𝘫𝘦 𝘱𝘳𝘦́𝘧𝘦́𝘳𝘢𝘪𝘴 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘵𝘰𝘪

42.

chapitre 42 : Enola, avant

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Remontant mon sac sur mon épaule, je quittais ma salle de classe en envoyant bouler Sergio qui me collait encore. Il n'arrêtait pas d'être tout le temps sur mes côtes depuis la rentrée scolaire et depuis qu'il avait découvert qu'on était dans la même classe. J'avais déjà passé un été assez merdique comme ça, je n'avais pas besoin que la poisse me suive encore.

Car pendant les deux longs mois de juillet et d'août, Pedro n'était pas revenu à Tegueste. Sa famille avait repris les lieux dans ma maison voisine, mais pas une trace du benjamin qui pourtant, avait une pause avant le début de sa nouvelle saison. Mais il avait préféré passer ce temps-là avec ses nouveaux coéquipiers de Barcelone, me mettant inévitablement sur la touche.

Ça m'avait énormément blessé, surtout que pendant ces deux mois, on n'avait que très rarement pris des nouvelles l'un de l'autre. Du coup, j'avais dû me contenter de la lettre qu'il m'avait écrite avant de partir de Tegueste, où il était inscrit la phrase "Je t'aime". Une phrase qui avait son sens quand il était encore là.

- Tu veux qu'on mange ensemble ?

- Fiche-moi la paix Sergio, sérieux. grognais-je entre mes dents tandis qu'il me suivait à la trace lorsque je passais la porte du self.

- Enola t'es toute seule dans la classe, je ne veux juste pas que tu t'ennuies.

- Ta présence m'ennuie plus que ton absence pourtant, c'est embêtant.

- Ça... Ça fait deux ans qu'on a rompu, tu pourrais pas mettre tes rancœurs de côté.

- Pas quand on me fait passer pour une salope. répondais-je froidement avant de récupérer mon plateau garni par les plats de la cantine. Maintenant, si tu veux bien m'excuser.

J'adressais un sourire pire que faux, au blond qui soupirait simplement en me regardant m'éloigner, devant attendre que la dame de la cantine n'encaisse son plateau. Bien décidée à m'écarter le plus possible de Sergio, je partais directement vers le fond de l'énorme réfectoire, analysant chaque table pour y trouver une petite place tranquille.

Méline n'était pas là aujourd'hui à cause d'un rhume et je me rendais compte à quel point le lycée pouvait être ennuyant sans elle. Je rasais les couloirs, je passais mes récrés assise dans un coin, attendant juste que la sonnerie retentisse à nouveau. Et l'épreuve de la pause méridienne était visiblement la pire.

Ici, j'avais l'impression que manger seul rimait avec le fait d'être une paria. Alors que des gens se plaisaient dans ce silence, à passer du temps uniquement avec eux-mêmes. Ça m'allait très bien.

- Enola ! Par ici !

Le bras tendu de Luis attira mon attention et j'analysais très rapidement les collègues qui l'entouraient, soit la bande habituelle et un gars en plus. L'espagnol tapotait la chaise vide à ses côtés et je soupirais d'avance, me rendant compte que je ne pourrais pas y échapper. En vrai, j'appréciais beaucoup Luis, il avait toujours été mon préféré dans les amis de Pedro et c'était le seul qui ne me dévisageait pas quand je m'installais près de lui.

Felix n'osait limite pas croiser mon regard et quand il le faisait, c'était pour me jauger rapidement de haut en bas. Depuis le départ de Pedro, il avait une fixette sur moi et impossible de comprendre pourquoi. C'était comme s'il attendait un moindre faux pas de ma part, pour recracher tout ce qu'il gardait enfoui dans ses entrailles.