- Entrez ! Dit une voix grave.
J'inspire.
J'expire.
Et je rentre enfin.
- Asseyez-vous. M'ordonne froidement le directeur.
Je m'assois.
Devant la grande fenêtre, le médecin me sourit. Tente-t-il de me rassurer ? Si c'est le cas, c'est un échec.
En effet, je ressens un stress intense, immense. Mon cœur bat à un rythme effréné, et mes paumes sont moites.
Je tente de dissimuler ma nervosité en souriant à mon tour. L'air de dire : « Tout s'est très bien passé, des questions ? »
Mais je perds rapidement ce sourire.
- J'ai été surpris quand j'ai appris que le détenu Alberti, vous avez demandé. Commence le directeur.
- Moi aussi. Ajoute le docteur Zaligue.
L'atmosphère est lourde dans le bureau. Je ne réponds rien.
- Pas vous ? Reprends le directeur.
La tension est palpable, sans doute amplifiée par le stress intense que je ressens. J'ai l'impression que mes réponses seront scrutées et évaluées.
Je me ressaisis.- Si ! Bien sûr. Je ne m'attendais pas à ce qu'on vienne me chercher.
- Non, ça, je me doute. Mais est-ce que vous vous attendiez à ce qu'il vous réclame Sarah ? C'est ma question. La voix du directeur est plus dure.
C'est clairement un interrogatoire. Non, c'est un procès ! Et je suis la présumée coupable.
Mais coupable de quoi ?
Moi, je le sais. Mais eux ?
- Non, non plus. Dis-je en bégayant.
- Pourquoi vous a-t-il demandé ?
Est-ce qu'il pense que c'est moi qui lui ai donné le téléphone ? Je sais que l'enquête est en cours, mais Lorenzo l'avait avant mon arrivée !
- Je ne sais pas du tout.
- Vraiment ? Dit-il dubitatif.
Je dois trouver une explication, mais laquelle ?
- C'est vrai qu'en le déposant devant votre cabinet, il m'a fait part de sa réticence à la séance de psychanalyse. Dis-je en regardant le docteur.
- Vous lui avez répondu quoi ? Demande le directeur, curieux.
- Qu'il n'était pas obligé de parler. Mais, je ne pensais pas qu'il n'allait prononcer aucun mot durant la séance ! Dis-je sur la défensive.
Les deux hommes se regardent.
Que pensent-ils ?
- Encore moins qu'il allait me réclamer. Finis-je.
Un silence pesant s'installe.
Curieusement, c'est finalement le docteur qui le rompt.
- Il vous a dit quoi ?
Brusquement, le directeur tourne sa tête vers moi. Manifestement, il éprouve un grand intérêt pour cette question.
Je ne peux pas répondre « rien ». Je dois assouvir leur curiosité.
- Au début, je lui ai demandé de quoi il voulait parler. De quoi il voulait ME parler. Insistais-je. Et il m'a simplement répondu « de tout ».