Chapitre 9 : La personne.

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Solitude :

Sensation d'isolement. C'est le fait de n'être engagé dans aucun rapport social.

C'est ce que Lorenzo doit ressentir.

Culpabilité :

Sentiment de faute. C'est le fait d'être responsable d'une mauvaise action.

C'est ce que je ressens.

En effet, c'est ma faute.

Je me demandais comment il avait fait. Je me le demande plus.

C'est grâce au téléphone qu'il a pu demander qu'on dépose des bougies sur mon palier. La cause de sa nouvelle détention, est le moyen qu'il a utilisé pour m'envoyer un cadeau.

Tout ça pour moi. Tout ça à cause de moi.

J'aimerais tant lui parler. Lui demander comment il va. Le remercier.

Puis le questionner sur les détails de l'opération. Comment il a fait pour avoir un téléphone ? Pourquoi s'est-il donné cette peine ? Tant de questions. Des interrogations qui me brûlent les lèvres, et pourtant qui vont devoir attendre.

Combien de temps ?

Je ne sais pas.

J'espère qu'il n'endurera pas ce calvaire trop longtemps. Je sais qu'il a fait du mal par le passé, mais il ne mérite pas d'être traité de cette manière. Il est malade après tout.

Angoisse :

Sentiment de malaise, et de crainte.

C'est ce qui me traverse.

Et s'ils faisaient le rapprochement entre le téléphone de Lorenzo, et moi ?

Si Lorenzo a envoyé un message avec mon adresse par exemple, alors ce sera chose aisée de faire le lien. J'espère en tout cas qu'il n'a laissé aucune trace.

Certes, je n'ai rien fait. Mais je n'ai aussi rien dit.

En effet, je n'ai rien dit. Rien à propos de la fois où il m'a attrapé les mains. Rien lorsqu'il m'a interdit de l'appeler Lorenzo. Encore rien, lorsqu'il m'a souhaité un joyeux anniversaire. Et encore moins, à propos du colis.

Je n'ai jamais rien dit.

Pourquoi ? Je me pose la question.

Je ne sais pas.

Parce que c'est mon premier travail, et donc je n'ai pas osé ?

Ou parce que je pensais que c'était ma faute ?

Ou alors, parce que je ne voulais pas que ça s'arrête ?

Je ne sais vraiment pas.

11 h 45 sonnent.

Mon quart de surveillance est terminé.

Pierre est parti depuis longtemps. Enfin, je crois. Je n'ai pas fait attention. Après ses révélations, je suis restée songeuse. Il me semble qu'il avait clôturé notre discussion avec un « si tu le dit ». Mais je n'en suis pas sûre.

Je pars de la bibliothèque.

Normalement, à cette heure-ci, je devrais aller chercher Lorenzo chez le psychiatre. Mais pas aujourd'hui. Et peut-être pas demain non plus.

Je vais donc directement à la cafétéria, prendre les plateaux-repas de ce midi.

Midi arrive. Je commence à donner les plateaux-repas.

12 h 30 passées. Je les reprends.

Presque 13 h, je vais manger.

Je me dirige vers la salle de pause.

Milla arrive en même temps que moi. Elle me sourit et me salue.

- Comment ça va Milla ? Lui demandais-je poliment.

- Oui, ça va et toi ? Ton deuxième jour alors ?

- Ca va merci.

- Aucun incident ? Sa question est tendancieuse. Comme par hasard, elle me demande ça. Je suis sûre qu'elle sait déjà. Et qu'elle fait référence à Lorenzo.

- Rien. À part qu'un détenu de mon aile a été placé au trou cette nuit.

- Oui ! J'ai appris qu'il avait en sa possession un téléphone ! Dit-elle surexcitée. Elle savait donc.

- Oui apparemment. Dis-je avec beaucoup moins d'enthousiasme.

- C'est la première fois depuis que je suis arrivée qu'il y a une affaire de ce genre ! Un détenu avec un téléphone dans sa cellule, c'est du jamais-vu ! Je me demande comment il a fait. Tu penses que quelqu'un l'a aidé ?

- Je ne sais pas du tout Milla. Dis-je désintéressée.

- Moi non plus, mais tu peux être sûre qu'il va y avoir une enquête.

- Une enquête ?! M'exclamai-je, beaucoup moins indifférente.

- Bien sûr ! Tous les responsables sont sur l'affaire. C'est très grave !

Je ne dis rien, puis elle reprend en chuchotant dans mon oreille :

- Ils pensent que c'est un surveillant qui l'a aidé.

- Quoi ?! Mais c'est moi sa surveillante ! M'écriai-je.

Elle rigole.

- Oui, mais seulement depuis hier. Apparemment, il l'a depuis plusieurs jours.

- Qui alors ? Peut-être un surveillant de nuit ? Dis-je sérieusement.

Elle se penche vers moi et me répond doucement :

- Ou Pierre.

- Mais tu es folle, c'est le responsable ! Dis-je, peut-être, un peu trop fort.

- Oui, mais réfléchie, les gardes de nuit n'ont aucun contact avec les détenus. Ils n'ont pas les accès pour ouvrir les cellules. Alors comment un gardien de nuit aurait pu donner un téléphone ?

- Je ne sais pas. Mais pourquoi Pierre ?

- Parce que c'est le seul qui s'occupait de cette aile avant que tu n'arrives. Si c'est un surveillant, c'est forcément lui ! Dit-elle fière de son enquête.

- Peut-être. Dis-je dubitative.

- C'est sûr ! Sinon qui d'autre ?

- Ce n'est peut-être pas un surveillant qui l'a aidé.

- Qui alors ?

- Un détenu peut-être.

- Même si ça vient d'un détenu, ce téléphone n'est pas apparu par magie. Un surveillant a dû le faire entrer.

- Ou un docteur ?

La cellule n°3.Where stories live. Discover now