𝑳𝒂 𝒓𝒆𝒊𝒏𝒆 𝒓𝒐𝒖𝒈𝒆

Chapitre 16

Ils pouvaient dire qu'ils ne s'attendaient pas du tout à ça. A vrai dire, ils pensaient pouvoir arriver dans leur royaume sans encombre. Au royaume d'Orris, quand des personnes arrivaient, ils les laissaient entrer sous surveillance de gardes royaux, jusqu'à ce que le roi ou la reine prenne une décision. Ici, il se trouvait qu'ils torturaient les inconnus... On était en train de les faire sortir des cachots. L'ambiance était dérangeante, pensa-t-elle. Au fur et à mesure qu'elle marchait, ses plaies lui faisaient encore plus mal. Il l'avait bien malmené. Elle se jura de lui faire regretter ses actes un jour ou l'autre. Ils montèrent de gros escaliers et elle pensa que tant qu'ils les laissaient rester, c'était tout ce qu'il comptait. Maintenant elle devait trouver un moyen d'accomplir ce qu'elle était venue faire ici. La radio avait été malheureusement perdue lors de sa chute. Que pouvait-t-elle faire si elle tuait le roi mais qu'aucune armée n'arriverait dans les plus courts délais ?

Elle se résolut à penser qu'elle ne devait pas le tuer si vite. Son armée arriverait dans dix jours, alors elle attendrait une semaine. Ce n'était résolument pas dans les plans initiaux. Et puis il y avait le prince. Son arrogance la répugnait. Il l'avait attaché puis torturé avant même d'avoir essayé la manière douce : Leurs poser tout simplement la question, libres de leurs mouvements. Elle avait remarqué que son père n'avait pas du tout été touché par ses agissements. Le roi lui semblait pour autant plus sympathique que le prince, mais peut-être que ce n'était qu'une ruse. Leur faire croire que l'un était le méchant, et l'autre le gentil. Désormais il fallait qu'ils se méfient d'absolument tout.

Ils avaient également confisqué leurs armes et leurs affaires. Les escaliers en granit les menèrent vers la fine lumière du jour. Zora plissa les yeux un moment. L'intérieur du château était déroutant. Tous les murs étaient de briques beiges et noires. Le sol était pourvu de parquet.

Ils se trouvaient en haut d'un escalier, là où on pouvait en voir de nombreux qui semblaient tous mener à un endroit différent. Le château était quasiment plongé dans le noir. Seuls des dizaines de lustres accrochés au plafond provoquaient de la lumière. Il n'y avait pas autant de dorure que dans son château à elle, mais il y en avait tout de même sur de grandes poutres qui rejoignaient le haut plafond.

- Je vais me charger personnellement de vous conduire à votre chambre, lança le roi.

Sans un mot, le prince s'éclipsa d'un pas nonchalant par un des grands escaliers. Au passage, il frôla volontairement l'épaule de Kieran. Celui-ci n'y prêta aucune attention. La vue du prince le répugnait. Quiconque touchait la reine le regretterait, et il comptait bien le lui faire payer. Pour le moment, ce n'était pas sa priorité. Une brise froide vint frôler le cou de Kieran. Certes, dans le royaume d'Irya, l'automne régnait en maître, mais il faisait anormalement froid.

- Nous allons loger dans le château ? demanda Zora.

La voix fluette qu'elle avait employé failli faire rire Kieran. Elle avait déjà pris son rôle au sérieux. Désormais, elle se ferait passer pour la petite femme innocente et docile pour mieux attaquer. Zora était sournoise, elle savait comment agir dans chaque situation.

- Oui en attendant que vous trouviez quelque part où loger.

Le roi sourit de toutes ses dents. Un sourire qui ne disait absolument rien à Zora. Quelque chose se cachait derrière cette gentillesse, elle en était persuadée. Elle fixait le vieil homme d'un œil curieux. Elle remarqua qu'il ne portait aucun équipement pour se protéger. Avait-il si confiance en son peuple pour se promener sans armure ? Cela ne lui importait finalement peu, c'était un avantage pour elle. Peut-être avait-il quelque chose sous ses vêtements ? Une cote de maille ! Elle en portait parfois, elle aussi. Si elle tentait de lui asséner une épée dans le ventre, elle échouerait et on la tuerait sur le champ. Pour le tuer, il fallait qu'elle trouve une idée innovante.