Tous ses événements m'ont complètement bouleversé tant sur le plan émotionnel que physique.
Hier, j'avais l'espoir de voir Lorenzo. J'ose, je l'admets, je le confesse : j'aspirais même à engager une conversation avec lui.
Mais, à aucun instant, en aucune circonstance, je n'avais envisagé l'idée de l'embrasser.
Ironique. Non ?
En prime, j'assure désormais une nouvelle fonction. Je suis devenue sa nouvelle confidente.
Paradoxale. Non ?
Promotion que j'ai dû justifier, défendre, tant bien que mal.
Étonnant. Non ?
Si. Cette journée est définitivement surprenante. Et il n'est que midi. Désormais, je dois apporter les plateaux-repas aux détenus. Cette tâche est un retour à la réalité, à l'ordinaire. Curieusement, elle m'apporte du réconfort.
Comme d'habitude, le chariot m'attend devant le réfectoire. Rien n'a changé.
- Sarah ?
Ai-je parlé trop vite ?
- Oui Guillaume ?
- Comment ça va ? J'ai appris pour ton altercation avec Milla. Me demande-t-il.
- Oui, ça va merci.
Je décide de ne pas en dire plus. Je ne veux pas alimenter les commérages.
Alors, je m'apprête à partir avec le chariot, mais il me retient.
- Ne t'en fais pas, personne ne croit Milla.
De quoi parle-t-il ?
- Croire quoi ?
- Bah, que tu couches avec le détenu. Dit-il comme si c'était une évidence.
- PARDON ?! TU TE FICHES DE MOI ?! Hurlai-je.
- Euh, je, non. Tu ne le savais pas ? Me demande-t-il visiblement surpris.
- MAIS NON ! POURQUOI ELLE DIT ÇA ?! ELLE NE PEUT PAS DIRE ÇA ! Criais-je presque les larmes aux yeux.
Comment peut-elle dire ça ? Laisser courir de telles rumeurs au travail ? Je pourrais être jugée, être virée !
- Je suis désolé, je pensais que tu savais Sarah. Dit-il sincèrement.
Mais ne t'inquiète pas, vraiment personne ne la croit. Rajoute-t-il en essayant de me réconforter.
Mais c'est un échec.
Une colère immense et une profonde tristesse m'envahirent.
Je suis partagée entre l'envie de m'effondrer et de la tuer.
Quoi choisir ? Un meurtre ou des pleurs ?
Mes mains tremblent.
- Je vais la tuer. Dis-je à Guillaume.
J'ai choisi.
- Ne dis pas ça, certains sont ici pour moins que ça ... Me lance-t-il pour me faire rire.
- Je ne rigole pas Guillaume. Tu te rends compte ?? Ma réputation professionnelle est en jeu ! Tu imagines ?!
J'ai l'impression qu'il ne mesure pas la gravité de la situation.
- Je comprends Sarah ...
- Non, tu ne comprends pas ! Ce n'est pas toi qu'on accuse de coucher avec un détenu ! Simplement, parce qu'il a voulu te parler une fois !