Un bon bain

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Perséphone était folle de rage. Elle avait cherché Kanon pendant des heures. Elle avait même de nouveau envoyé les spectres à sa recherche et ils n'avaient pas que ça à faire ! Enfin, les juges, rectifia Kanon, parce que les autres, il se demandait à quoi ils pouvaient bien servir. Toujours était-il que Môssieur rentrait tranquillement de sa promenade, comme si de rien n'était ! Et dans un état lamentable s'il vous plaît.

Mais où avait-il pu aller traîner pour se retrouver dans un tel était de crasse ?

Kanon la regardait sans un mot et imperturbable. Les sermons houleux, pour rester poli, il connaissait. Son frère lui en avait fait quelques uns. Et la technique du cadet était des plus simples : laisser l'autre s'énerver tout seul. Et c'était ce qu'il faisait actuellement alors que la déesse époumonait à faire trembler les Enfers. Et lorsque les organes respiratoires et vocaux de Perséphone eurent atteint leurs limites, elle envoya le nouveau dieu prendre un bain comme on y envoie un gamin. Kanon resta encore un instant avant de lui lancer un « c'est où la salle de bain, déjà ? » Ce qui eut pour effet de faire repartir la colère de la déesse. Mais à quoi avait servi la visite qu'elle s'était évertuée à lui faire ?

Satisfait de son pouvoir d'énervement, il n'y avait que sur Saga que ça marchait d'habitude et il comptait bien s'en servir sur les spectres, il se dirigea vers la cuisine pour sa toilette. Il aurait bien opté pour l'un des fleuves mais il doutait un peu de la qualité de l'eau ! Au moins, celle de la cuisine semblait normale.

Habitué à un minimum de confort au sanctuaire, il avait déjà commencé à faire chauffer de l'eau lorsque Naïana rentra dans les cuisines.

- Seigneur Kanon ?

- C'est bon, t'inquiète, j'vais faire une bonne toilette bien complète avant de manger, lui répondit Kanon en mettant les doigts dans l'eau pour en tester la température.

- Votre bain est prêt.

Le nouveau seigneur des Enfers détailla la servante des pieds à la tête. Mais elle ne pouvait pas lui dire ça avant ! Ça lui aurait évité d'être olfactivement torturé par les plats qui mijotaient à côté de sa grosse gamelle d'eau ! Cela faisait plus d'une heure qu'il tentait de résister à la délicieuse odeur qui avait envahi les cuisines. Au point, qu'il s'était demandé s'il allait pouvoir résister longtemps !

En soupirant, Kanon se laissa guider par Naïana jusqu'à la salle de bain. Enfin, il l'aurait plutôt renommé "piscine". Il faisait bon ici. L'air était chaud et la vapeur exaltait une odeur agréable d'océan. Il resta immobile un instant pour s'imprégner de ce parfum qui lui rappelait la Grèce, le sanctuaire. Il sentait même le soleil réchauffer sa peau. Et tout un tas de souvenirs lui remontait en mémoire, pas toujours joyeux. La vie du sanctuaire n'était pas facile surtout pour lui qui ne devait pas se montrer aux autres, jamais. Que personne ne connaisse jamais son existence. Mais finalement, il en était à la regretter. Même la vie au sanctuaire sous-marin lui semblait maintenant plus douce. C'était sans doute à cause de la luminosité. Il faisait si sombre ici, tout le temps. Il ne savait même pas d'où pouvait provenir cette lumière.

Il regardait la surface fumante mais son esprit était ailleurs. Sur une plage ou assis sur un rocher, à regarder les vagues onduler à la surface de la mer. Il sentait ses joues tremblotantes. Elles voulaient obstinément abaisser la commissure de ses lèvres. Il faisait des efforts pour empêcher celles-ci de trembler. Il sentit son cœur sombrer doucement et ses yeux piquer. Il était sur le point de pleurer, il le sentait. Il luttait désespérément pour empêcher les larmes de couler. Il ne voulait pas pleurer. Pas ici. Mais le souvenir de la mer était puissant, plus puissant qu'il ne l'aurait cru. Pourtant, il s'en moquait de la mer avant. Il regrettait ce temps. Il se souvenait à peine des vagues se glisser entre les rochers. Quel idiot de ne pas avoir davantage profité de ce spectacle. Maintenant, il regrettait. Aujourd'hui, elle lui manquait. Pourquoi n'avait-il pas davantage profiter des spectacles toujours changeant que la mer lui avait proposés. Non, il avait toujours eu mieux à faire. Comploter. Contre Athéna. Contre Poséidon. Mais pas contre Hadès. Il aurait peut-être dû, sans doute n'en serait-il pas là.

Le sourire de KanonOnde histórias criam vida. Descubra agora