Le sourire de Kanon

Nouveau dieu

Kanon s'était avancé. Au vue des circonstances, il ne s'était pas attendu à une ovation mais plutôt à une huée. Seulement, c'est le silence qui l'accueillit lorsqu'il se présenta devant ces hommes. Sans doute étaient-ils tous aussi consternés que lui de la présence d'un chevalier d'Athéna, passé un moment Marinas de Poséidon, à la tête des armées d'Hadès.

La situation était des plus comiques. Et lui-même en aurait rigolé à gorge déployée si ce n'était pas à lui que cette mauvaise farce arrivait. Pour résumer, c'était « il avait voulu sauver ce monde, qu'il le protège maintenant ».

L'ombre était partie sans rien ajouter d'autre, tout comme les autres dieux, laissant Kanon, nouvellement devenu dieu des Enfers avec trois juges et une déesse totalement abasourdis par ce qui venait de se passer. Lui-même était resté pétrifié. Il avait cru mourir lorsque l'ombre avait posé ses mains sur son cœur. Tous ses os avaient semblaient s'être réduit en miette alors que ses chairs bouillonnaient, et ce pendant une éternité. Puis doucement, il avait senti comme un liquide partir de son cœur, suivre ses artères pour s'écouler lentement dans toutes les cellules de son corps. Comme si l'humanité de Kanon avait été détruite pour faire naître un dieu. Il était resté silencieux et immobile un long moment, l'esprit vide mais le corps débordant d'une nouvelle vie, différente. C'était Perséphone qui l'avait sorti de cette léthargie en posant sa main sur l'épaule du nouveau dieu. Celui-ci l'avait violemment bousculée pour l'éloigner de lui. Il lui en voulait. Terriblement. C'était de sa faute s'il en était là ! Si elle avait pris ses responsabilités envers ce monde, il n'en serait pas là. Alors il ne voulait plus la voir, elle n'avait qu'à retourner sur l'Olympe puisque c'était ce qu'elle voulait. Quand aux trois juges, ils avaient mis encore plus de temps pour réagir. Le choc sans doute ou le fait que Kanon ait pu si aisément éloigner la déesse.

Toujours était-il que maintenant, le cadet des Gémeaux était présenté aux cent huit spectres comme le nouveau seigneur des Enfers, à la place de leur vénéré Hadès. Et les spectres semblaient aussi ravis que leur nouveau dieu de la situation. Kanon les détailla. C'était vraiment ironique. Il en avait tué certains et ils devaient l'accepter comme leur maître. Personnellement, il ne l'accepterait pas. Alors son discours, parce qu'il devait en faire un pour motiver ses troupes, fut bref.

- Ceux qui préfèrent partir, le peuvent. (Par contre, point de vue motivation, on repassera). Il n'y aura aucune conséquence. (Puis, il se tourna vers les trois juges). C'est valable pour vous aussi. Je préfère me retrouver seul que de traîner des boulets.

Les trois juges avalèrent la couleuvre sans prononcer un mot, conscients de ne pas avoir été à la hauteur lors des derniers combats. Cette dernière guerre, c'était Kanon qui l'avait gagnée, pas eux. Il avait donc le droit de les virer comme des malpropres. Ils ne méritaient pas les surplis qu'ils portaient. Et au lieu de ça, il leur laissait le choix de rester ou de partir. Les spectres n'ayant aucune notion d'un compliment ou d'un encouragement, ils le prirent comme une humiliation supplémentaire, surtout les trois juges dont l'égo et l'arrogance étaient exceptionnellement hauts. Hauts ou pas, ils s'étaient montrés particulièrement lamentables et peu enthousiastes à suivre et à se battre auprès d'un chevalier d'Athéna qui s'était montré plus efficace qu'eux, même sans aucune protection.

Alors lorsque Kanon s'éloigna vers la Giudecca, aucun des trois juges ne se retourna, ils continuaient de fixer droit devant eux. Leurs arrogances avaient été salement touchées. Déjà qu'ils s'étaient fait battre sur leur territoire par les chevaliers d'Athéna mais en plus c'était l'un d'eux, qu'ils avaient méprisé et un peu torturé (n'est-ce pas Minos) qui s'était battu pour sauver leur monde. Incompréhensible et inimaginable selon eux.

Kanon s'était arrêté devant la Giudecca. Même en ruine, le bâtiment restait imposant. Et il devait tout reconstruire. Il n'eut même pas la force de soupirer. Il se décida à pénétrer dans les restes de la bâtisse. L'intérieur n'était pas en meilleur état. Les chevaliers d'or n'y étaient pas allés de main morte. Pourtant le trou, bien circulaire, dans le Mur des Lamentations semblait si petit, juste de quoi se tenir debout mais sur tout l'épaisseur du mur. Kanon resta un moment à observer le passage. A l'autre bout, l'inter-dimension, était intraversable pour tout autre que les dieux. Mais Hadès était mort et cette dimension s'était trouvée déstabilisée alors Kanon l'avait stabilisée pour pouvoir passer avec les trois autres dont un Minos totalement réticent suite à une expérience quelque peu traumatisante du lieu.

- Vraiment, je suis impressionné par ce trou.

- Je croyais t'avoir dit de t'casser, répondit sèchement Kanon sans se retourner vers la déesse.

- Je vais rester quelques temps. (Le bleuté se tourna vivement vers elle en la fusillant du regard). Tu n'es qu'un « apprenti dieu » et tant qu'il en sera ainsi, je resterai. Ne t'en déplaise.

En effet, la présence de la déesse déplaisait fortement à Kanon. Il avait suffisamment vu sa face de « je-ne-veux-pas-prendre-la-succession-d'Hadès-alors-que-je-suis-la-reine-des-Enfers ». C'était à cause d'elle qu'il se retrouvait dans cette galère. Le statut de sauveur de ce monde lui aurait largement suffit. Là, il aurait pu se gausser des juges et du fait qu'ils n'avaient pas cru en lui pour sauver leur monde. Il leur aurait balancé, tout fier de lui, que les chevaliers d'Athéna pouvaient tout faire et il serait rentré au Sanctuaire pour le reconstruire sous un soleil harassant. Au lieu de ça, il devait reconstruire les Enfers. Sinistre perspective.

- Fais comme tu veux du moment que tu m'gonfles pas.

- Bien, nous allons donc commencer par la visite de ce qui reste de la Giudecca.

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Notes de l'auteure :

Normalement, le chapitre nommé Le Sourire de Kanon devait faire partie d'une autre fanfic que j'ai écrite, en fait la première que j'ai écrite. Mais cette partie a été particulièrement obsédante (et c'est rien de le dire) allant même jusqu'à m'empêcher de dormir. Si si je vous assure. Les personnages ne m'ont laissée tranquille que lorsque j'ai publié cette partie sur Wattpad. Enfin, j'ai pu dormir !!!

Pour moi, c'était terminé. Certes, ces passages ne seraient pas dans la fanfic (ne la cherchez pas, elle n'est pas publiée) mais au moins j'étais tranquille. Enfin ça, c'était ce que je croyais.

Parce qu'il y a quelques jours, ils sont revenus à la charge, me réclamant une suite !!! M'empêchant même de travailler sur autre chose, et notamment Sanctuary. Donc, pour pouvoir dormir et continuer mon histoire en cours, je leur aie céder, encore. Et les revoilà donc avec une suite ! Mais ne pensez avoir des chapitres réguliers, ce sera lorsqu'ils viendront me hanter.