Chapitre 7

118 10 0
                                    

Tout le monde se préparait pour la guerre. Les habitants faisaient déjà bagages, préparant le strict nécessaire. La traversée de la vallée et de la plaine prenait trois jours selon les éclaireurs. Un des ingénieurs lui donna une sorte de petite radio de poche par laquelle ils pourraient les contacter quand il serait l'heure de partir. Elle leur avait donné l'ordre de prendre la route s'ils n'avaient pas de nouvelles d'eux dans environ deux semaines. Ils partaient demain au petit matin.

Il était désormais tard quand Zora se dirigeait vers sa chambre royale. Personne ne l'avait importuné durant le chemin et cela valait mieux. Quand elle arriva devant la fameuse porte, elle prit une grande inspiration puis tourna la poignée. Elle referma immédiatement derrière elle puis étudia la pièce. On lui avait changé les draps, la chambre avait été nettoyée de fond en comble de sorte qu'on ne puisse plus voir aucune présence de sa mère. C'était comme si elle n'avait jamais vécu ici. La chambre avait été vidée par des femmes de ménage. Tout avait été enlevé pour elle.

Elle avança prudemment dans la pièce, scrutant tous les détails. Sa chambre au palais avait toujours été simpliste. Des dorures sur quelques murs, un lit pour deux personnes, par-dessus, quelques coussins en velours. C'était tout. Mais ce qu'elle avait devant elle la laissa stupéfaite. Elle n'avait jamais eu le droit de pénétrer dans la chambre parentale, même à son plus jeune âge. Elle était époustouflée par tant de beauté. Zora scruta le lit à baldaquin, admirative. Les poutres étaient d'un blanc mât, surmontée de dorures scintillantes. Des coussins en velours de toutes formes surplombaient l'immense lit. Il y avait un énorme lustre suspendu au plafond, avec ce qui semblait être des cristaux qui en tombaient. La lumière s'y réfléchissait parfaitement, laissant des ombres de lumières colorées dans la pièce. Elle posa délicatement sa main sur l'étoffe du rideau transparent de la fenêtre. C'était si doux...

Cette chambre était somptueuse, elle en était ébahie. Elle s'avachit sur le lit, prête à dormir quand elle se souvint d'une chose. Elle devait prendre une douche. Elle sentait le sang séché, celui de sa mère. Zora avait marché dans la terre, ses bottes en étaient maculées. Elle était sale de la tête aux pieds. Elle grogna avant de se diriger vers la salle de bain. En entrant, elle ne fut pas surprise de voir que la beauté de la chambre était égale à celle de la salle d'eau. Elle examina son visage dans le miroir serti de pierres dorées. Elle était devenue celle qu'elle était à cause de sa mère, et ça lui réussissait.

Elle se fit couler un bain chaud avant de se plonger entièrement dans l'eau. Elle nettoya le sang sur son visage, frotta avec plus d'ardeur qu'il n'en aurait fallu. Elle détestait sa mère. Elle l'avait poussé à le faire, c'était de sa faute uniquement. Sa colère grimpa de plus en plus quand elle repensa à ce que sa mère lui avait fait subir. Elle se griffa le visage du plus fort qu'elle le pouvait, laissant évacuer sa détresse. Le sang séché rentra dans ses ongles, son visage lui brûlait, mais elle s'en fichait. Elle passa les mains sur ses traits puis ses poings se crispèrent...

Sa pulsion semblait devenir incontrôlable. Zora passa ses mains dans ses longs cheveux, enfournant la tête dans ses genoux. La jeune femme avait envie de hurler, tellement fort qu'on l'entendrait depuis la vallée, elle n'en fit évidemment rien... Des larmes de rage coulèrent de ses beaux yeux verts, comme si sa douleur allait s'extraire de son être au fur et à mesure du flot de larmes salées qui ruisselaient sur son visage, puis dans l'eau devenue légèrement rougeâtre...

On entendit plus que le bruit des gouttes tombant dans l'eau, laissant la pièce quasiment silencieuse jusqu'à ce qu'un bruit la fit se relever en un éclair. Elle sortit de l'eau à la hâte et se sécha rapidement pendant qu'on toquait toujours à la porte. Elle enfila un peignoir de la même couleur que ses cheveux.

Avant d'ouvrir la porte, elle avait pris soin de regarder son visage. Le sang avait disparu, mais celui-ci était rougis par les griffures qu'elle s'était infligées. A une heure pareille, elle savait très bien qui elle allait voir devant elle. La reine ouvrit la porte sur Kieran qui avait posé sa main sur l'embrasure de la porte. Zora ne lui lança qu'un regard furtif et partit devant la grande coiffeuse de la chambre muni d'un miroir et entreprit de se coiffer les cheveux.

𝑳𝒂 𝒓𝒆𝒊𝒏𝒆 𝒓𝒐𝒖𝒈𝒆Où les histoires vivent. Découvrez maintenant