Chapitre 7 : La solitude.

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Je suis sous le choc.

Ça ne peut être que lui : Lorenzo.

Mais c'est impossible, impensable.

Néanmoins, ça ne peut pas être une coïncidence. Il m'a dit aujourd'hui même de souffler mes bougies. Et maintenant, j'ai un colis avec des bougies d'anniversaire et un mot me disant de les souffler.

De plus, il n'y a ni nom, ni adresse sur le carton. Il a donc été déposé. Et aucune personne de ma famille, ni même ami, n'aurait prit cette peine. Ils ne m'ont même pas envoyé un simple texto pour l'occasion. C'est donc forcément lui.

Mais alors comment s'est-il débrouillé pour m'envoyer ce colis ? Il est en prison.

A-t-il un contact ? Mais il n'a aucun moyen de communiquer avec l'extérieur.

C'est tellement étrange.

Pourquoi l'aurait-il envoyé ? Pourquoi se donner cette peine ? Sauf si ce n'est pas lui, et que je me monte la tête pour rien, encore une fois. Mais tout me pousse à croire que c'est Lorenzo.

Et ne craint-il pas que je le dénonce ? Après réflexion, je me dit que je n'ai aucune preuve.

Mais aussi comment a-t-il eu mon adresse ? Peut-être sur le même C.V. où il a vu ma date de naissance.

J'ai beaucoup de questions. Je suis tellement secouée par ce « cadeau ».

Avant de me faire des idées, je me dois de vérifier si ce n'est pas un membre de mon entourage qui me l'a envoyé.

Question famille, c'est facile, je n'ai plus que ma mère.

Et concernant mes amis, c'est encore plus simple, je n'en ai pas. Plus précisément, je n'en ai plus.

Donc la seule personne que je me dois d'appeler pour vérifier, c'est ma mère. Triste de devoir moi-même l'appeler le jour de mon anniversaire. Nous ne nous sommes pas parlées depuis des mois, depuis que je suis partie. Je doute qu'elle veuille que je l'appelle. Ce qui me pousse encore plus à croire que c'est Lorenzo l'envoyeur et non ma mère.

Mais il faut que j'en sois sûre avant d'accuser Lorenzo.

Je tape donc le numéro de ma mère sur le clavier de mon téléphone.

Je suis plus anxieuse à l'idée de téléphoner à ma mère que de questionner un détenu.

Ca sonne.

Et si elle ne me répondait pas ?

Ca sonne encore.

Mes mains tremblent.

Elle répond enfin :

- Oui ?

- Allô maman, c'est moi, je ne te dérange pas ?

- Je sais que c'est toi. Tu veux quoi ?

Toujours aussi apathique.

- Je voulais savoir si, par hasard, tu m'avais envoyé un colis aujourd'hui ?

J'entends un faible ricanement. Et elle me répond tout simplement par la négative. Puis elle raccroche.

Je savais que c'était ridicule de penser que c'était elle qui me l'avait envoyé. Mais au fond, j'aurais préféré qu'elle ait pensé à moi en ce jour, plutôt qu'un psychopathe.

Au moins, le psychopathe a pensé à moi. En y réfléchissant, c'est le seul qui m'a souhaité un joyeux anniversaire. Finalement, je devrais être reconnaissante envers lui. Même si le colis est quelque peu inquiétant, dans un sens, je trouve ça mignon.

Une larme coule sur ma joue.

Je ne peux que constater que je suis terriblement seule. Et de toute évidence, je n'ai pas choisi cette solitude.

Le constat est simple : un inconnu m'apprécie plus que ma propre mère.

Cette femme a arrêté de m'élever à la mort de mon père. Donc, dès que j'ai pu, je suis partie pour la soulager de ma présence. Me voir, m'entendre, me sentir, était trop dure pour elle. Je ressemblerais trop à mon père selon elle.

C'est vrai que nous avions quelques caractéristiques en commun.

Physiquement, j'ai les cheveux noirs, comme lui avant. Et il était petit, comme moi. Puis j'ai hérité de ses yeux bleus. Nos visages se ressemblaient beaucoup, à l'exception de mes taches de rousseur, que j'ai héritées de ma mère.

Une fois, un soir, ma mère était sur le balcon, une cigarette à la bouche et un verre à la main. Et elle m'a confié, les yeux mouillés, qu'elle détestait m'entendre rire, car elle avait l'impression de l'entendre lui, alors que ce n'était que moi. Depuis ce jour, je n'ai plus jamais ri en sa présence. Puis elle a ajouté qu'elle aurait préféré me perdre, moi.

Je l'ai détesté pour ses mots. Puis, j'ai compris. Elle n'avait pas été méchante ce soir-là, mais juste honnête. Une vérité qui fait mal, mais une vérité quand même.

Le jour où j'ai perdu mon père, j'ai perdu ma mère aussi.

Alors, oui, une larme coule sur ma joue.

J'ai pris une claque ce soir, la solitude m'a giflé.

J'essuie cette larme.

Puis, après un long moment, je prends les bougies, les allume, et les souffle.

Et même si cette soirée ne fut que le triste miroir de mon isolement social, les avoir soufflé, m'a fait sourire. Ça faisait tellement longtemps que je ne l'avais pas fait.

Alors, psychopathe ou non, merci Lorenzo.

La cellule n°3.Where stories live. Discover now