Chapitre 11 : La trappe

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Comme promis, Logan revient vers moi assez rapidement. Lorsqu'on se croise dans un couloir entre deux cours, il me donne discrètement rendez-vous au même endroit et à la même heure qu'hier. Dès la fin de la matinée, je marche donc en direction du terrain de sport à l'arrière du lycée. D'entrée de jeu, il me guide vers les gradins à quelques mètres des lignes blanches. Ou plutôt, sous les gradins. Dans un coin, bien dissimulé par l'un des poteaux, il sort une petite boîte en bois de la terre.

—    Une cachette secrète, deviné-je. Pourquoi avoir choisi cet endroit ?

—    Parce que si quelqu'un venait à la trouver, ils ne se douteraient jamais que c'est la mienne. Je suis sûrement la dernière personne qu'on s'attend à voir traîner autour d'un terrain de sport.

C'est une logique qui se tient. Après tout, même sa soi-disant sœur le voit comme un rat de bibliothèque qui ne pense à rien d'autre qu'à ses livres. Le fait que Logan me confie cette information ne passe pas inaperçu. Malgré ses paroles de la veille, ses actions montrent déjà qu'il est prêt à m'accorder sa confiance, ne serait-ce qu'un tout petit peu.

Il fait défiler les chiffres sur le côté de la boîte et elle s'ouvre dans la foulée. À l'intérieur, je peux distinguer divers objets parmi le bric-à-brac : un tournevis, une lampe torche, des allumettes, et un flacon de médicaments. Avant que je puisse en voir davantage, Logan sort deux objets de la boîte avant de refermer le couvercle. Quand il me tend l'un des deux boitiers jaunes, je comprends qu'il s'agit d'un talkie-walkie.

—    D'où ça sort, tout ça ? demandé-je, curieuse.

—    Je les ai trouvés un peu partout en ville, explique Logan. Dans la réserve du lycée ou dans des maisons encore inhabitées, principalement.

—    Cette petite tendance kleptomane n'aurait pas un lien avec les « choses moralement répréhensibles » de ton passé, par hasard ?

—    Ha ! Bien essayé, mais je ne répondrai pas à cette question.

Il a beau lâché une syllabe associée au rire, le visage de Logan reste toujours aussi neutre. C'est comme si son visage n'avait que deux modes : « en pleine réflexion » et « indifférence ». Du moins, c'est tout ce qu'il laisse paraître.

—    On va les paramétrer pour qu'ils soient sur la même fréquence, reprend-il en bidouillant son talkie-walkie. Comme ça, on pourra communiquer à n'importe quel moment de la journée. Et ce sera plus discret que de se donner rendez-vous dans les couloirs du lycée. On aura aussi besoin d'une lampe torche.

—    Pourquoi, exactement ?

—    Ce que tu m'as raconté sur ton expédition dans les bois m'a intrigué. Les personnes qui patrouillaient n'ont pas pu se volatiliser, il doit y avoir une explication. Je voudrais voir l'endroit de plus près. Est-ce que tu te souviendrais du chemin que tu as emprunté ?

—    Oui, je devrais pouvoir retrouver l'endroit.

—    Parfait, alors tiens-toi prête pour une nouvelle sortie nocturne. Je te tiendrai au courant pour l'heure exacte.

Sans attendre, mon nouvel allié récupère la fameuse lampe torche, puis il remet la boîte à sa place. J'imagine que cela sonne la fin de notre rencontre clandestine.

—    À ce soir, lance rapidement Logan avant de regagner le terrain de sport.

—    Oh oui, je vais bien, dis-je dans le vent. C'est gentil de demander. Et toi, comment tu te portes ? Super, c'était sympa de se parler.

Je lève les yeux au ciel, bien que personne ne puisse me voir. Les manigances efficaces laissent peu de place aux politesses et aux banalités, visiblement. C'est toujours bon à savoir.


Les marionnettesWhere stories live. Discover now