𝘫𝘦 𝘱𝘳𝘦́𝘧𝘦́𝘳𝘢𝘪𝘴 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘵𝘰𝘪

16.

chapitre 16 : Pedro, avant

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Les bras croisés sur la table dans la cour du collège, j'observais Enola de loin avec un petit sourire au coin des lèvres. Ce matin encore avant de prendre le bus, on s'était embrassés derrière le portillon de chez moi, évitant alors de nous faire voir par mes parents. J'avais encore le goût de son baume à lèvres à la fraise, cette odeur sucrée qui ne quittait pas mon nez depuis quelques heures déjà.

- Putain, je vais me faire défoncer par mes parents, je retiens rien.

Les plaintes de Luis sur ma droite ne réussissaient pas à me faire décoller le regard de la brune qui riait avec des amis à elle, dans un coin de la cour. Vu son histoire quelque peu délicate avec Sergio, il était compliqué pour moi de la faire rester avec nous, sous peine de frustrer mon pote qui continuait à affirmer qu'il s'en foutait de la rupture.

Alors qu'il n'arrêtait pas de surveiller ses réseaux, c'était Enola elle-même qui me l'avait dit.

- Je suis sûr qu'elle a un mec.

- Qui ça ?

- Enola.

D'un coup, je me sentais concerné par la discussion, tournant la tête vers Felix et Sergio qui étaient assis face à moi sur le table de pique-nique du collège. Et particulièrement, mon attention était posée sur l'ex de ma voisine qui n'avait pas intérêt à encore dire des calomnies sur elle, sinon je n'allais pas rester calme.

- Pourquoi tu dis ça ? poursuivait Felix en refermant son cahier de cours, connaissant déjà la leçon d'histoire sur le bout des doigts.

Pas comme Luis.

- Je suis en binôme de TP avec une de ses potes et elle m'a dit que ça servait à rien de retenter avec Eno, parce-qu'elle pensait qu'elle avait quelqu'un.

- Je croyais que tu t'en foutais de plus être avec Enola. me rajoutais-je, jouant du bout des doigts avec le haut de ma bouteille qui était sur la table.

- Oui, c'est le cas. menteur. Mais je pensais pas qu'elle pourrait se retrouver quelqu'un aussi vite. Bonne chance au gars, elle va le prendre pour un bouche-trou.

- Comment ça ? mes sourcils se fronçaient alors qu'une petite douleur venait s'installer dans ma poitrine.

- Sérieux gars. Sergio pouffait de rire. Ça fait quoi ? Deux semaines à peine qu'on est plus ensemble. Crois-moi que si elle a retrouvé un mec, c'est qu'elle veut jouer avec, comme elle a essayé de faire avec moi.

- Mais... Je pense pas.

- Pedro, t'as pas assez d'expérience avec les filles mais je peux te le dire, les nanas qui changent comme ça de gars comme de chemises, c'est jamais pour du sérieux. D'ailleurs, y a pas une meuf qui te plaît ici ?

Si, celle qui me prenait possiblement pour son bouche-trou.

(...)

Pour la première fois depuis quelques jours, je faisais le chemin retour du bus, seul. D'habitude, j'avais toujours Enola assise à côté de moi, parée à me raconter tout ce qui avait bien pu se passer dans sa courte journée. Mais ce soir, au lieu de faire comme à chaque fois, et m'installer à ses côtés sur la banquette du bus, j'avais continué mon chemin, sans la calculer.

Du coin de l'œil, j'avais réussi à voir son visage s'affaisser, son sourire s'effacer jusqu'à ce qu'elle tente de m'interroger du regard pour comprendre ce qui m'arrivait. Impossible pour moi de ne pas me répéter inlassablement les paroles de Sergio.