Partir là-bas

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Eirik était soulagé, il avait pu récupérer ses comptes sur les réseaux sociaux et il s'était trouvé deux personnes pour mener à bien ses expériences. Même mieux ! Allan avait approché de très près la mort.

Une chance qu'aurait bien aimé vivre Eirik. Bien sûr, il pouvait lui poser les questions qu'il voulait, mais il n'était pas pareil que de vivre sa mort ! Eirik n'avait pas envie de mourir mais il avait l'impression que sa place n'était pas ici et il voulait voir ce qu'il y avait de l'autre côté. Le ressentir. Que ressentait-on ? Aucune idée. Allan ne s'en souvenait pas. Il se rappelait de la voiture qui avait grillé le stop et percuté la sienne. De sa tête heurtant la vitre de sa portière. Mais rien d'autre.

Eirik écoutait avec la plus grande attention, cherchant dans les propos du blond quelque chose qui pourrait le mettre sur la voie de l'au-delà. Il avait toujours été fasciné par la mort. Depuis qu'il était petit, se demandant ce que ça faisait de mourir. Alors à la moindre occasion, il mettait sa vie sur le fil tranchant de la mort mais toujours sans résultat. Comme si la Mort lui refusait ce privilège. Alors dès qu'il rencontrait quelqu'un ayant frôlé la mort, il lui posait des questions jugées indécentes. Et les réseaux sociaux étaient un formidable outil pour ses recherches ! D'ailleurs, il discutait souvent avec un russe, Mikhail, passé à travers la glace en plein hiver. Il avait approché la mort et ce qu'il avait ressenti, c'était surtout cette impression d'être enfin utile, que sa vie allait enfin prendre un sens.

Mourir dans de l'eau gelée, c'était possible pour Eirik. Il habitait en Norvège, les hivers étaient rudes. Mais pour cela, il devrait attendre l'hiver. Et peut-être même, monter plus vers le nord.

- En attendant, Allan doit revenir pour nous raconter, intervint Rajiv pour calmer un peu le subit enthousiasme d'Eirik.

Alors ce dernier proposera une approche semblable à celle d'un film* qu'il adorait. Sauf qu'eux n'étaient pas un étudiants en médecine et ils n'auraient pas accès aux produits. Mais ils plongeraient Allan dans un bain d'eau froide pour ralentir son métabolisme et le Norvégien se chargerait de l'étrangler avec un foulard, juste assez pour qu'il sombre vers l'inconscience. Allan détailla un moment le « cinglé » qui se trouvait en face de lui. Et en plus, aucun d'eux n'était sûr que ça fonctionne !


Et ça avait fonctionné. Bon, pas du premier coup ! Allan avait eu des difficultés pour se détendre une fois plongée dans l'eau glacée. La détente et la méditation n'étaient déjà pas son truc et encore moins dans une baignoire d'eau gelée ! Il avait à peine senti Eirik passer le foulard autour de son cou et Allan avait simplement sombré. Rajiv lui avait conseillé de se concentrer sur l'une des choses dont il s'était souvenu. Et ça avait porté ses fruits.

Allan s'était retrouvé non loin du fleuve puisque ça semblait être le dernier souvenir de l'Anglais avant son retour. Mais en fait non, Allan s'en souvenait maintenant, il était descendu jusqu'au fleuve. C'était même là qu'il avait rencontré l'homme dans sa barque et ce qui l'avait marqué, c'était le bleu de ses yeux. Et du coup, il n'avait pas fait attention à ce que lui avait dit l'homme. Il avait pourtant prononcé un nom, Allan en étais sûr, et peut-être même qu'il s'agissait de son nom karmique. Parce qu'il ne se souvenait toujours pas de son nom. C'était un peu étrange, à part son nom, Allan se souvenait maintenant de tout ce qui s'était passé ici. A commencer par le décor, exactement le même.

Il descendit rapidement et sans tarder jusqu'au fleuve. Il y avait toujours autant de monde. Était-ce les mêmes que lors de sa première visite ? Impossible à dire, il n'avait pas vu leurs visages, la dernière fois. Sauf pour celui-ci, Allan se souvenait parfaitement de sa jambe... L'Anglais ne pouvait pas dire qu'il n'y avait plus que la peau et les os parce qu'en fait, il n'y avait plus que le tibia ! Et il attendait toujours assis sur un rocher. Puis il regarda autour de lui, cherchant des détails dont lui avait parlé Rajiv. Mais ce n'était peut-être pas le même endroit. Et puis, ses descriptions étaient plutôt vagues. Mais une chose était sûre, il se sentait vraiment bien ici. C'était la première fois qu'il se sentait aussi bien. Comme s'il était enfin rentré chez lui !

Le sourire de KanonWhere stories live. Discover now