Chapitre 24; Part 7

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ADE 

     Je préférerais quitter cet endroit maintenant mais c'est là que nos amis étaient avant de mourir. C'est ici que j'ai tous mes souvenirs avec eux. L'épreuve du camouflage, les premiers combats, la soirée d'intégration ou le saut à l'élastique. On a fait ça ensemble, on a changeait ensemble. Et en cours de route certains ont quitté la partie. Peut-être qu'il faudrait que je la quitte moi aussi.

- Est-ce que tu comptes rester là ? Demandais-je alors à Loan.

- Je ne sais pas. Je suis censé leur être fidèle. Même si c'est contraire à ma façon d'être, j'ai des comptes à leur rendre.

- Mais non. Quels comptes ? On a juste reçu une carte qui a été à l'origine de tous nos problèmes, pourquoi tu devrais leur rendre des comptes ?

- Parce que je suis comme ça Ade ! Je sais pas, des fois tu fais des trucs sans savoir pourquoi.

Il a raison, c'est une recrue idéale. C'est une très bonne personne, c'est lui. Je viens lui prendre la main et appuie ma tête contre son bras. C'est vraiment une bonne personne. Dans un lieu pareil ça fait du bien un peu de bon.

- Tu sais où est Bajra ? J'aimerais lui parler.

- J'ignore où il a pu aller, d'ailleurs je n'ai même pas regardé où était Born non plus. Pourquoi quelque chose te tracasse ?

- Tu m'a dit qu'il connaissait des gens du mouvement.

- Ouais, je pense que pas mal de gens de son quartier y sont adhérents. Pourquoi il en est ?

- Je sais pas, c'est ça le truc. Quand on était dans l'immeuble il recevait des indications de quelqu'un et c'est lui qui nous a dit de nous mettre à couvert. Je pense...

- Mais arrête, pas Bajra. Ce sont nos amis qui sont morts aujourd'hui, tu crois qu'il aurait accepté qu'on nous prenne pour cible alors qu'il était là lui aussi ? Ses « contacts » supposés doivent savoir qu'il est une recrue, jamais ils n'auraient prit le risque de le tuer ou même de le blesser.

- Tiens on a qu'à lui demander.

     Bajra marche en face de nous. Il garde la tête baissée, les mains dans les poches. Non Bajra ne peut pas être sur deux tableaux, c'est Bajra. Il est beaucoup trop gentil pour être dans des combines pareilles. Rien que l'idée de descendre en rappel le tétanisait, il ne pourrait pas en être. C'est beaucoup trop pour lui. Mais Loan a l'air suspicieux, il avance d'un pas assuré et déterminé.

- Hé Bajra. T'as une minute ?

- Comme tout le monde. Qu'est-ce qui vous arrive ?

- Ses suspicions ne sont pas les miennes, intervenais-je.

     Déjà que c'est tendu entre nous, je ne voudrais pas qu'il s'imagine que je partage les idées de Loan.

- Quoi ?

- Est-ce que tu fais partie des opposants ? L'interroge Loan de bout en blanc. Je t'ai vu discuter avec quelqu'un en contre-bas dans l'immeuble, pourtant tu étais le dernier. On était tous en haut. Et tu as étrangement donné le signal avant que le bâtiment n'explose.

- Je m'attendais à cette discussion. Les gars il faut que vous me croyez quand je vous dit que je suis désolé et que je porte sur moi la responsabilité de leurs morts...

- Arrête Bajra, t'as pas fait ça ? T'es avec nous, on est une équipe, qu'est-ce que...

- Tu ne vois pas qu'il joue avec eux tout autant qu'avec nous Ade ?

- Bajra, t'es pas avec le mouvement ?

- Pas vraiment.

- Comment ça ? T'es avec eux quand les entraînements sont finis mais avec nous le reste de la journée !?

     Loan commence à s'énerver et à lever la voix. Je lui demande de parler moins fort sinon tout le Prétoire sera au courant de ce que Bajra a supposément fait.

- Ma famille en est. Mes parents m'ont demandé d'en faire partie parce que j'étais une recrue, les autres membres ont fait pression sur eux pour que j'accepte. Ce n'est pas nous les cibles, c'est l'Organisation toute entière, on est personne pour ces gens là. Et c'est pas parce que le fils d'un des membres en fait partie qu'il est épargné. Je vous jure que je n'avais pas le choix, et je regrette profondément ce qu'il s'est passé ce jour là.

- Je suis désolé mais tu aurais pu leur dire non. Tu aurais dû refuser.

- Refuser un ordre ? Loan, tu sais ce qu'il se passe quand on refuse un ordre durant un contrat ? Tu quitte la partie, Caden nous l'a clairement expliqué. J'ai dû abattre une marchande à la Draperie, on m'a forcé à le faire. C'était une innocente, elle faisait certes partie du mouvement, mais l'explosion a été une vengeance à ce meurtre.

- Alors quoi ? On fait ce que l'on nous demande de faire sous pression ?

- C'est pas toi qui m'a dit que tu resterais fidèle à l'Organisation alors que c'est contraire à ta façon d'être ? Tu vois, la vie n'est pas simple apparemment.

- Merci Ade... Loan, je suis navré de voir à quel point j'ai changé.

- Et moi dont. Plus aucun de nous n'existe désormais. On est plus du tout qui on était en entrant ici.

     Sur ce il nous quitte pour aller rejoindre le dortoir. 

L'Organisation [ TERMINÉE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant