Chapitre 10 : Les alliés

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La révélation de Logan m'a tellement prise de court que je me retrouve sans voix. Lorsque j'ai découvert que je n'étais pas la seule à connaître la vérité au sujet de Providence, j'ai tout de suite présumé que l'auteur du message était dans la même situation que moi. Mais j'avais tort. J'aurais dû me douter qu'il était trop présomptueux de penser savoir quoi que ce soit sur cette satanée prison. Je ne referai pas la même erreur.

— Tu te... commencé-je après un moment. Tu te souviens de ta vie passée ?

— Oui, répond Logan, et je croyais que toi aussi. Mais visiblement, ce n'est pas pour la même raison qu'on est éveillés. Par contre, on a tous les deux échapper aux informations sur le rôle qu'on était censés jouer. Et on n'est pas influençables, contrairement à tous les autres habitants.

— Alors, on est vraiment les seuls à ne pas être sous l'influence de Providence ?

— À ma connaissance, oui. Quand je me suis réveillé ici et que tout le monde s'est mis à agir comme si j'étais Logan Dunbar, j'ai observé le comportement des personnes autour de moi. Je n'ai rien remarqué d'anormal. Jusqu'à ton arrivée.

Je repense instantanément à ma rencontre avec Logan, au comportement que j'ai eu lors de ma première matinée.

— Je n'ai pas réagi quand tu m'as appelée par mon nom de famille, me remémoré-je. Alors que les nouveaux arrivants sont censés tout savoir sur leur fausse vie.

— Effectivement, acquiesce Logan. Et je t'ai entendu parler à Louise Coleman pendant le cours d'histoire ce matin-là. J'étais assis juste derrière vous avec mon binôme. Le film Gangs of New York n'est sorti qu'en 2002. Les habitants de Providence ne peuvent pas le connaître.

Il m'avait bien semblé avoir entendu une voix familière derrière nous, mais mon esprit était bien trop préoccupé à ce moment-là. Je ne savais pas encore à quel point j'allais devoir me méfier de tout ce qui m'entoure. Penser à Louise fait revenir le sentiment de culpabilité que je tente de réprimer depuis une semaine. Si j'avais davantage réfléchi avant de parler, elle serait sans doute encore parmi nous.

— Ce n'est pas ta faute, dit Logan comme si j'avais pensé à voix haute. Une remarque de ce genre n'est pas assez pour que l'illusion s'effondre. C'était peut-être la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, mais ce n'était qu'une question de temps avant que Louise ne se rende compte de ce qui se passait réellement ici.

— Tu sais ce qui arrive aux personnes comme elle ? Je sais qu'il y a déjà eu plusieurs disparitions et que tout le monde est persuadé que ce n'est que temporaire, mais... Où est-ce que les camionnettes les transportent ?

— Tu as déjà été témoin de ça, alors... Tu as vécu une sacrée première journée. Pour répondre à ta question, je ne sais pas du tout ce qui arrive aux disparus avant qu'ils ne soient remplacés par de nouvelles personnes. Comme tu as pu le voir, c'est assez difficile de récolter des informations tout en continuant de jouer son rôle. Tout ce que j'ai pu faire, c'est placarder des affiches en ville, dans l'espoir que quelqu'un réagisse aux disparitions de manière appropriée. Sans résultat.

Cela permet d'éclaircir une zone d'ombre qui m'intriguait. Un seul discours de la part du shérif a suffi à complètement rassurer les lycéens de Providence. Logan était le seul à savoir que ces personnes ne reviendraient pas. Ce qui m'amène à un autre point qui me préoccupe.

— Et c'est ce que je suis, moi aussi ? La remplaçante de l'ancienne Imogen ?

Ma question fait à nouveau réfléchir Logan en silence. C'est comme s'il réorganisait les informations dans son cerveau à chaque fois que je m'exprime. Cherche-t-il simplement à assembler les pièces du puzzle ou essaye-t-il de rester sur ses gardes, guettant la moindre gaffe ? Probablement un mélange des deux.

Les marionnettesWhere stories live. Discover now