sur son ami.

— Vous êtes sûre ? Je-

— Tout de suite ! elle haussa la voix.

Le garde baissa la tête puis s'en alla, les laissant tous les deux dans le long couloir tapissé. Ils se trouvaient encore dans la tour de la reine à en juger tous les tableaux des anciens empereurs affichés sur les murs. Nex était un garçon de nature plutôt sympathique, Zora avait toujours eu du bon temps à parler avec lui. Il était une des rares personnes à qui elle daignait adresser la parole. Mais aujourd'hui, ce n'était vraiment pas le moment. Personne ne se mettrait à travers de son chemin.

— Tu veux bien m'expliquer ce que tu crois être en train de faire ?!

Les traits de son visage se tirèrent, il était visiblement en colère. Mais il avait aussi peur, son visage était pâle comme la mort. Il faisait partie des quelques personnes qui ne voulaient pas la guerre.

— On va prendre notre revanche, c'est tout ce que je suis en train de faire.

— En décapitant ta mère ?! Qu'est-ce que les gens vont penser de toi, t'as réfléchi à ça ? Tu crois vraiment qu'ils vont te suivre ?

𝑳𝒂 𝒓𝒆𝒊𝒏𝒆 𝒓𝒐𝒖𝒈𝒆Where stories live. Discover now