Chapitre 14; Part 2

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     Cirkel nous a envoyé au deuxième étage d'un des plus hauts « bâtiment » du parcours, on doit garder en vue l'embouchure d'une ruelle pour s'assurer que personne n'entre dans le périmètre. J'ai été affecté ici avec Makayla, Yossin et Glimoth. Nous sommes postés à des fenêtres pour surveiller et avoir un bon angle d'attaque. Cirkel est parti avec Ade et Gaci sur un autre point d'observation juste en face pour tirer sur les personnes de dos. Nous avons convenus d'une embuscade, nous leur faisons face et elles s'occupent de les prendre par surprise avec leur tirs arrières. Kate, Born et Heya sont partis en éclaireurs dans une rue adjacente. Les autres ont été dispersés dans les escaliers des deux bâtiments où nous sommes planqués.

     Lors de notre arrivée dans le parcours, il a fallu traverser l'allée centrale pour accéder aux bâtiments. Des cibles sont sorties de nulle part, si bien qu'il fallait rester aux aguets pour les éviter. Les bâtiments sont truffés de pièges, de détecteurs de mouvements, d'alarmes, de capteurs... L'équipe informatique nous a fait attendre plusieurs fois à découvert pour désactiver les logiciels, trois des quinze ont été touchés par des tireurs : leurs par-balles ont clignoté en rouge et leur armes se sont bloquées, ils ont dû quitter le parcours pour nous regarder faire d'en haut. Nous observons la rue sans trop savoir ce que nous traquons. Gaci nous ordonne de rester en position. Makayla surveille nos arrières si jamais quelqu'un devait arriver par surprise d'un endroit que l'on n'aurait pas contrôlé. Deux des nôtres traversent la rue, fusils aux aguets derrière eux.

- On a besoin d'aide ! On a vu des gens, on ne sait pas qui ils sont !

- Ce sont peut-être des quinze, tireurs, restez en position ! Les éclaireurs, allez les escorter dans une cache ! On garde en joug le débouché de la rue !

     Les trois éclaireurs surgissent en courant d'une rue parallèle avant de rejoindre les deux recrues. Heya et Kate les entraînent dans une des maisons sur le côté tandis que Born ferme la marche. Nous gardons en vue la rue tout en examinant les toits, les fenêtres ou tout endroit pouvant servir à cacher des tireurs. Born nous met tous en alerte lorsqu'il commence à tirer dans le parcours tout en criant de lui venir en aide.

- Tireurs est-ce que vous avez un angle d'attaque ?!

- Négatif ! On ne voit rien ! Born, à couvert !

     Mais la partie est terminée, le par-balles de Born est rouge et il jette violemment son arme à terre avant de taper son pied dans une des caisses posées là pour nous servir d'abri. Des silhouettes s'animent au fond de la rue, plusieurs, beaucoup même. Elles semblent être aussi nombreuses que nous. Born s'écarte avant d'être saisi au col par un des natifs, d'autres surgissent et commencent à tirer vers nous. Notre premier réflexe est de s'allonger au sol pour se protéger des tirs.

- Putain fait chier ! Crie Makayla en se tournant vers nous, son arme bloquée.

     Elle quitte l'étage pour rejoindre les autres recrues qui nous regardent avec compassion sans pouvoir nous venir en aide. Les natifs continuent de nous tirer dessus, Cirkel hurle d'ouvrir le feu aux recrues restées en bas tandis qu'elles accentuent leurs tirs sur les natifs. Seuls deux d'entre eux sont touchés. La masse s'engouffre dans la maison où c'était réfugié les éclaireurs avec les recrues. Ils ressortent, capturés par les natifs qui envoient des fumigènes pour camoufler leur fuite. Nous tirons à l'aveuglette avant de recevoir l'ordre de quitter nos positions au cas où ce ne soit une diversion pour nous trouver. Yossin, Glimoth et moi descendons les escaliers pour sortir par l'issue de derrière. La voie semble dégagée, cependant la fumée est bien présente, nous obligeant à nous couvrir le visage avec nos mains. Nous avançons à reculons dans ce brouillard pour se réfugier dans une des caches de la rue. Nous attendons que la fumée se dissipe pour pouvoir avoir une meilleure visibilité.

- Ici les tireurs, Makayla a été touchée, nous ne sommes plus que trois. Deuxième maison sur votre gauche en partant du haut.

     J'espère qu'avec ça elles comprendront notre position pour éviter de nous auto-éliminer. Au lieu d'entendre la voix de Cirkel je ne reçois rien. Yossin surveille l'entrée de la maison pour que je puisse réitérer l'appel mais on me répond. Un natif m'informe qu'ils viennent nous chercher.

