Chapitre 17 : Les révélations.

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- De la leur ?

Je reprends ses propres mots. De qui parle-t-il ?

- Oui. Celle de mes parents.

Je déglutis.

Le mot « parent » résonne dans ma tête. Cela me rappelle que son père est actuellement incarcéré pour viol incestueux, et qu'il a tué sa mère. J'ai parfois tendance a oublié qui j'ai en face de moi. J'aimerais tant qu'il se confie, mais je ne veux pas le pousser à me raconter cette histoire.

Je n'ai pas le temps de répondre qu'il reprend son récit.

- C'est à cause d'eux qu'elle s'est suicidée.

- Comment ça, Angelo ?

Il semble réfléchir. Peut-être qu'il hésite à se confier.

Il baisse sa tête et décide de tout me raconter.

- Quand j'étais enfant, j'avais l'impression, qu'à nous quatre, on formait une famille parfaite.

Il inspire, puis expire lentement, et reprend.

- Mes parents étaient fous l'un de l'autre. J'admirais tellement leur amour. Leur mariage était un exemple pour moi. Mon père appelé ma mère « Mia Maria d'Amore », ce qui la faisait toujours rougir, même après toutes ces années. Ils s'embrassaient tout le temps devant nous. À chaque fois que ma sœur et moi on les voyait, on cachait nos yeux, et on râlait. Mais au fond, on adorait voir cette tendresse. C'était si beau.

Il relève enfin son visage.

Mais mon cœur se brise lorsque je vois toutes ses larmes perlées sur ses joues.

- Mais je n'avais pas conscience à quel point cet amour était toxique.

Il s'arrête.

Je décide de ne pas l'interrompre, et d'attendre la fin de son histoire.

Il continue.

- À l'époque, je pensais que ma sœur et moi étions heureux. Notre mère s'occupait de nous, tandis que notre père partait travailler. Il était chirurgien et gagnait très bien sa vie. On avait une grande et belle maison dans le Sud de la France, dans laquelle j'adorais inviter mes copains. Ma sœur, elle, était plus timide. Elle n'invitait jamais personne, elle était plutôt solitaire. Mais on s'entendait à merveille.

À la simple pensée de sa sœur, il sourit.

- Avec le recul, aujourd'hui, je me dis que j'aurais dû le voir. Que c'était évident. Mais je n'étais qu'un enfant.

Il craque et baisse encore sa tête.

Mais cette fois-ci, je décide de me lever, et d'aller vers lui.

Je suis devant lui, mais il ne relève toujours pas son visage. Je décide, alors, de m'asseoir à côté de lui et de le prendre dans mes bras. Sa tête est sur mon épaule, je sens que des larmes coulent sur cette dernière. Je caresse lentement et tendrement ses cheveux pour le réconforter.

Je sais que je ne suis pas autorisée à faire cela, mais avant d'être un simple détenu et une surveillante, on est humain.

Il continue son histoire dans mes bras.

- Plus on grandissait, plus elle était distante avec moi. Elle ne me parlait plus comme avant, elle s'effaçait petit à petit. Elle avait l'air si triste. Un jour, je m'inquiétais tellement que j'ai décidé d'aller dans sa chambre, alors qu'elle n'y était pas. Je pensais qu'elle se faisait peut-être harcelée à l'école, ou qu'elle avait un chagrin d'amour. J'ai commencé a fouillé son ordinateur, puis son placard, et enfin ses commodes. Je n'avais rien trouvé jusque-là, puis je ne sais pas pourquoi j'ai décidé de regarder dans sa poubelle. Peut-être que j'allais tomber sur un mot, ou une évaluation avec une mauvaise note. Mais je ne pensais pas tomber sur un test de grossesse.

Mon cœur rate un battement. Je crois avoir compris.

- J'étais choqué, elle n'avait que 14 ans. Je ne savais même pas qu'elle avait eu un petit copain. Alors je me suis assis sur son lit, et j'ai attendu qu'elle rentre. Quand elle est arrivée, elle a sursauté, et elle m'a demandé ce que je faisais dans sa chambre. Puis je lui ai tendu le test. Elle s'est immédiatement mise a pleuré, et m'a supplié de ne rien dire à maman. Je lui ai alors promis de ne rien dire, mais qu'elle devait tout me raconter.

Il marque une pause, avant de reprendre.

- Elle s'est effondrée par terre. Et elle m'a avoué que notre géniteur abusait d'elle tous les soirs depuis des années. Aurora m'a tout décrit dans les moindres détails, la discussion a duré des heures. L'écouter a été pour moi une vraie torture. J'étais fou de colère. Alors je lui ai dit qu'il fallait prévenir maman et qu'il fallait appeler la police ! Il s'exclame et continu son récit.

- Mais elle s'est très vite renfermée sur elle-même. Et elle m'a rappelé ma promesse, que je ne devais surtout pas le dire à maman. Alors je lui ai demandé pourquoi, pourquoi je ne devais pas lui dire ? Toute ma vie, je me rappellerais de sa réponse à ma question.

- Elle a répondu quoi ? Je demande.

Il enlève sa tête de mon épaule, essuie ses larmes et me regarde intensément.

- Elle a dit « Parce que maman m'a fait promettre de ne pas te le dire ».

La cellule n°3.Where stories live. Discover now