𝘫𝘦 𝘱𝘳𝘦́𝘧𝘦́𝘳𝘢𝘪𝘴 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘵𝘰𝘪

6.

chapitre 6 : Enola, avant

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Je détestais le collège. Non je ne le détestais pas, je le haïssais.

Il n'y avait rien de positif dans l'enseigne de mon école, les profs étaient à chier, les élèves plus cons les uns que les autres et la bouffe n'était même pas bonne. Au Nicaragua au moins, la cantine était tout juste passable et ça faisait un point positif à l'établissement. Là, il n'y avait absolument rien pour me donner envie de me lever chaque jour.

- Putain. grognais-je en regardant un groupe de pouffes passer devant moi sans que l'une de ces garces ne me jette pas un regard moqueur.

En plus de me faire chier ici, je ne connaissais personne et je n'avais donc pas du tout d'amis. Même dans ma classe il m'avait été impossible pour moi de sympathiser puisque tout le monde se connaissait déjà. Alors je faisais comment moi au milieu de tout ça, pour essayer de me faire au moins un camarade ?

Fernando n'était même pas dans mon niveau et nos emplois du temps m'avaient l'air d'avoir été faits pour être diamétralement opposés. Du coup, je passais mes repas du midi seule depuis un mois, avec mes écouteurs pour simple réconfort, que je cachais bien dans ma manche. Parce-que oui, on n'avait même pas le droit aux portables dans l'enceinte de l'établissement.

- Enola ? Qu'est-ce que tu fais à manger dans la récré ?

Le front plissé, je levais la tête de ma lunch box après que quelqu'un se soit placé juste devant mes pieds, me barrant le soleil avec sa corpulence. Pedro, mon voisin.

- Bah... Je mange ? répétais-je bêtement, toujours assise à même sur le gravier, le dos contre un des murs extérieurs de l'école.

- Tu paies pas la cantine ?

- Si.

- Et pourquoi t'y manges pas ? C'est l'heure du self en plus.

- J'aime pas la nourriture de là-bas.

Et c'était à moitié vrai, en effet je n'appréciais pas les menus infectes proposés par la cantine, même si mes parents payaient ma pension chaque mois pour que j'y déjeune tous les midis. Si seulement ils savaient que tous les matins, je me levais un peu plus tôt pour me préparer un repas et le cacher dans mon sac, ils seraient les premiers étonnés.

- C'est quoi ? il était encore là ?

- Des pâtes à la tomate, rien de plus.

- Y a une part de flan au dessert à la cantine, t'aimes pas ça ?

Je raffolais du flan. Que dis-je, j'étais amoureuse de cette pâtisserie à la crème d'œufs, je pouvais me gaver uniquement de ce met jusqu'à la fin de mes jours si on me le demandait juste.

- Ça va, ça se mange. je tempérais mes émois pour ne pas paraître comme la fille frapadingue.

Déjà que le groupe de pétasses m'avait dans le viseur, je n'avais pas non plus envie de leur donner raison.

- Tu veux manger avec moi ?

- Moi, avec toi ? répétais-je dans un rire léger alors que Pedro, toujours face à moi, avait un regard sérieux. Ah, pour de vrai ?

- Ouais, y a juste quelques potes à moi qui seront là aussi si tu veux pas te retrouver qu'avec moi mais y a pas de souci, tu peux venir.

- C'est ma mère qui t'a demandé de me suppléer à l'école ?