*

     Nous sommes alignés en rang d'oignons devant nos instructeurs. Les natifs qui nous servaient d'adversaires sont restés pour nous servir d'exemple. Caden prend la parole -comme à son habitude- pour nous faire part de cet échec.

- Recrues, vous avez terminé votre simulation en une heure et cinquante-trois minutes. Ça peut aller. Alors faisons un bilan : Cinq recrues ont été touchées. Cinq. Autrement dit : toute une escouade. Lors de vraies missions, vous ne pouvez pas perdre une escouade entière ! Vous avez commis plusieurs erreurs. Makayla. Parfait de surveiller les arrières de tes camarades, seulement les gars, lorsque vous vous êtes cachés, vous n'avez pas pensé à lui ordonner de se mettre à l'abri elle aussi. Vous devez tous pouvoir assurer les arrières de vos coéquipiers ! Cirkel, on n'ordonne pas aux éclaireurs de se séparer au risque d'en laisser un, seul et à découvert. Les trois qui êtes morts en premiers, même chose. On ne reste pas à découvert à attendre que l'équipe informatique fasse son boulot. On se met à couvert ! Et enfin. Loan. On ne donne jamais sa position sans être sûr que le réseau est fiable. Pendant que tu indiquais où les natifs pouvaient vous trouver, Cirkel et les autres étaient en train de se faire ligoter. A partir de là, elles auraient dû se signaler, et toi, et les autres aussi, vous devez impérativement demander si l'on vous reçoit. Une fois que votre interlocuteur vous affirme que c'est le cas, là vous donnez votre position, votre stratégie ou vos blessés si jamais il y en a. Mais en aucun cas on ne donne sa position sans s'assurer que l'on est peut-être écouté par l'ennemi. J'espère que vous retiendrez la leçon pour la semaine prochaine. Au passage, l'idée de l'embuscade avec les tireurs et les éclaireurs était un bon début. Mais essayez la prochaine fois de ne pas être autant concentré au même endroit. Deux tireurs suffisent pour le front et pareil pour l'arrière, les éclaireurs, il faut faire des groupes de binômes pour couvrir plus de territoire. Bien recrues vous pouvez disposer, on vous laisse votre journée.

*

     Nous sommes tous retournés au dortoir pour se doucher, se coucher pour certains et la grande majorité va aux Arceaux pour l'après-midi. Je vais plutôt profiter de cette journée pour être avec mon frère. En entrant dans le dortoir, je trouve Ade allongée en travers des deux lits, je la rejoins en me laissant tomber lourdement sur le matelas.

- Tu sais si mon frère loge ici ?

- C'est possible.

- Tu n'es pas décidé à me le dire ? La taquinais-je en la poussant de l'épaule.

- Non. Mais à te le montrer, bien sûr.

     Nous traversons la place du Prétoire déserte à cette heure-ci, se demandant quel métier occupe tous ces gens. Ade m'emmène devant l'entrée des logements des natifs, cachée dans la pierre à côté de l'escalier nord des Arceaux. Je n'avais même pas remarqué qu'il y avait une entrée ici. A l'intérieur, elle me conduit à la porte de mon frère avant de repartir. Elle croise Caden qui rentre chez lui. Je déglutis lentement lorsque son regard arrive sur moi. Il fronce les sourcils avant de me demander ce que je viens faire ici. Par chance Noah ouvre la porte et m'invite à entrer.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Un problème ?

- Rien. Je me disais qu'on pourrait sortir cet après-midi. Genre les blocs...

     Ma voix se murmure dans la pièce, je n'ai pas particulièrement envie que Caden nous entende. Noah accepte avant de récupérer son sac. En passant à mes côtés je ne peux m'empêcher de l'arrêter. J'acquiesce silencieusement de la tête pour le remercier de me suivre. Il y a une si grande distance entre nous, une pudeur gênante pour ma part, une vraie retenue. J'ai la sensation d'être espionné en permanence ici, si bien que je n'ose rien faire. Je hurle sur Ade lorsqu'elle parle de mon frère un peu trop fort dans les Arceaux, je suis à deux doigts de tabasser Born devant tout le monde juste par qu'il parle de lui... Il semble moins gêné que moi puisqu'il m'étreint. Je resserre mes bras sur son dos en lui tapotant. Ça faisait sept ans que je ne l'avais pas vu, que je ne lui avait pas parlé... Je ne veux surtout pas mettre la même absence entre Lyra et moi, même avec Caeli. Je sais où l'on va aller cet après-midi. Je sais déjà que je vais passer la meilleure journée depuis que j'ai intégré l'Organisation.



L'Organisation [ TERMINÉE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant