Chapitre 34 : La question.

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Notre conversation est terminée depuis au moins dix minutes. Et pourtant, je n'ai toujours pas repris la route.

Si la conversation avec Milla m'avait déjà déstabilisée, l'appel de Bryan m'a complétement bouleversé.
Il a compliqué davantage mes pensées.

« La nuit porte conseil. » C'est ce que m'a dit Bryan avant de raccrocher. Et j'espère qu'il a raison.

Mais j'ai des doutes.

Chaque jour, j'apprends quelque chose, mais je ne sais jamais si c'est une vérité ou un mensonge. C'est éreintant. J'ai l'impression que je dois me méfier de tout et de tout le monde, tous les jours. Je suis exténuée.

Soudainement, les phares d'une voiture m'aveuglent et rompent le fil de ma pensée. Quelques secondes plus tard, le véhicule a déjà disparu dans l'obscurité. Cela me rappelle que je dois rentrer.

Je décide donc de repartir.

J'ai prévenu Bryan que je retournais travailler demain. Je crois qu'il s'en doutait.

Après cette nuit, comment ne pas avoir envie de revoir Lorenzo ? Il connaît la vérité. Il pourra discerner le vrai du faux de cette soirée.

Arrivée chez moi, j'envoie un message à Monsieur Monêtre, le prévenant que je reviens travailler demain.

Ensuite, comme promis, j'envoie un message à Bryan, lui disant que je suis bien arrivée.

Très rapidement, je me douche et me couche dans mon lit. Malgré ma longue sieste de cet après-midi, je suis encore fatiguée.

Avant de m'en aller dormir, je mets mon réveil pour demain matin. Mais avant de verrouiller mon téléphone, je reçois une notification. C'est Bryan. Il a répondu à mon message.

« Bonne nuit Sarah »

J'hésite à répondre.

Je tape d'abord sur mon clavier « à toi aussi, Bryan ». Puis, j'efface. Je retape « Merci à toi aussi ». Mais j'efface encore une fois.

Je décide finalement de ne rien écrire, et de ne pas répondre.

Cela ne me torture pas l'esprit puisque, presque immédiatement, je m'endors.

Le lendemain, comme chaque nouvelle journée, 7 h, le réveil sonne.

7 h 30, je pars.

8 h, je suis en poste.

Je n'ai pas croisé Bryan ce matin.

Contrairement à Monsieur Monêtre, qui m'a souhaité une belle journée. Il m'a aussi dit que la trame du docteur Zaligue, pour la séance avec Lorenzo, m'attendait dans son cabinet.

Ainsi, je me dirige directement vers la salle de consultation du médecin.

Je toque.

Personne ne répond. Peut-être qu'il n'est pas à son bureau.

Je toque une seconde fois.

Cette fois-ci, quelqu'un répond.

- J'arrive.

C'est le docteur Zaligue. Mais il ne me répond pas depuis son cabinet. En effet, il est juste derrière moi, une tasse à la main. Je suppose que c'est du café, l'odeur est infecte.

Je ne lui réponds pas, mais je décide de me pousser pour qu'il puisse ouvrir la porte, à l'aide de sa clé et de son badge.

- Tu es là pour le questionnaire ?

- C'est ça, Monsieur Monêtre m'a dit de passer le récupérer. Répondis-je.

Il acquiesce. En entrant, il me tend un papier. Je devine que c'est la trame.

- Quand est-ce que vous allez faire la séance ? Me demande-t-il.

Je suis consciente que ma participation à l'animation des séances de Lorenzo le dérange, pourtant, je ne perçois aucun signe de désapprobation dans sa voix. Il n'y a aucun malaise.

J'en suis heureuse.

- Après la distribution du petit-déjeuner. Je crois que c'est Bryan qui vous emmènera les autres détenus. Dis-je.

- D'accord. A tout à l'heure alors.

Je ne comprends pas tout de suite. Pourquoi « à tout à l'heure » ? Mon incompréhension doit se lire sur mon visage. Puisqu'il finit par répondre à ma question, sans que je n'ai eu besoin de la formuler à voix haute.

- Pour le rapport.

- Ah oui ! M'exclamai-je.

Il sourit, puis je le salue.

Sur le chemin de la cantine, je décide de regarder le questionnaire. Je lis la première question : « Comment vous sentez-vous depuis notre dernière séance ? »

Mais je n'ai pas le temps de regarder les autres que j'entends Guillaume plus loin.

- Déjà de retour Sarah ! S'exclame-t-il avant de me faire la bise.

- Déçu ?

- De te voir, jamais !

Je rigole, et lui aussi.
Sur le chemin, on papote. Il m'a demandé ce que j'avais fait hier, je lui ai simplement répondu que j'avais dormi. Beaucoup, dormi. J'ai oublié de mentionner Milla et Bryan. Oups.

Rapidement, on arrive au réfectoire. Je repars avec le chariot et lui va à la cuisine.

Sans tarder, je distribue les plateaux-repas aux détenus.

Je me dépêche. J'ai trop hâte de lui poser des tas de questions. Trop.

À 8 h 30, j'ai déjà récupéré tous les plateaux.

À 8 h 45, je suis devant la porte de la cellule n°3, prête à questionner Lorenzo.

À 8 h 50, je suis dans la cellule, seule avec lui.

- On commence ? Demandais-je.

- On commence Sarah.

- Pourquoi tu n'aimes pas qu'on t'appelle Lorenzo ?

La cellule n°3.Where stories live. Discover now