Chapitre 29; Part 3

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     Chacun des membres quittent la table avant de regagner leur appartement, ou leur occupation. Bélem reste toujours collé à Bajra. Il écoute tout ce qu'il dit, examine ses actions. C'est à croire qu'il lui souffle ce qu'il doit dire. Oskar se fait congédier. Je n'ai pas l'intention de me faire renvoyer à mon tour. Je demande à Bajra une « audience » privée. Et j'insiste sur le privé. Bajra me suit à travers les couloirs mais je suis parano à l'idée que Bélem nous suive. Je m'isole avec lui à la salle d'entraînement.

- Un combat ? Comme avant ?

- Excuse-moi ?

- Aller viens.

     Je me mets en place sur les tatamis rapiécés des égouts. Ils sont scotchés aux jointures, des élastiques les maintiennent en place. Tout est fait de briques et de broques. Je commence à faire du surplace en trottinant, attendant que Bajra me rejoigne. Il me regarde interloqué, ne savant pas vraiment quoi faire.

- Toi qui te plaint de ne pas me voir m'entraîner.

     Il n'en faut pas plus pour le voir enlever sa veste et la poser au sol. Il jette un coup d'œil autour de lui avant de grimper sur le tatami. Nous commençons à sautiller, poings en garde. Nous nous tournons autour un moment n'osant pas se frapper.

- Alors ? Qui sont ces gens qui viennent nous sauver ?

- Nous sauver ?

- Oui. Qui sont tes alliés, les membres du réseau ?

- Je ne peux pas t'en dire plus. Mais je les connais.

     J'envoie mon poing vers lui mais il esquive.

- T'es sorti combien de fois ? Deux ? Trois ? Pour tes prétendues visites ? Comment tu aurais pu sortir en douce sans qu'aucuns des natifs te repèrent ?

- Parce que je connais les bons endroits moi.

     Cette fois c'est lui qui frappe et moi qui esquive. A part la Draperie il ne connaît rien d'autre dans cette ville. C'est sûrement pas lui qui aurait trouvé comment fuir...

- Bélem et Oskar t'ont donné les bons tuyaux ?

- En tant que conseillers.

- C'est marrant que tu choisisse ces types alors qu'on se connaît.

     Les coups continuent de pleuvoir. On les évite tous, mais je sens l'animosité à chacun d'eux. C'est comme si la personne en face n'était plus le coéquipier avec qui on avait fait des missions mais une sorte de défouloir.

- On se connaît que depuis huit mois après tout. Neuf tout au plus. Mon père connaît Oskar depuis des années.

- Tu l'as dit : ton père. Paternel qui d'ailleurs c'est volatilisé on ne sait où alors que moi je suis là.

     J'envoie de toutes mes forces mon poing vers son visage pour le toucher mais je le rate. Il s'écarte au dernier moment et je manque de tomber et trébuche. Je sens quelque chose me passer sous les jambes avant de m'écraser au sol, à moitié sur leur « tatami » et sur le béton des égouts. Bajra m'a fait vaciller pour me mettre à terre.

- Ne parle pas de ce que tu ignore.

- Alors dis-moi, où est-ce qu'il est ? C'est quoi ce réseau, on peut avoir la garantie qu'ils ne nous ferons rien ? Pas une attaque, pas une tentative ?

- On a rien à craindre d'eux. Comme je te l'ai dit : je les connais, je leur fais confiance. Je te demande juste de me suivre, de me croire lorsque je te dis qu'ils ne représentent pas une menace. Fais moi confiance.

*

     L'entraînement avec Bajra n'a pas été très concluant. J'ignore toujours qui sont ces gens, ce qu'ils nous veulent, pourquoi ils nous aident. Après tout c'est étonnant qu'ils prennent le risque de regagner notre ville puisqu'apparamment ils ne sont pas d'ici, alors qu'il y a des contrôles à chaque entrée, que nous nous cachons pour survivre, que nous n'avons pas d'armes, d'hommes et de plans. On n'est pas prêt et personne ne veut le voir. Ils sont tellement abasourdis par leur esprit de vengeance que personne ne voit que nous allons droit à l'échafaud en livrant cette bataille perdue d'avance. J'ignore comment nous allons procéder. Avec leur arrivée prochaine je me demande comment on pourrait les loger, les accueillir et cohabiter avec des étrangers.

     Je rejoins les quartiers résidentiels pour pénétrer chez Eileen. Je prends soin de verrouiller la porte derrière moi : j'y cale son buffet pour être sûr de ne pas être dérangé. Elle sort de sa chambre toute paniquée.

- Beh vas-y fais comme chez toi.

- J'ai besoin d'un moyen d'espionner Bélem et Oskar.

- Oui je t'en prie barricade ma porte.

- Il me faut quelque chose pour écouter tout ce qu'ils se diront.

- Et pourquoi tu pense que j'aurai ça ? Et surtout pourquoi tu crois que je te laisserais mettre sur écoute les miens ?

- Ok, si je te dis que des inconnus, des personnes sorties de nul part vont débarquer chez vous dans les jours à venir pour soi-disant nous venir en aide, mais que personne ne veut m'en dire plus.

- Si personne ne veut t'en parler c'est que tu n'as pas à savoir. Attendons de les voir arriver.

- Ha tu comprends pas ! On ne les connaît pas, Bajra refuse de m'expliquer pourquoi ils accepteraient de nous aider, pourquoi ils ramèneraient des hommes et des armes alors qu'on ne les connaît pas.

- C'est amusant c'est ce qu'on se disait sur vous lorsque vous êtes arrivés.

- C'est pas la même chose. On est recherché dans toute la ville, si on nous trouve on y reste. On vous aide parce qu'en contrepartie vous nous protégés ici.

- C'est marrant parce que tu t'entraîne jamais, tu ne participe à rien et tu râle tout le temps. Deux de tes amis... contribuent vite fait à la vie de la communauté, ok Gaci s'occupe des enfants, mais ton autre pote là... Born. Il emmerde tout le monde, tout le temps. Avec lui vous êtes vraiment pas des cadeaux. Et pourtant on a pas le choix. On doit vous héberger, vous nourrir et tout ce qui s'en suit. Alors si pour nous c'est la même chose. Maintenant laisse-moi j'ai ma ronde.



L'Organisation [ TERMINÉE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant