Chapitre 29 : La notification.

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Je regarde Bryan outrée. A-t-il vraiment prononcé ces mots ? Les mêmes mots qu'a prononcé Lorenzo plutôt.

Ai-je rêvé ?

- Ce n'est pas à toi que je parle. Crache Lorenzo.

Non. Je n'ai pas rêvé.

- Oups. Répond Bryan, très arrogant.

Je ne sais pas quoi dire.

Pourquoi Lorenzo est venu nous interrompre ? Pourquoi Bryan a répondu ainsi ?

Derrière le grillage, j'entrevois la colère du détenu. Et je n'ai pas besoin de me retourner pour deviner le sourire sournois de mon collègue.

- Bryan va s'occuper de vous aujourd'hui. Dis-je pour changer de sujet de conversation.

L'atmosphère lourde et pesante demeure inchangée. Lorenzo décide de me répondre.

- Pourquoi ? Me demande-t-il sans dévier son regard de Bryan.

Mais mon collègue ne me laisse pas le temps de répondre.

- Ça ne te regarde pas, détenu. Lâche mon pair.

Objectivement, il n'a pas tort.

Subjectivement, il est sévère.

Finalement, Lorenzo se détourne de Bryan pour me regarder.

Attend-il une réponse ? Une réaction de ma part ?

Que faire ? Au fond, je ne sais pas. Après notre dispute, je ne sais pas si je dois le défendre. Bryan a peut-être raison, il doit rester à sa place de détenu. Cependant, je trouve mon collègue particulièrement dur, voire méchant avec Lorenzo. Il m'attriste derrière son grillage, impuissant. Avec sa cicatrice, il me fait penser à un chien battu, en cage.

Mérite-t-il d'être traité ainsi ?

- Je vais rentrer chez moi. Dis-je en montrant mon bras à Lorenzo.

- Je vois. Me répond-il.

Mais il se retourne vers Bryan.

- Tu vois, ça me regardait. Finit-il par dire avec le même sourire qu'affichait plutôt mon collègue.

Avant qu'il ne puisse répondre. J'interviens.

- Tu peux t'en aller maintenant. Dis-je plus durement à Lorenzo.

Il s'exécute. Sans un mot.

Je me retourne aussitôt vers Bryan.

- Mais qu'est-ce qui t'a pris !?

- Comment ça ? Me demande-t-il en faisant mine de ne pas comprendre.

Je décide de reprendre ses propres mots.

- « Quoi ? Tu es jaloux ? » Dis-je en mimant des guillemets.

- Il l'était. Me répond-il tout simplement.

- Je te demande pardon ?

- Il nous fixait depuis le début ! C'est un malade.

- Mais on s'en fou Bryan ! Ce n'est pas une raison pour être méchant. Je m'énerve.

- Tu m'as trouvé méchant là ? Pas moi. C'est peut-être toi qui es trop gentille Sarah. Mais c'est normal, tu es encore jeune. Répond-il avec un ton plus doux.

Je râle. L'atmosphère est déjà plus détendue.

- Quoi ? C'est vrai, tu es à peine majeur. Dit-il en riant doucement.

- Toi aussi, tu es jeune, je te rappelle. Lâchais-je avec un sourire.

- Ah bon ? À ton avis, j'ai quel âge ? Me demande-t-il joueur.

Aïe. Je n'en ai aucune idée.

Bryan est châtain, et très clair de peau. Il paraît vraiment jeune. Son style vestimentaire aurait pu m'aider. Mais je ne l'ai jamais vu en sans son uniforme.

Rien ne m'aide.

- J'aurais dit, je ne sais pas, 25 ans ? Dis-je en faisant semblant de réfléchir.

- Mais vu la maturité dont tu as fait preuve tout à l'heure, je dirais plus 20 ans maintenant. Continuais-je en le piquant gentiment.

Il rigole.

- J'ai 24 ans. Me répond-il.

Lentement, un silence s'installe. Celui-ci n'est pas embarrassant. C'est simplement un retour au calme.

- Tu as des questions pour aujourd'hui ?

Je brise cette quiétude.

- Non, ne t'inquiète pas. On m'a tout expliqué. Rentre. Me répond-il gentiment.

- Merci encore Bryan.

- Avec plaisir Sarah. Et n'hésites pas à prendre plusieurs jours si besoin, je te remplacerais.

- D'accord. Et sois gentil avec mes détenus ! Rétorquais-je avec un sourire.

Il sourit à son tour.

- Promis, maintenant va-t-en ! Dit-il en rigolant.

Je me lève et le remercie une dernière fois.

- À demain. Dis-je en partant.

Malgré la distance qui nous sépare, je l'entends râler fortement, et dire " Je t'interdis de revenir demain ! Repose toi hein ! " Je ris.

Je ne sais pas si je ne vais pas revenir demain.

Avant de m'enfoncer dans le couloir, je regarde une dernière fois l'arène. Je cherche Lorenzo brièvement. Mais je ne le trouve pas.

Je pars donc. Doucement, je m'en vais. Je me dirige vers les vestiaires. Ils sont vides. Rien d'étonnant à cette heure-ci.

Je me change, passe les portiques et vais à ma voiture.

Assise derrière le volant, je ne peux m'empêcher d'être songeuse. Je pense à cette journée épuisante et pénible. Mais au bout de quelques minutes, je décide de décoller.

Une demi-heure plus tard, je suis arrivée. Je ne pense qu'à une seule chose : dormir. A peine la porte de mon appartement ouverte, je fonce dans ma chambre. Je mets un énorme tee-shirt, je me détache les cheveux, et je me glisse dans mon énorme couette. Cette sensation est divine.

Je veux juste dormir.

Et je dors.

Combien de temps ?

Je ne sais pas.

Mais je dors longtemps.

Le son d'une notification me réveille de ce coma.

Difficilement, je tends le bras sur ma table de chevet. J'essaie de rattraper mon téléphone. Après plusieurs échecs, je réussis.

Je vois qu'il est 21 h 24. J'ai vraiment dormi longtemps.

J'ai reçu deux messages.

Un à 16 h 08. C'est le directeur. Il me dit de bien me reposer, et de lui donner des nouvelles.

Un autre à 21 h 22.

« Comment va ton bras ? »

La cellule n°3.Where stories live. Discover now