- Cette fois-ci, je te laisse gérer. Me dit Pierre avec un grand sourire.
- D'accord. Dis-je.
Ai-je vraiment le choix de toute manière ? Il faut bien se lancer.
La cellule n°3 est au fond du couloir de l'aile Est. Pierre et moi sommes arrivés, j'active alors le boîtier avec mon badge et ouvre la porte. Pierre reste en arrière pour m'observer.
Dans le sas, j'essaie de trouver le prisonnier afin de le saluer. Mais sa chambre est dans le noir complet, je ne vois rien. Dort-il ? Impossible le petit déjeuné a déjà était servis, sans parler du bruit qui résonne dans ce couloir.
- Bonjour Lorenzo, je m'appelle Sarah, je suis la nouvelle surveillante. Je lance.
Je m'approche de la porte transparente, et colle ma tête sur cette dernière pour essayer de le voir. Peut-être est-il au fond ? D'un coup, je lève les yeux et remarque une silhouette juste en face de moi. Je le distingue à peine. Était-il là, à m'observer depuis le départ ?
L'ombre se baisse, puis des mains apparaissent dans la fente destinée à ces dernières. Je le menotte. Mais il ne retire pas ses mains de suite.
Il me lance :
- Ne m'appelle pas Lorenzo.
Je reste muette.
Il finit par enlever ses mains et il se retourne. J'ouvre enfin cette porte.
Cet homme doit bien atteindre les deux mètres. Il est gigantesque. Dans sa combinaison bleue, on peut apercevoir des bouts de tatouage sur son corps. Il est vraiment costaud et large. Il me surpasse de toute sa hauteur. Je me sens toute petite par rapport à lui. Autant vous dire que je ne fais pas le poids fasse à lui. Il m'inspire de la peur, je n'ose même pas le regarder dans les yeux.
Il avance devant moi et je ferme les portes. Il rejoint Pierre. Nous avançons tous vers le cabinet sans dire un mot.
Nous sommes arrivés. Liam a terminé son entrevue, alors nous échangeons les détenus. Le docteur repart avec Lorenzo dans son bureau et nous avec Liam.
Pierre et Liam parlent ensemble. L'atmosphère est beaucoup plus détendue. Au bout de 5 minutes de marches, nous sommes arrivés devant la cellule de Liam et nous le remettons à l'intérieur. Pierre me montre la procédure. Il suffit simplement de refermer la porte transparente du sas. Puis le prisonnier met ses mains dans le trou, de cette même porte, pour qu'on lui enlève ses menottes. D'après Pierre cet espace sert aussi à déposer les plateaux-repas.
- On va chercher le prochain sur la liste ? Demandais-je à mon responsable.
- Non, l'entretien de ce détenu dure plus d'une heure. Donc, quand ça fera environ 50 minutes, on ira le chercher. Et ce sera le dernier de la matinée. Me prévient Pierre.
- On fait quoi pendant ce temps ?
- Généralement le surveillant de cette aile, donc toi, part prendre sa pause du matin.
- Pendant 50 minutes ?! M'exclamais-je.
- Non 30 minutes, et après tu fais ton quart d'heure de surveillance dans la bibliothèque. Me dit-il en rigolant.
- Dans la bibliothèque ?
- Oui, le pénitencier dispose de plusieurs salles de loisir. Quand les détenus se sont bien comportés, ils peuvent avoir le droit d'y aller. Les surveillants font des roulements. Toi le matin, tu as ton quart d'heure dans la bibliothèque, et l'après-midi dans la salle de sport.
- Ah d'accord.
Sérieusement des salles de loisir ? On est à Disneyland ? Je ne peux même pas me payer un abonnement à la salle de sport, et eux, ils peuvent y avoir accès gratuitement alors qu'ils sont en prison ?! Je rêve.
Pierre me montre la direction de la salle commune pour que je puisse aller prendre ma première pause. Je n'ai commencé qu'à 10 h, mais je ne vais pas le faire remarquer. Je m'assois à la grande table, et Pierre me tend un dossier.
- A l'intérieur, il y a ton planning, avec les dossiers de tes détenus.
Curieuse, j'ouvris mon planning pour regarder l'organisation de ma matinée.
Donc comme on m'avait dit, je commence à 8 h pour donner les plateaux-repas du petit-déjeuner. A 8 h 30, je reprends les plateaux vides. A 9 h, je commence les allers-retours chez le médecin. A 11 h, je vais prendre ma première pause. A 11 h 30, j'effectue mon quart de surveillance à la bibliothèque. A 11 h 45, je repars chercher le dernier détenu. A 12 h, je commence à donner les plateaux-repas du déjeuner. A 12 h 30, je reprends les plateaux vides. A 13 h 00, je prends ma pause-déjeuner.
Puis, j'ai voulu jeter un œil aux dossiers des détenus. Mon regard s'arrête sur celui de Lorenzo. Plus précisément sur la phrase écrite en rouge signé par le médecin : "NE JAMAIS L'APPELER LORENZO".
Oh mon Dieu, mais pourquoi on ne m'a pas donné ce dossier avant ?!
