𝘫𝘦 𝘱𝘳𝘦́𝘧𝘦́𝘳𝘢𝘪𝘴 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘵𝘰𝘪

12.

chapitre 12 : Pedro, avant

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- Pourquoi tu es si grincheux comme ça, mon Pepi ?

Esquivant furtivement la main de ma mère qui voulait se confondre dans mes cheveux, je grognais en me décalant pour qu'elle me laisse tranquille. Son rire léger de maman me fit d'autant plus râler alors que je me tournais vers le meuble à chaussures pour récupérer mes baskets.

Pour la première fois depuis que je connaissais Luis, je me retrouvais avec l'envie zéro de participer à son anniversaire. Pourtant, il nous avait prévenu qu'il allait faire un truc terrible pour ses seize ans, histoire de marquer le coup, mais ça ne réussissait pas à me motiver.

Peut-être que la perspective de passer toute une soirée avec Enola et Sergio dans le viseur, se mélangeant leur salive à outrance, ne m'enchantait pas tant que ça.

Un mois maintenant qu'ils sortaient ensemble et je faisais tout mon possible pour les éviter à chaque fois dans le collège. Je ne prenais plus le bus avec ma voisine, elle ne mangeait plus avec mon groupe de potes à la cantine vu qu'elle s'était faite de nouvelles amies et, on ne se croisait que très occasionnellement lorsqu'elle donnait ses cours de maths à mon frère.

Par ailleurs, on avait décidé d'un accord commun sans même se consulter que je n'avais plus besoin d'elle pour comprendre la matière des chiffres et des lettres, c'était bien mieux comme ça.

Et avec Sergio aussi c'était tendu, je l'avais vachement à l'œil ces derniers temps, histoire de m'assurer qu'il ne fasse pas n'importe quoi avec Enola. Il avait de la chance qu'une fille comme elle ait pu s'intéresser à lui, ça avait même choqué Fernando quand il l'avait appris. C'était certes mon grand-frère mais ça ne l'empêchait pas d'être la commère du coin en matière de potins, peu importe l'âge des concernés.

Alors en plus si ça mettait en jeu la fille qui l'aidait à réviser ses bases de collège, je pouvais vous dire qu'il n'en n'était que plus ravi encore.

- Qu'est-ce que tu es belle Enola...

La voix de ma mère me tira de mes songes tandis que je tournais la tête vers la porte d'entrée, qui venait de s'ouvrir sur une silhouette. Une très belle silhouette habillée d'une robe au orange plutôt pâle, et qui descendait jusqu'aux genoux. Lentement, mes yeux remontaient progressivement pour retracer les courbes d'Enola, jusqu'à ce que nos prunelles ne rentrent en contact.

Elle était légèrement maquillée, elle avait mis la dose juste pour ne pas en faire trop mais pour paraître au moins bien apprêtée.

Je pouvais vous promettre qu'avant cet instant, j'avais toujours détesté la couleur orange. Depuis cet instant, c'était ma couleur préférée.

- Merci Julianna. lui répondait poliment Enola en tenant précieusement la chaîne de son sac. Désolée encore pour le retard, je devais aider Danny à débarrasser la cuisine.

- Y a pas de soucis enfin, je ne pense pas que Luis aura déjà soufflé ses bougies quand vous arriverez. la plaisanterie de ma mère fit sourire la brune et me fit, à moi, manger des bouffées de chaleur. Pedro est prêt, on va pouvoir y aller.

Sans plus grande cérémonie, ma mère attrapait son long manteau avant de nous faire signe de sortir de la maison. Ce soir, c'était elle qui s'occupait de jouer au taxi pour Enola et moi, afin que nous puissions aller à l'anniversaire de Luis. J'avais été surpris au début d'apprendre que mon pote avait invité ma voisine, puisqu'ils ne s'étaient jamais parlés plus que ça.