Chapitre 29

36 4 0
                                    

Zora avait enfin décidé de parler à Kieran de la femme qui les avait vu le soir ou ils avaient trouvé l'étrange pièce dont le symbole de la religion ostone avait été dessiné en grand à l'aide de bougie. Ce soir-là, la voix de la femme l'avait interpellé. Elle la connaissait, c'était sûr et certain. Elle n'avait cessé de cogiter depuis ce jour-là. Elle comptait bien lui demander des comptes. Elle était sûre que c'était elle. La reine ne se trompait jamais. Leurs retrouvaille risquait d'être explosives.

— Tu es bien sûr de ça ? J'ai vraiment pas envie de retourner là-bas.

Zora s'arrêta dans le couloir vide.

— Comme si j'avais envie d'y aller, dit-elle avec sarcasme. Je suis sûre de ce que je dis.

Kieran leva les deux mains devant lui en signe d'innocence.

— Ok, alors allons-y, dit-il en feignant d'être réjouit par la situation.

La nuit était déjà tombée. Zora avait eu le temps de se remettre des ombres de Kieran. Son corps lui faisait encore un peu mal, mais mis à part ça, tout allait bien. Kieran n'arrêtait pas de se fondre en excuses alors que Zora lui assurait qu'elle ne lui en voulait pas. Elle avait troqué sa robe pour sa tenue habituelle. A mesure qu'ils marchaient, elle se rendit compte qu'elle n'allait peut-être pas être là comme l'autre soir. Ils étaient partis exprès vers la même heure pour essayer de la voir. Ils espéraient juste que le prince ne serait pas là cette fois-ci.

Ils n'étaient pas sûrs qu'ils avaient le droit de vagabonder dans les couloirs du château à une heure pareille. Il était plus de vingt heures. Kieran et Zora ne devaient pas paraître suspects. Ils passèrent par un couloir qui les menèrent parmi les grands escaliers centraux. L'autre soir, ils n'étaient pas passés par là.

— Me dis pas que tu te souviens plus du chemin ? râla Zora.

Il lui avait persuadé qu'il se rappelait du chemin qu'ils avaient pris. Au milieu de tous ces escaliers, on ne voyait qu'eux. Pour le coup, ils pouvaient oublier la discrétion. Ils pouvaient voir la grande porte d'entrée du château, là où elle crut voir des gardes en poste. Ils n'étaient pas censés se faire repérer, bon sang ! Mais dans la pénombre, il était difficile de distinguer quoi que ce soit. Les lustres étaient allumés, mais la majorité d'entre eux avaient été éteints pour la nuit.

— Je me suis dit qu'un petit détour ne nous ferait pas de mal.

Zora le foudroya du regard. Il avait oublié le chemin. Elle s'apprêtait à le sermonner quand elle entendit des pas derrière elle. Kieran écarquilla les yeux. Zora n'eut même pas le temps de se retourner que Kieran plaqua son dos contre la rambarde des escaliers. La reine l'interrogea du regard alors que Kieran l'embrassa fougueusement. Les longs cheveux noirs de la jeune femme tombèrent dans le vide alors qu'il approfondit leur baiser.

La reine se prit au jeu et passa une main dans ses cheveux. Les pas s'arrêtèrent devant eux. Kieran lui mordilla la lèvre avant d'ouvrir les yeux.

— Personne n'est autorisé à se balader dans le château après la tombée de la nuit, lâcha une voix stricte.

Kieran s'éloigna enfin de la jeune femme tandis qu'il passa une main derrière sa tete, géné.

— Pardon, on ne savait pas.

— Vous avez une chambre pour ça, rentrez tout de suite, cracha le garde devant eux.

Aussitôt arrivé, il repartit dans la seconde d'un pas lourd. La reine remarqua qu'il était armé d'une grande épée. Une once de jalousie passa dans son regard. Sa fidèle épée lui manquait. Le garde partit se poster au début d'un escalier qui menait au bas du château. Zora recoiffa ses cheveux d'un geste de la main.

— T'es vraiment désobligeant, lança-t-elle.

Un petit sourire en coin s'afficha sur le visage de la jeune femme. Kieran laissa échapper un rire cristallin.

— J'ai pas eu le choix, ricana-t-il.

***

Après avoir fait un autre détour pour éviter de tomber sur d'autres gardes, ils arrivèrent enfin dans le fameux couloir. Dans celui-ci, il n'y avait qu'un seul lustre qui éclairait l'endroit. Les petits escaliers leurs parurent encore plus étroits que la dernière fois. Ils prirent le soin de baisser leur tête pour ne pas se cogner au plafond. Cette fois-ci, la porte était fermée. Kieran lança un regard à Zora. Elle paraissait nerveuse. Les traits de son visage étaient tirés. Ce qu'elle lui avait confié l'avait laissé sceptique.

La reine lui fit un signe de tête. Ils devaient en avoir le cœur net. Kieran prit son courage à deux mains et ouvrit lentement la porte. Ils entrèrent rapidement avant que quelqu'un ne les surprenne. L'air y était glacial. Il y avait bel et bien le symbole ostone représenté sur le sol. Des torches avaient été allumés tout le long des murs dans la petite pièce. Au centre, il y avait un rond qui avait été creusé à même le sol. Toutes les parois de la pièce, y compris le sol, était en granit.

Un petit mur était devant le creux qui était en plein milieu de la pièce. Sur celui-ci, il y avait cinq entraves. Deux pour les bras, deux pour les jambes, et un pour le cou, constata Kieran. Tout à coup, Zora sentit une odeur d'encens. La même qu'elle avait senti le jour de leur arrivée. Le bruit d'une porte qui se claquait se fit entendre. Kieran vit quelqu'un passer derrière le petit mur alors que Zora regardait la porte fermée derrière eux. De petits pas se firent entendre derrière le mur.

Zora s'y précipita et serra le petit couteau qu'elle tenait fermement dans sa main. Elle avait pris soin de le garder depuis le combat avec le prince. Il n'avait même pas vérifié qu'elle avait déposé son arme. Kieran la suivit rapidement alors que la reine s'était stoppée derrière le mur.

— Comment vous-

Zora mit son arme sous la gorge de sa sœur. Son cœur semblait vouloir sortir de sa poitrine. Une rage incommensurable remplit les yeux dilatés de la reine.

— Un mot de plus et je te tranche la gorge, dit-elle, les dents serrées.

𝑳𝒂 𝒓𝒆𝒊𝒏𝒆 𝒓𝒐𝒖𝒈𝒆Where stories live. Discover now