Chapitre 18 : Le commencement.

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Mon sang se glace. Ai-je bien entendu ?

Sa mère savait ? Elle savait que sa fille, Aurora, se faisait violer par son père ?

Et elle a décidé de rien dire. De ne rien faire. Pire, elle a empêché que sa fille ne se libère.

Elle est la complice de son mari. Elle est la complice de ce crime.

Face à mon effroi et à mon silence, il reprend :

- Tu imagines ?! Elle le savait ! S'exclame-t-il en se levant.

- ELLE LE SAVAIT ! Répète-t-il en hurlant.

Sa tristesse s'est transformée en colère.

Non.

En rage. Il est fou de rage.

- Angelo ? J'essaie de le calmer.

Il est incontrôlable. Il pousse des cris et des hurlements.

Je me lève et je le rejoins au milieu de la pièce, mais il me repousse.

- Calme-toi Angelo.

Mais il ne m'écoute pas.
Il s'en prend au bureau. Il le balance, tout simplement. Comme si c'était une vulgaire poupée. Les feuilles volent, les stylos tombes, l'ordinateur se casse.

Un cri m'échappe.

Il se retourne, et fonce sur moi. Violemment, il me prend le bras et me hurle dessus.

- ELLE LE MERITAIT ! ELLE LE MERITAIT ! ELLE LE MERITAIT !Répète-t-il sans cesse.

Je comprends qu'il fait référence au meurtre qu'il a commis. À son matricide.

Il s'effondre, et tombe à mes pieds.

Je me baisse et le prends dans mes bras.

- Je comprends Angelo. Dis-je tout bas.

- Non, c'est faux, je suis un monstre. Me répond-il dans un sanglot.

Je lui relève la tête.

- Non, tu n'es pas un monstre.

- Mais je l'ai tué. Je l'ai cherché dans toute la maison et quand je l'ai vu, je lui ai hurlé dessus. Je lui ai demandé comment elle avait pu laisser faire mon père. Et elle a simplement dit qu'elle l'aimait. Je suis devenu fou, j'ai foncé sur elle et je l'ai étranglé. Aurora m'a supplié d'arrêter, mais c'était déjà trop tard.

Face à mon silence, il ajoute froidement :

- Je ne suis pas un monstre parce que je l'ai tué. Je suis un monstre parce que je ne le regrette pas.

- Elle le méritait. Finit-il par dire en me fixant.

Que dois-je répondre ? Je ne peux pas banaliser un meurtre. Mais je peux comprendre sa rage.

- Il s'est passé quoi ensuite ?

- Après, Aurora a appelé la gendarmerie. Et tu connais la suite. Dit-il en se levant.

- Oui. Toi, tu as été arrêté pour le meurtre de ta mère, et lui pour le viol de sa fille.

- C'est à peu près ça, oui. Me répond-il en essayant de remettre le bureau en place. Quelle belle famille ! Lance-t-il ironiquement.

Il ne me regarde plus, et fuit la discussion. A-t-il honte ?

Honteux à cause de l'acte qu'il a commis ?
Mais j'ai toujours su qu'il avait tué sa mère.
Ou honteux de s'être montré dans cet état ?

Avec lui, j'essaie d'arranger la pièce. Je ramasse les stylos, et les feuilles.

- Arrête.

Je le regarde sans trop comprendre.

- Arrêter quoi ?

- De ranger. Ce n'est pas à toi de faire ça, mais à moi.

- Je peux t'aider quand même.

- Non.

De ses deux mains, il me prend les stylos que je tenais, et les balance. Puis, doucement, il lève ma main vers lui, et vient ajouter un baiser sur celle-ci.

- C'est moi qui ai dérangé, alors c'est moi qui doit rangé, princesse.

Quelques longues secondes après je retire ma main.

Gênée, je me retourne et m'écarte.

- Je suis ta surveillante, Angelo. Lui dis-je dos à lui.

- Et moi ton détenu, Sarah. Je sens qu'il se rapproche de moi.

- Donc tu ne peux pas.

- Je ne peux pas quoi ? Dit-il en me retournant.

Je ne réponds rien.

- Je ne peux pas me confier à toi ? T'approcher ? T'offrir des bougies pour ton anniversaire ? Te baiser la main ? Me demande-t-il en levant mon menton vers lui, me forçant donc à le regarder dans les yeux.

Il se rapproche de plus en plus. Nous ne sommes qu'à quelques centimètres de l'un et l'autre.

Je décide de prendre la parole, et de lui répondre enfin.

- Exactement.

- Qu'est-ce qu'on fait alors ? On arrête ? Ou on continue ? Dit-il avec un sourire en coin.

- On doit arrêter Angelo. Je suis sérieuse. Ce n'est pas bien, on n'a pas le droit.

Je baisse une nouvelle fois la tête. Nous sommes trop proches. Beaucoup trop.

Et si quelqu'un entrait ?

- On doit arrêter, mais, est-ce que tu veux arrêter ?

- C'est pareil Angelo.

- Non, pas pour moi Sarah. Dit-il en relevant une nouvelle fois la tête.

- Alors est-ce que tu veux ou pas ? Ajoute-t-il.

J'essaie de détourner mon regard de ses yeux océans, mais il m'en empêche.

- Regarde-moi. Chuchote-t-il presque.

Je le regarde et je craque.

- Non, je ne veux pas arrêter. Soufflais-je.

- Moi non plus. Dit-il en comblant les quelques centimètres qui nous séparaient en m'embrassant.

La cellule n°3.Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon