30.

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chapitre 30 : Enola, avant

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Aujourd'hui, j'avais passé une journée pourrie.

Mais vraiment pourrie, rien n'allait et j'étais carrément heureuse quand le bus scolaire s'arrêtait enfin à l'arrêt de chez moi. J'avais passé toute mon après-midi à éviter Felix, qui avait tenté par tous les moyens de me faire rester avec eux.

À ne pas s'y méprendre, j'aimais bien les amis de Pedro mais le problème étant qu'ils me rappelaient Pedro, et c'était très douloureux. Trop douloureux même.

- Bonne journée. glissais-je dans un murmure au chauffeur, qui me répondait d'un signe de tête entendu.

Le moral dans les chaussettes et avec la vitesse d'un escargot, je marchais jusqu'à chez moi en essayant d'oublier la journée d'aujourd'hui. Là je n'avais qu'une envie, me morfondre dans mon lit en attendant patiemment l'appel de Pedro. La seule chose qui me faisait encore tenir, c'était mon billet d'avion pour Las Palmas dans quatre jours.

Je rejoignais les Gonzalez dans leur nouvelle habitation et j'avais hâte d'y retrouver mon ancien voisin, bizarre à dire mais ça me manquait de le serrer contre moi.

- Danny ?

Un long souffle s'échappait d'entre mes lèvres alors que le silence me répondait, signe que j'étais seule à la maison pour le moment. Mon frère devait sûrement être au stade de la ville pour jouer avec ses copains, comme me le confirmait le petit mot qu'il m'avait laissé dans la cuisine.

"je suis au foot. si t'as besoin de moi, n'hésites pas à ne surtout pas m'appeler".

L'amour frère-sœur, il n'y avait pas plus beau en ce monde.

C'était donc avec une humeur encore plus terrible que je partais vers ma chambre, zappant volontairement le goûter. Tout me mettait en rogne aujourd'hui.

Que ce soit Sergio qui me cherchait de plus en plus du regard ces derniers temps, ou monsieur Fransceco qui m'avait foutu un C à mon dernier contrôle, rien n'allait. Et je ne faisais que de me plaindre en somme, c'était de pire en pire.

Lâchant franchement mon sac au sol de ma chambre, je grognais tel un ours avant de me laisser tomber sur mon lit, face la première contre mon matelas. Je respirais l'odeur de lotus de mes draps, ma mère adorait cette senteur, et fermais mes yeux pour essayer de trouver un peu de repos.

Histoire de rester éveillée toute la nuit et de pouvoir discuter avec Pedro par téléphone, je devais avoir quelques batteries en réserve. J'avais l'intime conviction que nos mondes se tournaient mutuellement autour, de sorte à ce que l'on ait toujours qu'une envie, soit se parler. Enfin, c'était peut-être seulement moi qui me faisais des films, il y avait quelque part de grandes chances.

- Qu'est-ce que ?

Je me redressais d'un bond sur mon lit après avoir entendu un bruit suspect, comme si on venait de lancer une brique sur ma fenêtre. Prudente et sachant très bien que j'étais seule, j'attrapais mon téléphone, composais le numéro de la police et m'approchais doucement de ma vitre en retenant mon souffle.

Prête à appuyer sur le bouton vert, je laissais dépasser ma tête pour voir qui était mon agresseur, avant qu'un nouveau caillou ne s'écrase contre la fenêtre, me faisant cette fois bien sursauter. Le cœur battant à mille à l'heure, je prenais une grande respiration et finissais par amasser tout mon courage entre mes mains tremblantes, pour apercevoir le visage de la personne qui était littéralement en train de me terroriser.

𝘫𝘦 𝘱𝘳𝘦́𝘧𝘦́𝘳𝘢𝘪𝘴 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘵𝘰𝘪Where stories live. Discover now